dimanche 23 octobre 2011

QUAND LA VOIE VERS UNE MEILLEURE DES GUERRES, DEVIENT L’ISSUE RECHERCHEE PAR DES DIRIGEANTS EGARES






Qui peut sérieusement continuer à croire encore, si ce n’est pour tenter sans courage, de se soustraire au constat d’une vérité angoissante, que les hommes qui sont actuellement en charge de la bonne conduite de nos nations, et qui pour la plupart, se trouvent en situation depuis des années déjà, parviendront finalement à sortir nos sociétés de la tourmente dans laquelle elles se trouvent désespérément plongées ? Ceci, compte tenu que c’est précisément par le fait de tout ce qu’ils ont mis en œuvre, ou manqué de mettre en œuvre, donc par le fait de la politique elle-même qui toutes ces années fut la leur, et par le fait de strictement rien d’autre, que nous nous sommes retrouvés plongés et maintenus depuis, dans ces embarras. Et ce, sans que jamais une analyse courageuse, honnête, et responsable des choses de leur part, ne les conduise à constater humblement, que c’est vers d’autres voies jusqu’ici inexplorées, qu’il conviendrait désormais de porter l’effort.

De la même façon, qui peut se persuader, alors que nous constatons jour après jour, l’aggravation d’une situation hors de tout contrôle, qu’une capacité des citoyens à s’adapter à la difficulté croissante, pourrait leur permettre d’encaisser indéfiniment les mauvais coups, sans que jamais les raisons de leur résignation ne soient désavouées, face à l’évidence du malheur définitif auquel ces dirigeants inconséquents, les condamnent, eux et leurs enfants.

Car, sauf s’il se produit l’imprévisible, c’est à dire la révélation soudaine parmi nous, d’un “sauveur” aux capacités surnaturelles, il est bien évident que ce ne sont pas ceux qui convoitent depuis des années les fonctions des hommes en place, en se contentant simplement de se féliciter d’être selon leur seule conviction, un choix préférable, et sans jamais considérer que cette prétention ne peut être fondée, que pour des gens ayant produit un effort intellectuel à la hauteur de cette ambition, qui par un assaisonnement différent du même fourrage pour bestiaux, nous le rendront digeste.

Il est remarquable à ce sujet que parmi les différentes nations prises dans cette même tourmente, ils s’en trouvent dirigées par l’une ou par l’autre des deux familles politiques traditionnellement opposées, sous les appellations devenues d’ailleurs totalement fallacieuse à cause de cela même, de la gauche et de la droite, et il n’apparait pas que les politiques mises en œuvre par les unes, soient sur ce point, davantage couronnées de succès que celles mise en œuvre par les autres, ce qui permet de constater simplement qu’elles se valent totalement, par le fait qu’elles ne valent justement rien.

Il doit donc être évident pour nous tous aujourd’hui, même si nous ne sommes pas en mesure de dire quand, à quel endroit, et dans quelles circonstances cet événement se produira, et que nous sachant impuissants à l’en empêcher, nous préférons n’en rien savoir par avance, que selon la logique implacable des choses, nous atteindrons tôt ou tard un dramatique et inévitable “point de rupture”, dont les conséquences, comme il est facile de l’imaginer, vu le niveau extrême d’exaspération des uns et des autres, risquent d’être absolument dévastatrices, en nous réservant un océan de malheurs...

Des "conjoncturistes", ayant établi le caractère inéluctable de cet événement, et en ayant informé les gouvernants qui, ne sachant comment y faire face, feignent alors de n’en rien savoir, l’ont décrit comme étant similaire à la “chute de l’empire romain”, et il est clair que, pour le moins, cela risque d’en être fini de cinq siècles de domination occidentale sur le reste du monde, et de la prétention de cette civilisation à se poser comme modèle pour celui-ci.

Mais ce sont surtout les idées de loi, de justice, de société, et de nation, elles-mêmes, avec tout ce que celles-ci impliquent d’obligations, d’interdictions, et de civilités nécessaires, et qui, parce que leur vocation nominale de mieux être pour les citoyens, totalement trahies par ceux-là mêmes qui devaient les faire aboutir, les auront amenés dans une débâcle totale, qui se trouveront fatalement contestées, en faisant que cette régression sociale et économique, risque fort de correspondre à l’époque d’un retour vers la plus archaïque des barbaries...

Face à cette perspective cauchemardesque, il y a deux attitudes.

Celle des progressistes, des vrais, c’est à dire d’aucun de ces lamentables carriéristes, aux seules préoccupations alimentaires, dont les différentes politiques d’ouverture menées afin de se les acquérir, pour feindre la conciliation, ont montré que leur conscience politique était totalement réversible, ni ceux qui ont fait de ces faussaires leur compagnons de combat, les vrais donc, veulent considérer cet événement comme une chance exceptionnelle pour engager enfin la grande rénovation nécessaire, afin d’éviter la décadence de toute une civilisation, et même mieux, de tenter à partir de cela, “l’universalité”.

Face à eux, il y a les conservateurs, lesquels évidemment, constituent également les “profiteurs” du système. Ceux-ci bien sûr ne pousseront jamais l’abnégation jusqu’à renoncer à leur privilèges d’avoir, de pouvoir et de situation, pour laisser à d’autres la charge de tenter un sauvetage de cette société, dont les réformes nécessaires les désavantageraient forcément. Mais ils ne renonceront surtout pas à l’idée flatteuse d’un narcissisme maladif, qu’ils se font d’eux-mêmes depuis toujours, comme étant ces êtres superbes d’une exceptionnelle virtuosité intellectuelle, dont les privilèges ne sont que le reflet de leurs heureux caractères génétiques, qui leur vaut de plus, d’être mieux vus que les autres, sous le regard du ciel. On comprend bien que renoncer à cela correspondrait pour ces mabouls, à un suicide. Pour ces gens, l’exercice du pouvoir leur revient de plein droit, en tant qu’hommes d’une espèce supérieure.

Tout leur problème se situe donc là : comment se sauver, eux et leur clan de superbes, sans risquer d’être emporté par la débâcle générale, mais sans pour autant desserrer leur mainmise sur les instruments de la possession et du pouvoir, pour empêcher celle-ci.

C’est alors qu’une fuite en avant, dans des aventures qui les rendraient incontestables, et seraient susceptibles de donner au renoncement par les citoyens, de leurs attentes légitimes, la valeur du sacrifice, leur semble être la seule voie devant être poursuivie en la circonstance, celle de la “guerre”.

Pourquoi la guerre ?

Parce jusqu’à maintenant, c’est historiquement toujours elle qui a permis de sortir des grandes crises économiques et sociales, depuis les guerres de la révolution et de l'empire, jusqu’à celle dite du "golf", qui aura vu les monarchies du golf persique, financer à grand coup de pétrodollars, la quasi totalité de l'effort de guerre américain, censé les libérer d’une menace irakienne, et au bénéfice de l'industrie américaine, à une époque où l’économie de ce pays commençait déjà à chanceler.

La société en déliquescence dans laquelle nous nous trouvons, risque à tout moment de s'effondrer dans une pagaille telle, que cela risquerait de conduire à de sérieux affrontements, voire à des guerres civiles, dans plusieurs pays occidentaux, ce qu'il convient absolument d'éviter par tous les moyens, y compris celui de guerres injustes menées en diversion, sur des théâtres lointains, si cela pouvait permettre la sauvegarde des nations menacées. Et ceci, d’autant que parmi ces nations, ils s’en trouvent qui possèdent l’arme nucléaire, et on ne peut se résoudre à l’idée qu’un groupe d’exaltés, puisque tels sont le plus fréquemment, les vainqueurs de telles révolutions, puisse avoir le doigt sur une gâchette nucléaire, rendant ainsi notre planète tout simplement invivable.

Dans ces conditions, la morale, la justice et le droit ne pèsent pas bien lourd, et s’il faut massacrer injustement des centaines de milliers d’hommes, les responsables totalement aux abois des pays occidentaux, qui sont culturellement incapables d’envisager que la justice, l’égalité, et la redistribution des cartes, afin que tout un chacun puisse participer au jeu social, constituent les véritables instruments pour la sauvegarde de leurs sociétés, n’hésiteront pas une seule seconde à le faire. Ceci, comme ils l’ont d’ailleurs déjà montré à plusieurs reprises, et ainsi que nous pouvons déjà constater les préparatifs qui sont les leurs, contre la Syrie, et contre l’Iran, il est manifeste que tel est bien le calcul qu’ils ont fait.

A ceux qui sont incapables de comprendre l’histoire en marche, et la nécessité de réformer profondément les mécanismes et les structures selon lesquelles les différentes communautés d’hommes se trouvent précisément constituées comme telles, autrement dit, ceux qui ne comprennent à l’heure d’une menace de révolution, pourquoi celle-ci est arrivée, et qui se feront toujours surprendre, préoccupés qu’ils ne sont alors qu’à protéger leur intérêts, et assurer leur survie morale, en imposant à toute la planète, une vision des choses qui les célèbre, il leur faut maintenant absolument une guerre.

Ceci, d’abord pour relancer la machine de production et réactiver tous les mécanismes économiques et financiers, mais surtout pour maintenir fermement en les privant de légitimité, tous ceux qui autrement, voudraient s’en prendre à un système qui a fait leur malheur, et qui, par leur vindicte, placeraient leur pays au bord de graves troubles sociaux, pouvant déboucher sur une révolution ou une guerre civile.

La guerre extérieure est donc en ce sens, le moyen détourné du règlement de graves problèmes intérieurs. Car, à cette occasion, une discipline nationale et patriotique, largement admise par les peuples, depuis la fondation des nations modernes, exige que l’on soit prêt à offrir sa poitrine aux balles ennemies, pour la défense de la patrie en danger, et que pour le moins, on fasse en ces graves circonstances, le sacrifice de ses revendications personnelles, seraient-elles parfaitement légitimes. Au nom de la guerre donc, tout le monde s’écrase, y compris tous ceux qui constituent habituellement les grandes gueules de l’opposition et qui, piégées par la nécessité de se montrer solidaires, élection oblige, de la troupe au champs de bataille, qu’on y a d’ailleurs envoyée sans même leur demander leur avis, se retrouvent à soutenir les opérations les plus aventurières, illégales, impérialistes, et criminelles, en trahissant ainsi le choix qui fut celui d’humanistes en leur faveur.

Quelle guerre, et contre qui ?

Quels que soient les préparatifs faits actuellement contre ce pays, il est clair qu’une guerre contre l’Iran serait désastreuse pour toute la région, et que les assaillants n’auraient aucune chance d’investir ce pays comme ils l’ont fait pour l’Irak. Il ne faut pas oublier qu’avant d’être envahie, l’Irak avait déjà subi 12 années d’un embargo qui l’avait mise sur les genoux. L’invasion ne fut alors qu’un coup de grâce, mais ce pays n’aurait jamais été conquis, s’il n’avait d’abord été si affaibli.

Dans le cas de l’Iran, il est clair que les choses ne peuvent pas se passer comme cela, et qu’une victoire militaire des assaillants n’est absolument pas envisageable, mais tel n’est pas en réalité, le but de la manœuvre.

Le but est tout d’abord de détruire les capacités nucléaires de l’Iran, tant qu’il en est encore temps, pour que la guerre surtout demeure possible, étant bien entendu que dès lors que ce pays possédera l’arme nucléaire, aucune guerre contre lui ne sera possible. Il s’agit donc dans un premier temps, de se garantir une possibilité de toujours pouvoir faire la guerre, autrement dit, une guerre pour protéger la guerre, que les accords entre nations, et l’évolution des opinions, tendent à ruiner

Pourquoi l’Iran et quelques autres ?

Parce qu’il faut qu’une opération aussi incertaine et dangereuse qu’une telle guerre, qu’aucun différent avec un ennemi ne justifie, autrement dit une guerre “gratuite”, faite pour elle-même et sans autre raison qu’un bénéfice qu’espèrent en tirer ceux qui la décident et qui la mènent, en se moquant éperdument de ses conséquences dramatiques et de tout le mal qu’à cette occasion, ils infligeront à des milliers d’innocents, soit malgré cela “rentable”. Ceci, sur un maximum de plans, c’est à dire avec des gains géostratégiques et économiques, et bien sûr, des retombées positives sur le plan intérieur, puisque tel est initialement le but de la manœuvre. Il faut donc pour cela qu’une telle guerre soit surtout “vendable” à l’opinion. Or, le discrédit de longue date porté sur l’Iran des ayatollahs, est déjà suffisant pour que l’opinion ne s’émeuve pas plus que cela, du fait que, même hors de toute légalité et de toute légitimité, par le fait qu’il s’agit d’un pays souverain qui ne nous a absolument rien fait, qu’on veuille chasser ses chefs pour mettre à leur place des “démocrates”, tout comme ce fut le cas pour la Côte d’Ivoire de Gbagbo, la Libye de Khadafi, l'Irak de Saddam, et en vue pour la Syrie de Bachar.

C’est pourquoi une campagne indigne et incessante de dénigrements, et d’accusations mensongères, qu’une large frange de l’opinion et d’une opposition défroquée, se délecte à considérer comme n’étant que la vérité démontrée, se trouve systématiquement préalablement orchestrée, contre ces dirigeants, bien avant les premières frappes.

Tous les bobards de la machine à décerveler sont déjà prêts à servir, et une fois de plus, cette guerre où vont être assassinés par centaines de milliers, les gens d’un pays qui n’aura strictement rien fait à ses assaillants, sera présentée comme une action humanitaire, pour sauver un peuple ami de la tyrannie, et les opinions occidentales ne demandent que de croire à cela, puisque cette mythologie les situent comme étant les premiers de la classe, voués à faire la leçon aux autres...

Enfin, il faut bien que cela soit un endroit où il est possible de se refaire, d’un point de vue économique, des dépenses extrêmement coûteuses de ce type de guerre, en faisant main basse sur les richesses du pays agressé. C’est pourquoi, seule une poignée de pays pétroliers, comme l’Irak, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Congo, la Libye, a droit à la sollicitude des occidentaux, pour y faire régner la démocratie, et il ne reste plus que trois de ces pays où les conditions pour y faire une guerre rentable selon tous ces critères, se trouvent encore réunies, à savoir : l’Iran des ayatollahs, la Syrie de Bachar, et le Venezuela de Chavez.

Notre choix maintenant, c’est de promouvoir dès à présent, l’idée d’une désobéissance civile, comme prélude à une révolution qui devrait pouvoir se dérouler dans le calme, grâce à l’ouverture d’un vaste débat national, comme s’il s’agissant de l’ouverture “d’états généraux”, ou de nous préparer à voir triompher l’obscénité, l’infamie, le crime de guerre, et le pillage des nations les plus faibles...


Paris, le 23 octobre 2011
Richard Pulvar