samedi 20 juillet 2013

AINSI, TROP SALE ET TROP COUTEUX POUR ETRE PRODUIT EN FRANCE, LE GAZ DE SCHISTE FRANCAIS SERA PRODUIT EN ALGERIE



Avouez que vous y avez cru, lorsque semblant satisfaire une requête des écologistes, et vouloir soulager la nation de ses légitimes inquiétudes quant à l’utilisation de ces nouvelles techniques, le président s’en est venu tacler son ministre des marinières et des Moulinex, lequel proposait de procéder à une exploitation “écologique” des gaz de schiste, tout comme d’autres selon la même forme de totale incohérence auraient pu proposer pour le règlement d’un problème extérieur, de procéder ça et là à quelques “bombardements humanitaires”.

Vous vous êtes dit alors, quel homme intègre et courageux, fidèle à ses engagements ! Et, vous vous êtes demandé comment avait-il pu résister au rush de tous ces puissants lobbys “pousse au crime”, qui ne jurent plus que par cette panacée sensée régler tous nos problèmes énergétiques et financiers, en faisant le traditionnel chantage à l’emploi, et ce, alors même que nous possédons des réserves en gaz de schiste parmi les plus importantes d’Europe, susceptibles de faire de nous aux dires d’un ancien premier ministre, l’Arabie saoudite du gaz de schiste ?

Cependant votre stupéfaction ne tient qu’au fait que vous avez manqué de remarquer que si le président a pris l’engagement selon lequel il n’y aura pas d’exploitation du gaz de schiste en France, à aucun moment il n’a dit que la France renonçait à exploiter ces gaz.

D’autre part, vous avez peut-être manqué de prêter attention au fait que, dès le voyage du ministre des affaires étrangères en Algérie, vers la fin de l’année 2012, des fuites faisaient déjà état d’accords entre la France et l’Algérie, afin de procéder à des recherches quant aux techniques à développer en cas de décision d’une exploitation de ces ressources, dont on nous jure que celle-ci n’est pas encore prise, tout cela se faisant sous couvert d’un société nationale algérienne, “fausse bannière”, comme il est d’usage de dire maintenant...

En fait, ce qu’il faut comprendre c’est que le gaz de schiste constitue une très bonne chose pour l’économie et les entreprises françaises, et donc une aubaine pour l’état français, mais à une condition cependant, c’est que toutes ces saloperies se fassent ailleurs...!

N’imaginez donc pas que c’est à regret face aux perspectives alléchantes, et par le noble souci de préserver la santé et l’environnement de nos concitoyens, que le président aurait pris une courageuse décision, en renonçant à l’exploitation de ces ressources en France, mais tout simplement parce que tout cela relève d’une stratégie établie depuis longtemps, et surtout, parce que nous n’avons en fait absolument aucun intérêt à le faire...

Car, ce qu’il faut que vous sachiez ici, et que pour une fois, personne ne s’en viendra vous le claironner à coup de chant du coq et de marseillaise, pour que vous ne soyez pas remplis de soupçons quant à l’intégrité des décisionnaires politiques, et surtout, pour que vous ne demandiez pas où passent donc les sommes considérables des profits qu’elles ne peuvent manquer de faire par cela, c’est que nos entreprises françaises sont pionnières dans toutes les techniques mise en œuvre pour l’exploitation de cette ressource.

Il y a tout d’abord la société Total, la première entreprise française et de loin, qui règne déjà en maitresse dans plusieurs pays africains pétroliers, et qui est leader mondial dans la recherche et l’exploitation des gaz de schiste. C’est logiquement qu’elle vient de prendre d’importantes participations, jusqu’à plus de 25%, chez les différents gaziers américains. Il est clair que pour cette société qui procède là bas à plusieurs forages par jour, l’exploitation de cette ressource en France, qui en aucune façon, ne pourrait se faire sur un tel rythme, ne représenterait pas grand chose et serait bien plus coûteuse.

Il y a ensuite la société Vallourec, le célèbre tubiste, spécialiste du tube sans soudure, lui aussi leader mondial de la spécialité, qui vient d’ouvrir deux usines “high tech” aux Etats Unis, pour satisfaire la demande de ce marché. Il ne vous a d’ailleurs pas échappé que l’épouse du directeur de cette puissante entreprise, n’est rien d’autre que la chef de cabinet de notre premier ministre, celle qui vient d’avoir la peau de la ministre de l’environnement, et qui a pris sans en référer à aucune autorité supérieure, la décision d’interdiction de survol de notre territoire, par l’avion du président de la Bolivie. C’est dire la toute puissance de ce lobby…

Vient maintenant la société GDF Suez, là aussi parmi les leaders mondiaux de la liquéfaction et des exportations de gaz liquéfié, sans oublier la CGG Véritas, spécialiste de l’étude des phénomènes microsismiques, Saint-Gobain, fabriquant des billes de céramique qui sont nécessaires à la fracturation hydraulique, et pour couronner le tout, Véolia bien sûr, pour le traitement des eaux, ce qui concernant cette histoire de gaz de schiste, n’est pas une mince affaire...

Pourquoi donc s’en venir faire cette exploitation si controversée ici, alors que nos entreprises bénéficient déjà considérablement de leur exploitation ailleurs, en abandonnant sans gêne aux populations de ces contrées, toutes les insanités qui en découlent, et surtout, une très désagréable surprise qu’elles ne manqueront pas d’avoir dans quelques années. Car, à l’inverse des forages pétroliers classiques, ceux effectués pour les gaz de schiste nécessitent de coûteux frais d’entretien, une fois que leur exploitation est terminée. Or, il est plus que probable, compte tenu de leur “carrure”, et de la façon dont elles se sont ruées sur l’affaire, que les sociétés concessionnaires ont obtenu de bénéficier de clauses contractuelles, pour que tout ceci ne soit plus à leur charge, au delà de la durée de leur concession d’exploitation. Ceci, parce qu’aux Etats Unis, et à l’inverse de ce qui se passe en France, les citoyens sont propriétaires à la fois du sol, et du sous-sol, de sorte que c’est avec de simples particuliers, bien modestes vis à vis d’eux, que les puissants groupes négocient leurs droits d’exploitation.

Ainsi, compte tenu de la féroce opposition des écologistes, et du fait que l’opinion publique française alertée, n’aurait absolument pas permis que l’exploitation de ces gaz de schiste se fasse en entrainant les mêmes dévastations dans l’écosystème, qu’elle en produit aux Etats Unis, ce qui aurait considérablement augmenté, par les mesures devant être prises ici, le prix de cette exploitation, tout cela rendait cette opération bien moins alléchante.

A noter également et cela à son importance, que pour un pays qui se veut indépendant, il est absolument nécessaire de maintenir en toutes circonstances, une réserve énergétique de dernier recours, en cas de crise internationale grave, qui pourrait déboucher sur un embargo sur les produits pétroliers comme en 1974.

Reste alors la question de pouvoir bénéficier des avantages économiques de ce genre d’exploitation énergétique, sans avoir à en assumer tous les inconvénients, et la solution qui bien sûr ne surprendra personne, c’est de développer cette activité à problèmes dans des pays du sud, au faible coût de la main d’œuvre, et peu regardants au point de vue écologique, pour se garantir que, même au prix de quelques royalties devant être versées à leur gouvernement, d’obtenir ces produit à des prix plus avantageux encore, que par une production nationale...

Pourquoi donc s’embêter ?

Eh bien voilà, ils ne s’embêtent pas, ils ont envoyé tout cela se faire ailleurs et moins cher, et ils ont choisi, ce sera l’Algérie...


Paris, le 20 juillet 2013
Richard Pulvar

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