samedi 22 juin 2013

AVANT L’EVENEMENT



  

Il y eut une veille de ces années 1789, 1914, et 1939, où face aux crispations évidentes et aux antagonismes grandissant qui s’établissaient dans la société ou entre les nations, et que rien ne semblait alors être de nature à pouvoir les faire diminuer, des esprits observateurs de leur temps auraient parfaitement pu comprendre ce qui n’allait pas tarder à se passer. Mais, face à l’insouciance, voire à l’indifférence, de la multitude qui accepte avec un inexplicable fatalisme, de se voir approcher jour après jour du précipice, ils n’auraient rien pu faire pour éviter que tous n’y sombrent...

Ainsi sommes nous en cette année 2013, dans une situation de tous les dangers ce que, même si c’est confusément, tout le monde perçoit bien, en en ressentant un profond malaise.

Tous les voyants socio-économiques de notre pays sont au rouge. Aucune astuce ne parvient plus désormais, à nous soustraire, par une présentation économétrique des faits, de la perspective ombrageuse d’un certain nombre d’implacables et affligeantes augmentations, celle du chômage, du déficit budgétaire, du déficit commercial, de la dette publique, du déficit des organismes sociaux, ces derniers passant pour légitimer une pratique de délocalisations, qui achève la sinistre désindustrialisation du pays. Augmentation également de la précarité, qu’elle soit professionnelle sociale ou conjugale, des expulsions, des sans abris, des mal logés, augmentation de l’intolérance, politique ou religieuse, tout autant d’aggravations qui clignent, comme autant de balises encadrant une voie de la désespérance.

Et pourtant, qu’en est-il de ce qui devrait être notre à propos en une telle situation ? Strictement rien. En effet, à l’exception de quelques effusions du fond de banlieues oubliées, où incendie de voitures et caillassage de bus semblent davantage relever d’un rite obscène de désœuvrés, que d’une saine révolte conscientisée, rien ne semble devoir détourner les citoyens de ce pays, de leurs seules préoccupations habituelles. Ils ont bien à faire, ce qui les disculpe, et d’ailleurs s’ils s’en chargeaient, ces questions ne feraient que les encombrer inutilement, puisque de toutes les façons, selon  eux-mêmes, ils n’y peuvent rien.

Pour ceux qui comme moi, sont en âge d’avoir vécu quelques événements, cette indifférence tranquille, face à la logique menaçante d’une telle situation, et qui se veut passer pour de l’optimisme ou du stoïcisme, a quelque chose d’accablant, tant elle infirme cette idée à laquelle nous avons tant voulu croire, nous persuadant qu’un peuple majeur possédait les moyens de s’éviter le pire. Il n’en est rien, nous irons vers “l’événement”, tragédie prévisible, et pied de nez que fait l’Histoire, par la permanence de sa problématique, à tous ceux-là qui, il y a quelques années, proclamaient sa fin. C’est probablement parce qu’il défie l’imagination, que nous demeurons à ce point incrédules quant au pire annoncé. Partant, le calme règne, comme il régnait et j’en ai gardé l’agréable souvenir, sur cette magnifique place de Beyrouth, où avaient été édifiées autant de banques qu’il y avait été plantés de palmiers, ostentation assumée de la prospérité du pays, et où dans la tiède moiteur d’une belle fin d’après midi, les sourires troublants de ces belles femmes libanaises vous laissaient croire un instant qu’il serait là, possible d’ignorer les interdits.

Qui donc en ces belles heures aurait pu croire que, seulement quelques mois plus tard, d’éternels problèmes jamais réglés, mais dont on avait fini par se faire à l’idée facile, qu’ils se contenteraient de n’être qu’éternellement posés, allaient sous le coup d’incidents accessoires, et même étrangers au pays, plonger celui-ci dans ces quinze interminables et terribles années, d’une tourmente dévastatrice, où chacun s’est découvert à sa porte, un ennemi à abattre.

Le calme régnait, là aussi quelques mois seulement avant l’événement, alors que nous traînions nos pas sur le pavé des rues de la vielle ville de Mostar, et sur le fameux pont où, s’élançant de lui en vertige vers les eaux vertes, de jeunes bosniaques rivalisaient d’exploits, comblant ainsi la voracité de nos appareils photo.

Qui donc alors, entre deux verres de çay, à l’ombre rafraîchissante d’une mosquée, pouvait en ces instants seulement imaginer, qu’en ce même endroit que les dieux semblaient avoir pris comme “pied à terre”, une sauvage et bestiale guerre raciale, inspirée d’une torpeur issue des profondeurs insondables de la nature humaine, allait nous rappeler par telle brutalité, le pire de celle-ci.

Ce n’est donc pas parce qu’il n’y paraît rien, que rien ne se prépare, et il nous faut surtout considérer ici que dans tous les cas, l’événement fut précédé par une logique des faits qui l’annonçait, mais dont les concernés ont délibérément ignoré les alertes.

En ce début de l’année 1789, les aristocrates ont-ils imaginé la tourmente qui allait les emporter, alors même que le pays connaissait des difficultés qui les laissaient prévoir ?

En ce début de l’année 1978, deux ans seulement après les fastueuses célébrations de l’empire dont il s’était auto-proclamé le souverain, le Shah d’Iran si certain de sa puissance, pour traiter ses opposants avec le plus total mépris, s’imaginait-il n’en être qu’à quelques mois seulement d’une fuite rocambolesque, le condamnant à l’abdication ? Ceci, alors même que des cortèges sans fin montraient que la plus violente des répressions, ne viendrait pas à bout de la détermination de ceux auxquels la mort coûtait moins, que leur négation.

Comprenons finalement que c’est précisément à la faveur de la persistance du mépris de ses signes annonciateurs, que selon la logique des choses, l’événement devient tour à tour, possible, puis probable, puis inéluctable. Ceci, alors qu’une raison s’employant à le prévenir,  et s’engageant à son évitement, le rendrait certainement impossible, mais observons le bien, frustrerait par cela même notre humanité, d’une rupture nécessaire à sa marche.

Tout ceci signifie clairement que, c’est par la déraison qui accompagne ses prémisses,  que l’événement se trouve inscrit dans une procédure nécessaire, celle par laquelle s’opère le devenir même de notre humanité. Si donc il n’était les cruautés susceptibles d’en découler, nous pourrions presque nous consoler en nous disant que l’insignifiance actuelle de la classe politico-médiatique, face aux difficultés de la société, relève en fait d’une normalité, celle d’une histoire de notre humanité dont la dynamique se trouve établie par les crises successives qui fatalement, la traversent.

Ceci étant, nous pourrions souhaiter et supposer que le devenir de notre humanité, puisse être paisiblement assuré par une évolution graduelle et sans heurts, de ses structures sociales, pour nous éviter la tourmente des “grands soirs” exaltés, qui jalonnent son histoire. C’est ce qu’espérait en son temps le président Giscard d’Estaing, contestant la pratique bien  française selon lui, de la “table rase”. Mais prenons conscience ici, que les éléments cohérents d’un véritable fait social novateur, ne valent justement comme tels que selon cette cohérence, et qu’ils ne sauraient être les objets d’une acquisition par étapes successives de chacun d’eux, puisque sans signification isolément, ils ne répondraient à aucune nécessité pouvant justifier l’occasion de leur acquisition. C’est ce “quantum“ minimal de dispositions, nécessaire à une évolution significative de notre société, qui condamne cette évolution à ne pouvoir se faire, que par le dénouement de crises.

Si par exemple nous envisagions de procéder à une démonétisation, au moins partielle, de notre société, ceci correspondrait à un véritable progrès compte tenu que la finance, qui au départ, est sensée être un instrument du développement, pose désormais dans bien des cas, plus de problèmes qu’elle ne permet d’en régler. Mais, les dispositions d’accompagnement d’un tel projet posséderaient tant d’implications dans les domaines les plus variés, qu’elles ne manqueraient pas de mobiliser contre elles de fortes oppositions d’intérêt. Ce n’est donc qu’à la faveur de l’autorité exceptionnelle que confère à un dirigeant, une période de crise, qu’une telle mesure peut-être appliquée.

Compte tenu maintenant, de l’ampleur des dispositions qui devraient être prises, pour que notre société aille mieux, soyons conscient que ces bouleversements ne seront jamais le produit d’un ronronnement parlementaire. Nous sommes donc bel et bien et par la force des choses, comme dans la France de 1788, comme dans l’Europe de 1913, comme dans la Russie de 1916, et comme dans l’Allemagne de l’Est de 1988, à la veille de “l’événement”, c’est à dire à la veille du dénouement spectaculaire, on pourrait dire “péléen”, d’un ensemble d’antagonismes crispés. Ceci bien sûr, sans pouvoir dire à ce jour quand exactement il se produira, ni quelles seront ses formes et ses implications, mais en le sachant inéluctable.
            


                                                                 Paris, le 21 juin 2013       
                                                                     Richard Pulvar




                                  

vendredi 21 juin 2013

POURQUOI LE REVE ET L’AMBITION NE SONT PLUS ?



Il faut déjà avoir l’honnêteté intellectuelle d’en faire le constat, même si certains s’en agacent et répugnent à s’entendre dire aussi sèchement que cela, “c’était mieux avant”. Ceci, en ne voulant rien en savoir, pour ceux qui ne l’ont pas vécu,  et ne voulant rien s’en souvenir, pour ceux qui depuis ont du se faire une raison, parce que bien sûr, cette remarque ne leur sert strictement à rien dans leur volonté et leur espoir de voir les choses s’établir correctement. Car, il en va tout simplement quant à ce constat, de l’inévitable cohérence qui existe entre les différents aspects que peut revêtir une société à un moment donné, selon une logique des choses à laquelle on ne peut pas faire injure de la nier.

Il est clair en effet, qu’une société comme celle qu’est devenue la nôtre aujourd’hui, c’est-à-dire de plus en plus vieillissante, dévastée depuis des décennies déjà par le chômage, désillusionnée quant à la notion de progrès au point de ne plus en faire son exigence sacrée, et à la tête de laquelle des gouvernements “fauchés”, de carriéristes poussiéreux et sans idée, n’ont comme unique projet que de trouver de quoi boucler les fins de mois, ne saurait avoir le dynamisme, l’optimisme, l’enthousiasme, l’audace, l’entreprise et les moyens de celle-ci, tel que c’était le cas auparavant.

Ceux qui ont connu cette période, à la fois d’explosion économique et de rénovation sociologique, dite des “trente glorieuses”, se souviennent que dans le bouillonnement de ces temps de plein emploi, et donc de travail éreintant pour le prix d’une époque enthousiasmante, il ne se passait pas un mois qu’une découverte scientifique prometteuse, qu’un coup d’audace technologique, qu’un record battu, ou même qu’un bouleversement dans les moeurs si rigides de l’époque, dans les prémisses de 1968 et après, ne vienne conforter notre sentiment d’être engagés dans la voie fascinante et grisante du progrès.

Nous formulions alors par anticipation, le rêve qu’à l’horizon de l’an deux mille, des hordes de robots dociles auraient libéré notre humanité de la pénurie et du labeur, et qu’à l’aide de fulgurants engins volants, nous pourrions nous rendre selon notre plaisir de l’instant, et aussi facilement que cela, d’un endroit de notre planète à un autre. Peut-être y serions-nous parvenus sur notre lancée, mais nous savons que tout s’est soudainement arrêté vers la fin des années 1970, par un phénomène qui, sous l’appellation de “crise”, telle que nous croyions alors celle-ci passagère, nous a fait inaugurer une ère nouvelle dans laquelle l’immobilisme allait trouver sa raison.

De fait, à part ces avancées importantes il est vrai, de l’informatique et de l’internet, il demeure que tous les autres aspects techniques de notre société sont établis sur des acquis technologiques d’il y a maintenant plus de cinquante ans, et qu’après qu’ils aient grandement évolué jusque là, il n’y a plus eu aucun progrès depuis, dans tous ces domaines...

L’exemple le plus emblématique de cette situation, et qui constitue un verdict sans appel quant au déni de progrès que constitue désormais notre époque, c’est que maintenant que les navettes américaines ont été mise à la retraite, il n’existe plus qu’un seul moyen de se rendre dans l’espace, c’est d’utiliser encore et toujours la fameuse “Semiorka”, le lanceur russe des Soyouz, la R7 de l’ingénieur Korolev que celui-ci mit au point pour lancer le premier satellite artificiel de la Terre, le Spoutnick 1, en 1957 !

C’est donc avec une technologie vieille de plus de cinquante sept ans, que nous nous employons aux activités les plus modernes d’aujourd’hui, et ceci, après que cette technologie ait eu des développements plus avancés jusqu’en 1974, lesquels ont été abandonnés depuis faute de moyens et d’ambition, inscrivant ainsi notre époque dans le courant bien peu flatteur de la régression. Car, en attendant les Chinois qui ont logiquement cette ambition, compte tenu de leur actuelle montée en puissance, plus aucune nation au monde n’est désormais en mesure, et ne le sera avant longtemps, d’envoyer un homme sur la Lune.

C’est d’ailleurs ce triste constat qui a donné l’occasion du foisonnement sur le net, de tout un tas de pseudo-documents, dans lesquels on fait dire à des officiels américains par la traduction française, ce qu’ils ne disent absolument pas en anglais, pour promouvoir l’idée selon laquelle les Américains ne sont en fait jamais allés sur la Lune, et que tout cela n’est que du bobard. Certains de ces informateurs se revendiquent même de la science, en prétendant infranchissables les ceintures radiatives qui entourent notre Terre, mais bien sûr en se passant totalement de nous donner quelque indication que ce soit sur les paramètres physiques et énergétiques de ces radiations, qui les rendraient ainsi infranchissables.

En fait, tout ce déni stupide et grotesque, quant on sait ce qu’a été cette formidable aventure, laquelle s’est développée à la faveur il faut bien le remarquer, de la guerre froide, traduit finalement une angoisse de se voir participer selon cette objectivité, à une société en décadence, et de devoir se constater par là comme étant corrélativement un individu décadent, ce qui n’est bien sûr pas très flatteur pour son ego.

Désormais dans notre société d’aujourd’hui, où la notion de progrès ne réside plus que dans la mise sur le marché de tout un tas de gadgets “amuse-cons” du multimédia, et étant entendu que rien ne permet de classer des dispositions productivistes telles que les OGM, compte tenu de la contestation que fait l’objet leur bien fondé, dans le domaine du progrès, contester le fait de ce qui a été et qui n’est plus, constitue une façon de se protéger d’un terrible constat.

Cependant, pour désagréable que soit son constat, il faut déjà prendre conscience, pour pouvoir ensuite la combattre, qu’en réalité, cette régression de notre actuelle civilisation n’a rien d’illogique et ne tient qu’au fait qu’une de ses nécessités “idéales”,  n’a pas été satisfaite.

Si donc le rêve et l’ambition ne sont plus, c’est tout simplement parce que notre actuelle civilisation occidentale, fatalement usée et aujourd’hui exténuée, par le fait même du grand usage qui fut fait d’elle avec profit, depuis cinq siècles, et qui dans cet état n’y porte plus attention, a totalement ruiné la valeur “qualitative” du temps. Et, si elle nous offre en maigre compensation, une augmentation de la valeur “quantitative” de ce temps, sous la forme d’une augmentation de notre espérance de vie, la “charge événementielle” de ce temps de nos existences passées en elle, est devenue aujourd’hui si désespérément faible, qu’elle confine à faire de celui-ci un temps qui n’est plus réellement le nôtre, puisqu’en fait il ne se passe presque plus rien, pour, et par nous.

En effet, il ne s’agit plus en ce temps que malgré tout nous vivons, dans cette société stérilisée, désenchantée, et devenue “castratrice” pour ceux qui manifestaient encore quelque désir d’inhabituel et d’extraordinaire, que tout bêtement de celui de l’horloge, tel que par elle, “il se passe” selon son mouvement, lequel ne fait alors référence à rien d’autre.

Or, en comprenant que le temps se réalise du rapport de la circonstance à la constance, autrement dit du rapport de ce qui change à ce qui demeure, qui ne peuvent être spécifiés que l’un par rapport à l’autre, et qui sont les seules façons pour nous de comprendre ce temps, il apparait que s’il n’était les cycles naturels obligés, tels que la succession des jours qui règle nos activités quotidiennes, répétitives et sans surprise, nous aurions aujourd’hui bien du mal à meubler par quelques événements inattendus, la “circonstance” de notre temps, pour en établir une bonne qualité, et nous sentir par cela vivre  pleinement.

Il s’agit en fait par cette perte de sa qualité par non événement, d’une perte de temps. Mais, celle-ci se trouve masquée par ce gain de temps apparent que constitue l’augmentation de l’espérance de vie, pour nombre de nos concitoyens qui manquent de prendre conscience que ce qui importe par dessus tout pour bien profiter du temps et de l’existence, c’est d’avoir beaucoup “vécu”, et non pas d’avoir tout simplement longtemps “duré”.

La richesse du temps, c’est la richesse de sa densité événementielle, et augmenter la durée chronologique d’une existence, en diminuant selon la monotonie des modes de vie “sécurisés” d’aujourd’hui, dans lesquels on ne craint plus rien, et donc dans lesquels il ne vous arrive plus rien, n’est pas vivre davantage, mais tout au contraire, vivre moins, et moins bien.

Il est remarquable à ce sujet que le terme “heureux”, ne préjuge pas d’une quelconque qualité des “heurs”, comme c’est le cas dans le terme “bienheureux”, et qu’être heureux, c’est avoir la chance de vivre intensément, par le grand flux de tout ce qui se passe, pour et par soi, et qui le plus fréquemment implique solidairement “bonheurs” et “malheurs”, puisque les uns ne peuvent être appréciés que par rapport aux autres.

Ceci signifie clairement qu’être heureux, ce n’est pas se mettre définitivement à l’abri de tous les malheurs, de toutes les difficultés, et de toutes les épreuves, parce qu’il nous faut justement “éprouver”, pour nous sentir vivre, et toute l’impasse dans laquelle se trouve donc actuellement notre société, c’est d’avoir prétendu soustraire totalement les humains à celles-ci, ce qui cependant, pour les plus dramatiques d’entre elles telles que la guerre, les famines, et les épidémies, était parfaitement fondé.

Mais il fallait songer une fois ceci fait, à ménager pour ces hommes, de saines, parce qu’il en est, mais difficiles autres épreuves, pour qu’ils aient à y faire face. Il fallait les engager dans la construction de quelques pyramides ou grand temples pharaoniques de notre époque, pour qu’ils puissent éprouver, et avoir la joie et la fierté de triompher.

Ainsi, lorsqu’en l’année 1963, le charismatique président des Etats-Unis d’Amérique, John Kennedy, s’adresse à ses compatriotes pour leur faire part de sa décision de lancer le programme qui devait permettre d’envoyer un Américain sur la Lune, il ne leur donne comme unique justification de cette entreprise que :

“ Nous le ferons, parce que cela va être difficile ! ”

Imagine-t-on seulement un instant un de nos dirigeants actuels, s’adresser aux citoyens  pour leurs dire que la nation va dépenser des quantités de milliards dans une entreprise, pour la seule et unique raison que celle-ci sera difficile, et qu’il convient pour elle, pour son affirmation et sa propre célébration, d’accomplir cet exploit ?

Il est clair qu’il n’aurait même pas le temps de finir son discours...!

Mais jusqu’à cette époque, il était encore connu que l’homme ne vit pas que de pain, de sorte que si “l’utile” est bien sûr nécessaire à son “l’être”, il est un autre domaine que nous conviendrons d’appeler le “futile”, pour ne surtout  pas le confondre avec “l’inutile”, qui est quant à lui nécessaire à son “bien-être”, autrement dit à la plénitude de son être.

Ainsi, le déni de progrès sous des arguments de raison, correspondant à la renonciation de son exigence salvatrice par les citoyens eux-mêmes, intimidés qu’ils furent par le baratin de technocrates au service des puissances d’argent, tout comme le renoncement au rêve, à la poursuite de l’exploit pour lui-même, aux difficiles épreuves qu’on accepte après s’être fixé des objectifs ambitieux, autrement dit le renoncement à la quête permanente d’un “mieux”, par un aveu d’incapacité qu’on prétend alors faire passer pour être de la raison, constituent la raison profonde de notre actuelle défaite face à l’histoire.

Il est temps que revienne le goût de la fierté, de l’ambition, de la grandeur, de la découverte, de la novation, de l’exploit, de la prouesse intellectuelle ou technologique, uniquement pour ce qu’elle est, sans avoir à la justifier par quelque argument productiviste ou comptable, car il apparait clairement que quelque soit le prix devant être consacré pour la “gratuité” de ces actes, ce ne sont pas ces dépenses par lesquelles la nation s’affirme dans sa capacité, qui coûtent cher, mais bel et bien le doute inhibiteur, qui ruine sa détermination et sa capacité à entreprendre, ainsi que nous le constatons en ce moment...

Il est temps de reprendre la route des exigences sociales et culturelles, qui est celle du progrès, en nous voyant et nous proclamant à nouveau, parfaitement capables de celui-ci...


                                                           Paris, le 20 juin 2013
                                                               Richard Pulvar

jeudi 20 juin 2013

QUAND CE SONT LES HYENES QUI CRIENT “AU LOUP”...!


     

L’Iran est une nation qu’après l’avoir mille fois menacée de la bombarder depuis près de dix ans, certains soupçonnent qu’elle tenterait peut-être, soucieuse de la sécurité des siens, de mettre une bonne fois ses enfants à l’abri d’avoir à subir de telles agressions et d’en périr, en se dotant d’une arme susceptible de dissuader ces agresseurs, l’arme atomique...

Mais l’Iran est également une nation qui n’a pas vu un seul de ses soldats hors de ses frontières depuis plus d’un siècle, ce qui est bien loin d’être le cas de ceux-là mêmes qui s’acharnent à vouloir la présenter comme étant une nation dangereuse...

Des historiens britanniques viennent d’établir que depuis près de 900 ans que ces deux nations se trouvent installées dans une relative continuité de leur statut, c’est à dire depuis que le “regnum Franciae”, le royaume de France de Philippe Auguste, s’imposa en remplacement du “regnum Francorum”, l’ancien royaume des Francs, pour signifier la fin de son partage  entre héritiers de la couronne, et que le “regum Angliae” de Richard cœur de lion, su se préserver des appétits de son rival, il y eut 53 confrontations guerrières de grande amplitude, qui ont dévasté l’Europe.

Or, sur ces 53 grandes guerres européennes, la France y fut belligérante 49 fois, et l’Angleterre 43 fois...!

Ceci pour dire que ceux qui se posent aujourd’hui en donneur de leçon de pacifisme, ceux-là mêmes qui s’en sont allés soumettre des peuples au quatre coins de la Terre, en réduisant une partie de ceux-ci en esclavage, dans deux gigantesques empires coloniaux, ne disposent pas d’un héritage historique leur permettant d’être crédibles a priori, dans leurs intentions proclamées...

Ces historiens ont noté également que ce pays de France à été engagé depuis cette date, dans 185 grandes batailles, qu’il en a été victorieux 132 fois, qu’il a perdu 43 batailles, et que 10 de ces batailles eurent une issue incertaine...

Ceci en fait bien sûr et sans contestation, la nation guerrière la plus “triomphatrice” de toute l’histoire, mais surtout et de loin, la nation la plus “belliciste” qui se soit jamais trouvée à la surface de notre planète...!

Ainsi, la guerre semble-t-elle être inscrite comme une tradition de ce pays, comme la bonne chair et le bon vin, toujours sournoisement justifiée comme étant inévitable, même après avoir été dénoncée bruyamment comme étant regrettable...

C’est la continuité de cette tradition qui fait qu’alors même que la Grande Bretagne qui s’est trouvée dans une situation encore plus difficile, d’avoir à décoloniser, est parvenue à établir des relations civilisées avec ses anciennes colonies en lesquelles elle se passe d’intervenir militairement, c’est une cinquantaine d’opérations militaires, en moyenne une par an, toutes plus illégitimes, illégales, et criminelles les unes que les autres, que la France s’est offerte dans ses anciennes colonies, depuis ce qui constituait en principe, les indépendances...!

Aujourd’hui, alors que par les manigances politico-mafieuses de son prédécesseur, la Côte d’Ivoire et la Libye se sont retrouvées dans un état de dévastation et de désespérance totale, voici que l’actuel président de la république française, prêt à le jurer sur la tête de ses ministres préférés, veut nous faire croire qu’en armant jusqu’aux dents des hordes de terroristes fondamentalistes fanatisés, pour s’en prendre au gouvernement d’un état souverain et indépendant, il s’inscrit dans une démarche de recherche de la paix...

A qui d’autre que les idolâtres attardés de son parti qui chantent encore ses louanges, espère-t-il faire avaler ce bobard indigne, en son nom, et au nom de sa nation...?

Il est plus que temps maintenant qu’en conscience et en responsabilité, les citoyens de ce pays cessent de se moquer éperdument comme ils le font avec une totale obscénité, de savoir les crimes et les horreurs que leurs armées profèrent en long en large et à travers, et surtout, en leur nom, dans des nations et contre des peuples qui ne leur ont strictement rien fait, pour n’être préoccupés que de leurs problèmes domestiques de retraite et de pouvoir d’achat, qu’ils ont la totale indécence de rendre prioritaires dans leurs préoccupations.

Il est temps qu’ils cessent de réclamer pour eux, une part plus importante du “tribut” que par la manigance et la force armée, leur nation parvient à infliger à des nations innocentes, comme dans cette lamentable affaire de l’Erika où, tous se montraient prêts à se partager un peu du magot de la richissime société Total, sans jamais se poser la question de savoir comment un pays qui ne possède pas de pétrole, peut-il avoir comme étant et de très loin, la plus riche de ses sociétés, une société pétrolière...

Il est temps enfin qu’ils cessent d’afficher à ce point leur mépris des autres, en considérant que le meurtre d’un innocent parmi les leurs, chahute bien davantage leur conscience que le meurtre de dizaines de milliers d’innocents par leurs armées, et dont visiblement ils n’ont cure...

Car, il se chuchote de plus en plus par delà nos frontières, que malgré toute sa magnificence que d’aucun ne conteste, cette nation possède quelque chose de détestable, et surtout, parce que beaucoup de ceux qui sont aujourd’hui devenus ses citoyens, mais qui ne peuvent admettre qu’on s’en aille en leur nom martyriser le pays de leurs pères, risquent de la priver de leur engagement total et indéfectible, afin de son avantage, ce qui, dans les épreuves redoutables qu’elle traverse actuellement, risque de lui être fatal...

Il faut savoir ce que l’on veut, et aussi malgré tout, ce que l’on peut...


                                                             Paris, le 19 juin 2013
                                                                  Richard Pulvar
   

mardi 18 juin 2013

FASCISME ET FASCINATION, OU LA MARCHE VERS LE GRAND “SACRIFICE”, DERNIERE RESSOURCE D’ESPERANCE







   Une société dans laquelle il n’y a plus d’espoir, est une société vaincue par elle-même, c’est-à-dire vaincue par ce que sont devenues ses mœurs, à cause de toutes les incohérences, tous les mensonges, et toutes les lâchetés qui constituent les données de sa pensée dominante, telle que celle-ci se trouve partagée par une large partie de ses membres, et à cause de laquelle les “dispositions” qui sont celles des uns vis à vis des autres, ne laissent plus aucune chance pour qu’il puisse s’y développer une coopération positive entre eux, afin du meilleur avenir...

 Or, c’est bien une telle société qu’est devenue la nôtre, dissolue et désenchantée et où, pour éviter qu’une majorité ne se ligua contre lui, un gouvernement malsain s’est employé à provoquer par l’offense humiliante faite à toute une moitié de la population, la plus grande satisfaction de l’autre moitié de celle-ci. Ceci, avec pour résultat d’avoir provoqué un divorce  entre elles que manifestement, aucune des démarches habituelles ne parviendra plus à réparer.

Notre drame en cet instant, c’est que tel qu’il se trouve normalement constitué comme étant “un”, en aucune façon un “être”, serait-ce celui d’une personne morale comme une société, ne peut supporter qu’il soit à ce point porté atteinte à son intégrité, et manquer d’être sous-tendu par une quête permanente de “mieux devenir”, selon une espérance. Ceci signifie clairement qu’une société ainsi défaite, est logiquement condamnée à terme, à disparaitre...

Dans ces conditions, telle que voudront la mettre en œuvre des “apprentis sorciers” sortis des ténèbres, pour lesquels la voie de la violence participe selon le grand “sacrifice”, des moyens exceptionnels à mettre en œuvre afin de la réalisation d’un projet de sauvegarde,  la tentation “fasciste” risque bien de constituer pour notre société sa toute dernière chance, pour que puisse être préservée à tout prix son intégrité, et pour que faisant cependant renaitre l’espoir en elle, elle puisse ainsi se sauver d’une disparition totale. Et, il semble bien selon l’observation de certains événements, que ce soit vers cette voie terrifiante que nous allons.

Le “fascisme” repose principalement sur l’idée de la primauté définitive de “l’état” sur les individus qui ne méritent que de le servir et de se sacrifier pour lui. Ceci, afin que puisse triompher la “nation”. Celle-ci emporte alors en plus de la notion proprement administrative de l’état, une charge affective et identitaire qui selon une fonction “parentale” qui est la sienne et qui justifie qu’on l’appelle alors la “patrie”, est nécessaire à la structuration de ses enfants.

Ainsi, face aux atteintes gravissimes qui sont actuellement portés contre les intérêts supérieurs de la nation, par une classe politique traitresse, visiblement au service d’intérêts particuliers et étrangers, il est facile de comprendre à quel point un discours “fascisant”, fatalement justifié quant à ses accusations, même s’il ne l’est pas quant à ses propositions, ne manquerait pas de recueillir aujourd’hui, l’assentiment d’une large frange de la population.

Même s’il ne prône pas la suppression totale de la propriété privée de l’entreprise, pour en faire comme dans le “marxisme”, la propriété collective des moyens de production, ce qui lui a valu d’être fortement soutenu en Italie et en Allemagne, par les puissances d’argent, le “fascisme” soumet malgré tout l’entreprise privée à des dispositions administratives extrêmement strictes, afin de satisfaire aux intérêts supérieurs de l’état, donc de la collectivité, et il constitue bel et bien de ce point de vue, qu’on veuille le reconnaitre ou non, une forme de “socialisme”. Il fut de fait jusqu’avant la guerre de 1939, longtemps classé à “gauche”.

Ce socialisme fasciste se différencie alors fondamentalement de celui du marxisme, parce qu’il n’en reprend pas l’option “internationaliste”, mais tout au contraire, une option nationale “patriotique”.

En exploitant la parenté évidente de ces deux concepts, la “nation”, et la “solidarité”, tel que dans le parti “national-socialiste”, dit parti “nazi”, d’Adolf Hitler, le fascisme allie très habillement une tutelle étatique rigoureuse avec sa justification patriotique, le “nationalisme”, qui, établie à partir de la fonction parentale de la “patrie”, en reprend la forme “patriarcale” en se trouvant souvent incarnée par un chef alors désigné comme étant le “père de la nation”, à une aspiration légitime par le peuple de solidarité et de justice sociale, le “socialisme”. Cette finalité permet de faire accepter malgré ses contraintes, l’autorité étatique, alors identifiée à celle sévère mais juste, d’un bon père, comme étant le moyen logique d’y parvenir.

La force du fascisme consiste donc à justifier un système totalitaire, par une aspiration légitime, tout en lui donnant la forme fallacieuse d’un paternalisme protecteur et bienveillant. Cependant, nous constaterons que quelque chose d’une toute autre dimension que ces seules considérations idéologiques, et dont les analyses purement politiques ne permettent pas d’en rendre compte, intervient dans la puissante dynamique qui sous-tend ce type de mouvement.
 
L’occasion historique de ce système, c’est l’état de délabrement total des sociétés dans lesquelles il trouve alors son utilité, en permettant que puisse être sauvegardée l’intégrité de l’état. Mais corrélativement, sa malfaisance, telle que tant de gens l’ont si durement éprouvé, réside dans le fait que si dans le fascisme mussolinien d’origine, l’état constitue une fin en soi, celle-ci étant proclamée sacrée, elle justifie quant aux moyens pour y parvenir, la reprise d’une légitimation de la “violence” révolutionnaire, qui est inscrite dans la pensée marxiste, mais qui se trouve en fait indirectement héritée de la révolution française. Il est d’ailleurs remarquable à ce sujet que, comme pour témoigner de cet héritage des sans-culottes, le “faisceau” des licteurs romains qui, coiffé du bonnet phrygien, est devenu l’emblème de cette révolution, et qui demeure jusqu’à aujourd’hui dans les armoiries de la présidence de notre république, a été repris comme symbole par la plupart des mouvements fascistes.

Cette instrumentalisation légitimée de la violence, va conduire Mussolini à proposer la guerre comme le moyen, non pas de lutter simplement contre une puissance étrangère hostile, mais le moyen de fédérer à l’occasion de cette rude épreuve, toutes les énergies de la nation, et d’accéder ainsi à la puissance et la grandeur de l’état. C’est par le prolongement de cette idée que dans le fascisme hitlérien, cette violence nécessaire à la constitution d’un état fort, sera mise au service, bien au-delà de cette première préoccupation, d’une idéologie d’accès à la puissance, non seulement par la violence, mais également en procédant  à une “épuration” de la population en la débarrassant d’éléments jugés allogènes et inadaptés, afin de parvenir à la suprématie et à la domination.

Il est facile aujourd’hui, compte tenu des conséquences apocalyptiques qui furent les siennes, de dénoncer cette idéologie comme étant sortie de la cervelle satanique de quelque monstre, et se retrancher derrière l’idée mensongère selon laquelle si ce monstre n’avait pas existé, rien de tel ne se serait produit. Car, ce qui aura fait la spécificité du “nazisme” par rapport à d’autres fascismes, c’est l’ampleur effroyable de ses conséquences, due au génie et à la rigueur germanique qui auront donné à cette entreprise guerrière, sa redoutable efficacité. Mais, comme l’a fait remarquer le grand Césaire, toutes les options criminelles du nazisme, et particulièrement, la nécessité du meurtre de la race inférieure afin de permettre la réalisation de l’entreprise de la race supérieure, et dont on veut le rendre initiateur, ont accompagné sur plus de quatre siècles, toute l’histoire dramatique des entreprises coloniales européennes.

Ainsi selon Césaire, le reproche des Européens fait à Hitler, c’est d’avoir utilisé cette idéologie et ces méthodes criminelles, dont il ne fut pas l’inventeur, mais telles qu’elles ne trouvaient jusqu’alors de justification que pour les “sauvages”, contre d’autres Européens.

D’autre part, réduire ce drame à la dimension d’un fou, ou au caractère spécifique d’un peuple, c’est oublier que cette soif de recouvrer de la puissance, était celle d’un peuple anéanti tant dans sa chair que dans son âme, tourmenté par le sentiment corrosif d’avoir été trahi et d’avoir subi une défaite écrasante sur le tapis vert, mais pas par le sort des armes puisqu’alors, pas un seul metre carré de son territoire n’avait encore été foulé par un soldat ennemi. Ainsi, à la “patrie en danger” de ceux qui inventèrent la mobilisation générale, s’est substituée la “patrie outragée” de ceux qui, à la suite de bien d’autres frustrations historiques établissant leur nation en victime, subirent en plus les terribles humiliations du traité de Versailles, et qui ne pouvaient manquer d’espérer secrètement que cette offense cruelle soit un jour lavée par l’épreuve guerrière, la seule dont le coût puisse être au niveau de la réparation escomptée...

Reste alors cette idée qui demeurait jusqu’alors confuse, bien qu’elle se trouvait déjà largement sous-tendue par la théorie darwinienne de lutte implacable entre les espèces pour la survie, qui fut théorisée par les mussoliniens et idéalisée par les hitlériens avec le concept pangermaniste de la race supérieure, et selon laquelle la grandeur et la félicité d’une nation, sont indissociables de son entreprise guerrière. Celle-ci est censée être formatrice par le fait de ses nécessités, lesquelles constituent comme telles autant d’exigences, des valeurs de courage, de solidarité, de fidélité et de sacrifice, nécessaires à la constitution d’une grande nation.

Dans cette compréhension des choses, une épreuve “régénératrice” de ces valeurs au sein du corps social, s’imposait, dès lors que l’on constatait des insuffisances dues au laxisme et à l’individualisme, telles que dans notre société d’aujourd’hui, pénalisant la nation, pour que puisse être garanti l’avenir de celle-ci, sont salut et celui des générations futures.
 
Il est remarquable que cette idée selon laquelle, à partir d’une situation dégradée de la nation dont elle est rendue responsable, le “sacrifice” par la guerre ou par la contrainte civile à un redoutable labeur, de la génération s’étant montrée défaillante, afin que les suivantes puissent bénéficier du bien être et de la grandeur, et qui constitue bien comme telle une démarche d’espérance et de foi en l’avenir, est en fait finalement strictement cohérente à la notion religieuse du sacrifice. Car, il s’agit bien en cette dernière, de supprimer une chose “d’ici bas” qui “est” déjà, pour qu’une faveur de “l’au-delà” puisse “advenir”.

Or, si nous devons nous en convaincre et professer qu’absolument rien dans la logique universelle des choses, ne condamne fatalement les nations à procéder au “sacrifice humain”, il est manifeste que de Ramsès à Mao, en passant par Alexandre le grand, Jules César, les Tang, Charlemagne, Tamerlan, Soliman le magnifique, Charles Quint, Elisabeth I, Ivan IV,  Louis XIV, Napoléon, Mutsu-hito, et Bismarck, toutes les grandes nations, celles qui furent à l’origine de toutes les grandes civilisations, furent des nations profondément guerrières, et soumises à des régimes extrêmement autoritaires...

Et ce sont bien des générations sacrifiées qui se trouvent à l’origine du prodigieux développement du Japon, de la Russie, de Taïwan, de la Corée, et aujourd’hui de la Chine, et n’oublions surtout pas les millions d’hommes mis en esclavage, dont l’exploitation outrancière tout au long de plusieurs siècles, sera à l’origine de ce qui fut la toute puissance des nations occidentales, et qui furent relayés en celles-ci à partir du 19e siècle, par les esclaves de la révolution industrielle, ceux du fond des mines, et ceux des ateliers soumis pour une misère, à la brutalité des maitres de forges...

Dans son “Mein Kamft”, Hitler analyse le fait que, bien que le rapport des forces purement militaires lui était très défavorable, la France avait développé une puissance inouïe, grâce à sa capacité à accepter le sacrifice d’un très grand nombre des siens, et les théoriciens du fascisme ne vont pas manquer de se souvenir que c’est bien des épreuves sanglantes de la révolution, que va se constituer la formidable puissance d’une nation qui, vingt années durant, allait défier et vaincre l’Europe entière coalisée contre elle. Il leur semblait alors confusément, que le “sang impur abreuvant ses sillons”, y était pour quelque chose...

Faut-il donc lorsque les choses vont toutes aussi mal qu’en ce moment, et ainsi que le comprenaient les peuples de l’antiquité, procéder à un “sacrifice”, afin que la destinée nous soit favorable, et si oui, quelle forme  celui-ci doit-il prendre ?

Si notre raison nous commande de nous défaire de ce concept archaïque et malfaisant, il est manifeste que nos comportements collectifs, qui constituent aujourd’hui autant d’injures à cette même raison, semblent vouloir obstinément nous y contraindre. Car, face à toutes les menaces, tant de révolte interne que de conflit extérieur, dans cette société dont l’imaginaire  anéanti s’est défait de l’idée de progrès qui sous-tend normalement l’âme de toute nation, face à la montée évidente de l’extrémisme justifiée par la faillite totale de l’état quant à ses charges, et l’effroyable corruption de ses commis, des millions de citoyens pourtant ulcérés, demeurent cependant totalement figés dans leur attentisme, beaucoup allant jusqu’à souhaiter qu’advienne enfin, mais sans qu’ils en soient responsables, le “grand règlement de compte”.

Or, par l’expérience acquise d’événements historiques antérieurs, plus personne ne peut  ignorer que c’est forcément une société totalitaire qui sortira d’une telle confrontation. Mais, les citoyens de ce pays semblent s’y résigner, comme s’il s’agissait là d’un prix à payer, d’un sacrifice nécessaire pour que la nation telle un “Phoenix”, puisse renaitre des cendres auxquelles cette révolution voulue et attendue, ne manquera pas de la réduire.
   
C’est bien cet aspect “sacrificiel” de la guerre, de la révolution, ou de la contrainte sociale, qui établit leur nécessité et leur normalité “par delà le bien et le mal”, ainsi que l’évoquait Nietzsche, qui constitue l’aspect le plus problématique et le plus dérangeant de la théorie fasciste. Mais il s’agit justement de celui qui nécessite le plus d’application quant à son analyse. Car, les fondements de cette “nécessité sacrificielle” se situent bien au-delà du domaine de nos préoccupations habituelles quant à la vie de la cité, et les “attractions” qui se trouvent mises en œuvre dans ces circonstances, semblent déterminer les peuples par delà leur pleine conscience. Ceci, de sorte que la simple dénonciation de cette philosophie fasciste comme étant malsaine, ne suffira pas à nous éviter sa mise en œuvre.

Il nous faut donc aller bien plus au fond des choses, dans d’autres aspects que celui des seules évidences immédiates, pour comprendre à quoi correspond fondamentalement la détermination fascisante qui dans certaines circonstances, s’empare des peuples.

C’est de l’italien “fascio” signifiant le “faisceau” que vient le mot fascisme. C’est en 1919 que Mussolini créa les “faisceaux de combat”, des groupes qui utilisaient la violence pour combattre le communisme, et qui furent rassemblés en 1922 en un parti dit “fasciste”.

Historiquement, nous pourrions faire remonter le concept du “faisceau” jusqu’à l’Egypte ancienne, avec la botte de roseaux dite “is”, ceinte d’un “lien”, et signifiant la chose sacrée parce que relevant d’une cohésion et d’une “unité” produite par un “fait de religion”.

C’est probablement via ce qui allait devenir la Numidie, que ce concept d’unité sacrée allait se retrouver chez les Etrusques, sous l’aspect d’un faisceau de “verges”, symbolisant le fait de “convergence”, c’est-à-dire le fait d’une “inclination” partagée, puis sous la république romaine pour signifier par la cohésion du fait social, l’autorité de l’état selon la magistrature. C’est ainsi que le faisceau de verges entourant une hache, allait être porté d’une façon clairement ostensible, comme signe distinctif de leur “charge”, par les “licteurs”, ces gardes du corps de magistrats tels que les “préteurs”, avant que ces derniers ne s’entourent d’une véritable garde dite précisément “prétorienne”.

Les licteurs qui les précédaient en marchant, avaient donc pour rôle de protéger les magistrats et de faire appliquer leurs décisions, et c’est ainsi que les verges étaient censées leur permettre de corriger les contrevenants, et la hache, de trancher la tête des condamnés.

Si la symbolique du faisceau semble être devenue selon cet usage, strictement civile, pour signifier l’autorité sans faille de l’état, et que c’est en ce sens qu’il fut pris comme symbole par les révolutionnaires de 1789, puis par les fascistes, et par le gouvernement de Vichy, son origine sacrée demeure cependant consignée dans son appellation même. Car, c’est bien à partir de la même racine “fas”, signifiant la “volonté divine”, autrement dit, “l’autorité” par excellence, que vont se construire tous les mots le concernant tel que “fascia”, signifiant la “ceinture”, et symbolisant le lien métaphysique que constitue la “religion”, et “fascis”, le fameux faisceau, symbolisant le fait social à une époque où celui-ci n’était pas distinct du fait religieux. De même pour “fastus”, le “faste”, la mise en scène spectaculaire du pouvoir divin, et “fascinatio”, la “fascination” signifiant le fait d’être lié psychiquement d’une façon passionnelle, à ce dont on ne peut se défaire, c’est-à-dire à la volonté divine.

Il est clair que l’essentiel de la force du fascisme réside dans la fascination totalement irrationnelle, dans la grande séduction qui s’exerce sur beaucoup de gens à l’écoute de discours véritablement “messianiques”, en ce sens qu’ils constituent des appels au “sacrifice”, afin de la venue d’un homme nouveau et d’un ordre nouveau, attendus, et source d’espérance. Et tout ceci, à l’occasion de cérémonies grandioses, de grandes messes “fastueuses”. Ainsi, c’est sans véritablement comprendre pourquoi que tant de citoyens s’abandonnant à celle-ci, se sentent pleinement “appartenir” à quelque chose de puissant, à un fait mu par une force surnaturelle qu’ils se partagent et qui rend chacun d’eux-mêmes, “capable” et audacieux, qui les remplis “d’enthousiasme”, de confiance, et d’espoir en un avenir grandiose...

C’est en ce quelque chose d’indicible et d’impalpable qui s’empare d’eux, et en lequel ils s’abandonnent avec délectation, et qui apparait ainsi comme étant une “métaphysique” de leur rassemblement en lui, en un fait quasiment “transcendant” dont les convertis médusés par la personnalité de leur chef, en ont une conscience confuse qui emporte leur séduction, que se situe ce qui constitue précisément la “subtilité”, comme telle, “sous-jacente”, à ce phénomène sociologique. Et, c’est ce qui voue à l’échec toute lutte contre lui qui aurait pour objet de priver le peuple des délices d’un tel “charme”.

 En fait, le fascisme prend par tous ces aspects la forme d’une véritable religion dans laquelle le chef devient l’incarnation de la puissance et de l’autorité d’une “nation divinisée”, et ceci ne devrait pas nous surprendre puisque nous pouvons constater que symétriquement, les intégrismes religieux ne sont en réalité rien d’autre que des fascismes.

C’est d’ailleurs bien, concernant ce rapport à la religion, à partir du terme “fanum”, tel qu’il possède une parenté sémantique avec “fas”, et qui désigne le lieu saint, que se trouve construit “fanaticus”, terme pour désigner “l’inspiré par Dieu”, dont la forme extrême est le “possédé”, et qui est à l’origine de nos mots, fanatique, et fanatisme, décrivant bien ce qui se rapporte au fascisme.

La main et le bras “tendus” constituent le geste spontané de tous ceux qui veulent précisément “tendre” afin de l’atteindre, vers ce qui se situe “au-delà” d’eux. Il s’agit ainsi de la signification d’une tentative de l’excellence, par l’exploit, et nous pouvons remarquer qu’il constitue le geste machinal de beaucoup de sportifs tentant cet exploit, et particulièrement, celui de ceux qui se présentent devant les sautoirs, qu’ils soient de longueur ou de hauteur, juste avant qu’ils ne prennent leur élan.

En comprenant que dans  l’acception temporelle de ce terme, il s’agit en cet “au-delà”, de celui de “l’actuel”, autrement dit, de “l’avenir”, et en se souvenant que “saluer” quelqu’un c’est lui souhaiter le “salut”, c’est à dire le meilleur avenir, qu’il se passe pour le mieux pour lui comme lorsque nous lui souhaitons “bonjour”, nous constatons que le salut fasciste est le geste par lequel selon leur “tentative”, les fascistes se vouent mutuellement par la réussite, au meilleur avenir. Et, c’est parce que ceux qui s’y soumettent se trouvent ainsi liés selon leur avenir, que ce salut qui était anciennement dit “salut romain”, est devenu celui de ceux qui prêtent serment, qui se trouvent engagés jusqu’à l’au-delà, autrement dit jusqu’à la mort, ainsi que l’a si magnifiquement illustré le peintre David, dans son fameux “serment des Horace”.

C’est alors que par toutes ces grandes messes et tous ces simulacres, il se produit le phénomène “d’autorité”, c’est à dire une métaphysique résultante de l’engagement commun, qui exerce rétroactivement sur ceux qui se sont engagés en son sens, et qui les rend encore davantage “obligés” envers elle. C’est de cet exercice d’au-delà d’eux, sur eux, que provient la fascination qui s’empare de ceux qui participent d’un fait fasciste, et c’est également de lui que vient leur plus grande créativité, leur forte détermination, et le succès que manifestement, ils obtiennent dans leur différentes entreprises.

C’est en ce sens que la tentation fasciste devient instinctivement celle des peuples en perdition, et si, compte tenu de la situation lamentable dans laquelle se trouve actuellement notre nation, nous voulons nous épargner d’être par des épreuves redoutables, les objets du sacrifice nécessaire à son rétablissement, il nous faudra tout autre chose que des dénonciations et des lamentations, mais “sacrifier”, en nous débarrassant nous-mêmes de tout ce qui nous rend impossible une organisation positive des uns avec les autres, avant que le Moloch assoiffé, ne réclame notre sang...


                                     Paris, le 18 juin 2013
                                         Richard Pulvar    






dimanche 16 juin 2013

PARCE QU’ILS CONNAISSENT LES VICES DU PEUPLE, LES PUISSANTS JOUERONS TOUJOURS AVEC UN COUP D’AVANCE



Bien naïfs sont tous ceux qui s’imaginent un instant que par leur vibrant activisme, aussi légitime et vaillant soit-il, ils combattent efficacement les puissants, car il n’en est rien. Ceci, parce que dès le départ, ils ne sont tout simplement pas en “disposition” pour le faire, parce qu’ils ne sont pas maitres de la situation dans laquelle ils se trouvent, et surtout pas des ressentiments qu’ils en éprouvent, et qu’ils ne réalisent pas à quel point à partir de leur état, en les établissant dans une situation, afin qu’ils en aient un légitime ressentiment, mais provoqué, et donc un comportement logique de ce ressentiment, il est facile de les pousser à la faute.

En fait, loin de réellement “combattre” comme ils le pensent, beaucoup de ces gens ne font finalement que se “débattre”, s’agiter d’une façon fatalement désordonnée et irraisonnée, parce qu’ils manquent dès le départ de comprendre que tels qu’ils réagissent “spontanément”, ce qu’ils font évidemment selon “ce qu’ils sont”, et alors même que cette nature qui est la leur est parfaitement “connue” par ceux qui font leur métier de la connaitre et de l’exploiter, leur comportement a été depuis longtemps déjà, prévu, voulu, et finalement obtenu...

Qui a pu croire un seul instant, que des puissants installés le derrière sur une montagne de milliards, allaient rester tout simplement là à attendre tranquillement qu’on vienne les en déloger ? Si ces hommes avaient été d’une telle inconséquence, ils ne seraient certainement pas devenus les puissants qu’ils sont, et on peut leur faire bien des reproches, mais certainement pas celui d’être idiots ou imprévoyants...

Même s’ils ne partagent rien de son existence, mais parce que c’est en quelque sorte de leur métier, les puissants connaissent le peuple, ils connaissent parfaitement ses manques et ses frustrations, même s’ils feignent de n’en rien savoir pour ne pas avoir à y accéder. Ils connaissent ses attentes, ses rêves, et surtout, ils connaissent ses vices, en particulier, sa soif de revanche, son sectarisme d’identification, son inavouable besoin de “détestation”, et pour assouvir celui-ci, son besoin d’un ennemi accessible, c’est-à-dire qui lui soit semblable. Et, comme avec la bouteille que l’on tend à l’alcoolique pour le manipuler, les puissants vont offrir au peuple une occasion de satisfaire ses vices, lesquels le font ennemi de lui-même...

Leur premier coup de génie fut d’avoir investi simultanément et avec succès les deux partis gouvernementaux, de gauche, et de droite, s’assurant ainsi que quel soit le sort des urnes, c’est la même politique qui sera menée à leur profit. Ceci, en bernant ainsi les idolâtres d’étiquettes qui, vice parmi bien d’autres, soutiennent un parti par delà toutes ses menées, seraient-elles crapuleuses, pour le seul bénéfice de la notoriété de son appellation à laquelle alors, ils s’identifient, afin de se prétendre, et ce narcissisme du corbeau leur sera fatal.

Bien sûr, ces puissants se doutaient bien que le peuple insatisfait finirait par se rendre compte de la mystification, que c’est toujours la même politique qui est menée par les deux bords, qu’il se déferait donc de ses identifications habituelles gauche, droite, les rejetant l’une et l’autre, et qu’il risquerait même de se fédérer autour d’un mouvement unique, contestataire et solidaire. Mais ils avaient prévu la parade, rendre ce peuple définitivement incapable de se rebeller, en le rendant justement incapable de se fédérer, et pour cela, il leur fallait provoquer à nouveau en son sein, une rupture franche, douloureuse, et durable, et ils vont l’obtenir...

Dans une telle situation, alors qu’on se rend compte que l’ennemi du peuple ne se situe plus, ni à gauche, ni à droite, mais ailleurs, un citoyen sensé comprend qu’il ne peut dès lors rien arriver de pire à ce peuple, que de se diviser et de s’affronter selon un partage d’étiquettes gauche-droite qui laisserait son ennemi totalement hors d’atteinte, alors que ce peuple se donnerait lui-même des coups que ces puissants n’auraient même plus besoin de lui porter...

Et c’est là leur second coup de génie, ils vont offrir à chaque moitié du peuple, l’autre moitié comme ennemi, sachant bien que celui-ci ne résisterait pas au plaisir de s’identifier selon un réflexe raciste de classe, par contradiction à quelque chose d’autre, que non plus il ne résisterait pas à son plaisir de détestation, et à sa volonté de passer sa rage sur un ennemi accessible, puisque eux ces puissants, lui sont totalement inaccessibles...

Beaucoup ont pensé, et j’en l’étais je l’avoue au début, que cette histoire de mariage pour tous, alors que le pays avait à faire face à de si redoutables problèmes autrement plus fondamentaux, était une bourde, non seulement du point de vue de la simple gouvernance, mais également pour la nécessité d’un gouvernement de ne pas se rendre aussi rapidement impopulaire, en s’aliénant ainsi une grande partie de la population, concernant une question accessoire. Mais en réalité, sous cet aspect trompeur, c’est un coup terrible qui était porté...

Les puissant eux savaient qu’il n’y avait aucune chance pour que ce gouvernement puisse jamais devenir populaire, compte tenu des dossiers concernant lesquels il ne pouvait que mal faire, et que dès lors, peu importait ses résultats et sa popularité, tout ce qui comptait, c’était que ce gouvernement puisse se maintenir, en rendant son renversement impossible, et c’est bien ce qu’ils ont obtenu...

Alors qu’après sa notoire défaite et les affrontements “d’ego” dont elle fut le théâtre, les électeurs de droite prenaient eux-mêmes la mesure du désastre que fut l’administration du pays par l’équipe qu’ils avaient élue, et qu’ils cherchaient confusément une autre voie, tout comme bon nombre d’électeurs de gauche sachant très bien dès le départ, qu’il n’y avait strictement rien à attendre de bon de la nouvelle équipe qui ne devait d’être là, que comme instrument permettant de chasser l’autre, un paysage politique nouveau s’ouvrait. Ceci, avec une large majorité de citoyens rassemblés autour d’une même idée fédératrice, la nécessité de réformer profondément notre république...

Dès lors, tout devenait possible, y compris la fin du terrible règne des puissants qui, contrairement à ce que conservent dans leur imaginaire quelques attardés rompus aux luttes anciennes, mais qui n’ont pas vu ce monde changer, ne sont pas davantage de droite qu’ils ne sont de gauche. Car, ils constituent tout simplement une oligarchie dont “l’aire” d’exercice dépasse ces appartenances désuètes, puisqu’elle dépasse même largement le cadre national.

Le piège tendu était alors celui de la “division”, ruinant tout espoir de constitution d’un front uni efficace, absolument indispensable pour que le peuple, qui n’est pas réductible qu’à sa seule gauche, comme l’envisagent avec complaisance certains sectateurs méprisants, puisse affronter les redoutables forces adverses.

Malheureusement dans ce piège, ceux de la gauche suffisante et méprisante, parce que telle, ont sauté à pieds joints dedans...

Les puissants comprenaient bien que cette gauche profondément humiliée et frustrée, après toutes ces années d’un pouvoir sans partage de la droite la plus archaïque et rétrograde qui ait jamais été, n’allait pas simplement se contenter d’avoir un gouvernement prétendant exercer en son nom, alors même que de toute évidence, ses engagements ne constitueraient que des insultes à l’idée de progrès, et que cette gauche risquait alors de se liguer avec l’opposition naturelle à ce gouvernement, celle de droite.

Mais ils ont surtout compris, et tel fut leur génie, que cette gauche souhaiterait se venger, qu’elle voudrait repeindre ce pays auquel elle avait fini par se sentir étrangère, à ses couleurs, qu’il fallait absolument dans l’organisation des choses, une marque qui fut la sienne et qui ne put être que la sienne et qu’elle s’en viendrait l’afficher à la face de ceux de droite, la leur infliger, et bien faire sentir à ceux de cette droite jusqu’à ce qu’ils en baissent la tête, que c’est bien elle qui désormais, exerçait le pouvoir. Mais ce sont les puissants qui choisiront pour elle cet instrument de sa vengeance et qui lui offriront très habilement afin qu’elle s’en délecte, le “mariage pour tous”.

Il est facile de comprendre que, même si nous sommes dans un république laïque, celle-ci n’en emporte pas moins en son sein plusieurs communautés de croyants que cette laïcité à précisément pour objet, de leur permettre d’exercer librement et sereinement leur culte. Tout homme politique responsable et réaliste comprend alors que, sans nullement renoncer à honorer ses promesses, ni se soustraire à ses strictes obligations républicaines, il se doit cependant de traiter ces affaires extrêmement sensibles, avec la plus grande délicatesse.

Les choses sont ainsi dans un univers qui ignorant l’exactitude, crée des situations difficiles. Même si tel n’était pas le but, mais parce que ce projet porte atteinte selon certaines de ses implications, à ce qui relève précisément des fondements mêmes de leur “croyance”, comme une injure à cette croyance par ceux qui méprisent ces autres qui croient, et même s’il trouve sa légitimité dans la légalité républicaine, ces communautés ne pouvaient manquer de vigoureusement contester ce projet gouvernemental, tout cela était parfaitement prévisible...

Partant de là, et si toute cette affaire n’avait pas relevé d’une sordide manœuvre, concernant un tel projet qui ne présentait aucun caractère d’urgence, un gouvernement bien intentionné aurait pris son temps, pour que les idées puissent murir, les esprits s’apaiser, et les points de vue se concilier, plutôt que de mener d’une façon totalement suspicieuse, cette affaire au pas de charge. Et, il n’aurait surtout pas refusé d’une façon totalement malhonnête et déshonorante, en se retranchant derrière des arguments éculés de procédure, de soumettre celui-ci à un verdict populaire qui aurait fait honneur à notre démocratie...

Il est clair dès lors, qu’on ne trouvera pas d’explication au refus de cette consultation populaire par des gens se disant précisément et sans rire, “de gauche”, comme si consulter le peuple c’était faire injure à celui-ci, rien de tout l’acharnement à présenter cette affaire comme un cas d’urgence nationale absolue, rien de toutes les injures proférées à l’égard des croyants considérés comme étant presque des êtres présentant une insuffisance intellectuelle, par des crâneurs enflés de leur suffisance, si on manque de constater que c’est en réalité un furieux “règlement de comptes” avec la droite, qui constituait la véritable motivation de cette mobilisation...

Or, il existe deux catégories de règlements qui ne se superposent absolument pas, et qui sont, le “règlement de comptes”, et le “règlement des problèmes”, et il faut savoir renoncer au premier afin de pouvoir assurer le second, ce que la gauche ulcérée et suffisante, parce que telle, n’a évidemment pas su faire...

Où en sommes nous donc au sortir de cette histoire lamentable...?

Il fallait bien s’attendre au fait qu’à cette heure où il atteint des records d’impopularité, si certains s’en venaient soutenir un gouvernement pour “l’accessoire”, alors même qu’ils le contestent autrement pour l’essentiel, ce gouvernement n’allait pas manquer très habilement, de faire de cet accessoire, l’essentiel, et c’est bien ce qu’il est parfaitement parvenu à faire. C’est ainsi que durant toutes ces semaines de tumulte, où il nous était dit l’urgence de mettre fin à la désespérance des homosexuels persécutés, toutes les dispositions les plus totalement antisociales et rétrogrades sont passées comme des lettres à la poste derrière cet écran de fumée, sans qu’il ne reste plus une seule voix disponible pour le dénoncer et s’y opposer, occupées qu’elles étaient toutes à soutenir le projet gouvernemental piégeant. Et si ce gouvernement impopulaire s’est permis une telle audace, c’est parce qu’il se sait bien à l’abri.

En effet, dans l’état actuel du pays, renvoyé à ses divisions traditionnelles qu’il était en train de positivement dépasser, par la ruse des uns, et la sottise des autres, avec une droite qui juste avant, se trouvait totalement délabrée, mais qui à cette occasion s’est refaite une santé, en se montrant capable de mobiliser des centaines de milliers de citoyens, avec une extrême droite ayant le vent en poupe, selon la stratégie édifiée par les puissants dont elle constitue un de leurs instruments favoris, plus aucune “révolution populaire” n’est possible dans ce pays...!

Ces gens de l’extrême gauche dont j’ai pu vérifier qu’au-delà de leurs inconditionnels, de leurs parents, de leurs amis, de leurs chiens et de leurs chats, tout le monde se moque éperdument de ce qu’ils racontent, et qui par leur extrême intolérance, se montrent incapables de fédérer autour d’eux, continent de croire qu’ils vont faire la révolution à eux tous seuls, c’est-à-dire avec au mieux, 15% du pays toutes catégories confondues...!

Tout se passe comme s’il était possible de faire une révolution en se passant de l’essentiel du peuple, et même contre lui, en considérant que ceux qui ne se réclament pas d’une gauche dont d’ailleurs plus personne ne sait réellement ce que c’est, c’est qu’ils ne sont tout simplement pas du peuple. Or, s’il est clair que les révolutions sont le fait de minorités agissantes, celles-ci ont tout de même la bonne idée et la capacité de s’allier le peuple.

A coté de cette extrême gauche, ceux auxquels malgré toute la répugnance que cela leur inspire, ils seront obligés de lécher le derrière une fois encore, s’ils veulent exister sur le plan parlementaire, c’est-à-dire les idolâtres “bénis oui-oui” peints en rose, qui soutiendront jusqu’à l’apocalypse, le parti gouvernemental, ne sont pas à la veille de sortir de leur léthargie et de leur néant. Et voici pour la gauche...!

Tant et si bien que s’il doit se produire un changement significatif dans ce pays, il ne pourra plus provenir que de la droite, à cause de l’inconséquence d’une gauche divisée, décrédibilisée, et qui s’est employée par sa folie, à ressusciter cette droite honnie...

Reste alors les “pioupious” de la banlieue... Mais là, c’est tout autre chose, et les puissants ont probablement déjà prévus les moyens de récupérer leur éventuel mouvement...

                                           Paris, le 16 juin 2013
                                             Richard Pulvar

samedi 1 juin 2013

SIONISME ET NAZISME, OU LES DEUX POLES DE LA DEFINITION D’UNE SEULE ET MEME “DIS-POSITION”



Ne craignez rien ! Car, tel que sur ce montage il semble les écraser de ses puissantes pattes, le grand Sphinx de Guizeh veille et il ne permettra jamais heureusement pour nous, le maintien durable de l’un ou l’autre de ces deux aspects détestables de la même “disposition”. Le nazisme a été vaincu, et le sionisme qui fondamentalement, lui est logiquement lié, le sera fatalement à son tour, et ce, par la “force du temps” que symbolise ce grand Sphinx...

Maintenant, pour comprendre pourquoi sionisme et nazisme participent bel et bien d’une seule et même chose, je vous propose de le découvrir par un parcours “cosmologique”, qui ne sera peut-être pas d’un abord forcément facile pour ceux qui ne sont pas habitués à ce genre d’exercice, mais qui est le seul qui permet d’accéder par des considérations qui relèvent de la haute métaphysique, à une réelle compréhension de ces choses.

Il s’agit donc d’utiliser une science nommée selon la signification fondamentale du mot grec “cosmos”, lequel signifie “ordre”, et qui décrit ici le fait généralement insoupçonné, d’un “ordre universel des choses” réglant notre univers et nos existences en tous leurs aspects, et dont “l’ordre des objets célestes” qui est ce que nous comprenons plus habituellement par le mot cosmos, n’en est qu’un aspect parmi d’autres, même s’il est bien sûr le plus spectaculaire.

Sionisme et nazisme dont nous devons comprendre que leurs manifestations ont existé, comme étant des comportements abjectes, marginaux, et pathologiques de certains individus, bien avant que des doctrines ne les aient “normalisés” pour en faire des lignes de conduite pour des collectivités, sont, par delà la complexité de leurs prétextes et de leurs justifications historiques, qui tendent à nous éloigner du constat de ce qui demeure leur “essence”, les deux pôles extrêmes de la détermination d’un même axe de comportement, celui du “sectarisme”.

Ainsi, tant que ces façons d’être et de faire étaient celles injustifiables d’individus, elles furent condamnées par les sociétés. Mais ce caractère condamnable fut absous dans ces doctrines, une fois qu’à partir de faits historiques dont les sociétés mêmes où elles naquirent, furent victimes, faits auxquels ces sociétés n’eurent alors pas le génie de s’opposer autrement, ces comportements trouvèrent une fonction et furent ainsi justifiés à l’aide de cyniques constructions intellectuelles mensongères. C’est ainsi que ces doctrines firent soudainement passer ces façons d’être et de faire, du statut de vices personnels, à celui de vertus collectives.

Toute la facilité qui est celle de certains à recruter à l’aide de doctrines extrémistes, tient dans cette commodité qui consiste pour ceux qui y adhèrent, à ne plus avoir nullement besoin de s’acquérir de quelque vertu au prix de l’effort et de l’abnégation, puisque la doctrine se charge elle-même de transformer en vertus, les pires défauts de ses convertis.

Sionisme et nazisme constituent donc les deux pôles correspondant à deux tendances opposées d’une même démarche sectaire qui, sous des emballages doctrinaux faisant prétextes de l’histoire, de la politique, de la religion, ou de la race, se justifient selon cette opposition, par une “culture” de l’homme pour l’un, et par une “nature” de l’homme, pour l’autre.

Pour comprendre la réalisation de cette opposition nazisme-sionisme, selon la dualité “nature-culture”, observons déjà que l’acte de culture constitue fondamentalement un acte “contre nature”, et ceci, selon la double acception contradictoire du terme “contre” qui évoque tout à la fois “l’opposition”, comme le fait d’être contre une idée, et “l’accompagnement”, comme le fait d’être blotti contre l’être aimé.

Ainsi, selon l’implication effective de ce mot “contre”, qui est en fait la “contrainte”, et selon sa double acception d’opposition et d’accompagnement, l’acte de culture consiste, soit en la “répression” d’une disposition naturelle dont l’expression excessive pose problème, soit au contraire en “l’exploitation” au-delà de sa valeur initiale, d’une disposition naturelle dont l’expression se montre favorable. Dans ce sens, s’empêcher de commettre ce qui est socialement jugé délictueux, et s’obliger à accomplir ce qui est socialement jugé vertueux, constituent les deux procédures de notre culture par lesquelles nous contraignons notre nature.

Il y a donc bien une opposition entre nature et culture, lesquelles constituent cependant conjointement, des qualités immanquables de l’humain. Ceci, de sorte que le sectarisme de celui-ci se réalise fatalement selon deux pôles opposés afin de sa “détermination”, un naturel, et un culturel. Il apparait de tout cela que justifiés au prétexte culturel, la “religion” pour l’un, et au prétexte naturel, la “race” pour l’autre, sionisme et nazisme constituent bien les deux expressions opposées de ce que par leur extrémisme il convient de dire, “l’hypersectarisme”.

En effet, ce qui les identifie selon leur extrémisme comme étant bien les deux pôles opposés de l’hypersectarisme, c’est que ces deux doctrines prônant la suprématie de leur clan sur les autres catégories d’humains, s’établissent selon un “triptyque” diabolique qui n’offre aucune possibilité à quelque autre doctrine de pouvoir se positionner au-delà d’elles, à savoir :

1. Que les autres soient privés, afin que nous puissions posséder.

2. Que les autres soient empêchés, afin de notre liberté.

3. Que périssent les autres, afin de notre sécurité.

Disons tout de suite que l’égoïsme morbide et intégral, le manque total d’empathie, et le mépris profond des autres humains, constituent les accompagnements comportementaux logiques de ces doctrines totalement malfaisantes, selon lesquelles se trouvent justifiés de la façon la plus cynique, le vol, la privation de liberté, et le meurtre, des autres...

C’est en effet pour s’acquérir une terre sur laquelle ils se prétendent un droit définitif, au nom de leur religion, donc de leur “culture”, que les sionistes contestent aux Palestiniens qui y sont établis depuis toujours, le droit d’y demeurer légitimement, tout comme c’était pour s’acquérir des espaces sur lesquels ils revendiquaient un droit exigé par la sélection naturelle, au nom de la supériorité de leur race, donc de leur “nature”, que les nazis entreprirent d’envahir l’empire soviétique, et d’en chasser autant que possible les habitants.

C’est pour s’assurer de pouvoir aller librement et sans risque, dans les zones occupées, donc pour s’assurer de leur liberté, que les sionistes ont incarcéré tout un peuple en le privant totalement quant à lui, de la sienne, tout comme l’ont fait les nazis qui dans les zones occupées, on constitué de gigantesques camps, pour y incarcérer bien avant qu’ils n’aient fait quoi que ce soit en ce sens, tous ceux qui auraient pu constituer un obstacle à leur entreprise.

C’est parce qu’ils craignent pour leur sécurité, que les sionistes massacrent sans la moindre retenue, un maximum de ceux qui n’acceptent par cette occupation criminelle, illégitime et illégale, de leur territoire, par des représailles massives et meurtrières, et qu’ils s’emploient aussi à massacrer lors d’opérations préventives, alors même que rien ne leur a encore été fait, et c’est en ce sens qu’ils se proposent en toute obscénité d’attaquer l’Iran, dans une guerre dont il est facile de comprendre tout ce qu’elle aura de dramatique. Et cette façon de tuer préventivement, ils la partagent bel et bien et tristement avec les nazis, pour lesquels il fallait tuer préventivement les juifs, pour se mettre définitivement à l’abri de leurs menées.
Bien sûr, ces doctrines malfaisantes sont basées l’une et l’autre sur d’ignobles et grotesques supercheries, celle des sionistes consistant à dire :

“ Il n’y a qu’un seul dieu, le nôtre...”

Il est clair que “l’universalité” proclamée de Dieu ( il n’y en a qu’un seul ), et la “spécificité” proclamée de Dieu ( c’est le nôtre ), dans le même énoncé, cette façon de superposer deux qualités définitivement inconciliables, l’universalité et la spécificité, pour les prétendre en un même fait, ne constitue pas simplement un “non sens” grotesque qui prêterait à rire, si les conséquences de cette affirmation n’avaient pas été aussi dramatiques depuis plus de trois mille cinq cents ans, mais elle montre clairement qu’à l’origine de tout ce baratin, il n’y a rien d’autre qu’une volonté crapuleuse de domination.

Ce qu’il faut bien comprendre ici d’un point de vue fondamental, c’est que par rapport à ce que nous concevons comme étant une “transcendance”, c’est-à-dire une “métaphysique” qui les solidarisant en elle-même, se trouve établie par delà toutes les spécificités formelles, autrement dit, “physiques”, d’une pluralité d’êtres que précisément par le fait, elle transcende, et c’est bien ce dont il s’agit concernant ce que nous concevons comme étant “Dieu”, il ne peut pas y avoir de “catégories” dans ce dont elle constitue la transcendance, précisément par cela même.

Ainsi en est-il par exemple d’un “couple”, lequel constitue bien une métaphysique immatérielle, qui transcende les spécificités de l’homme et de la femme qu’il solidarise en lui-même, et qui ignore par ce fait les catégories différentes que constituent selon leur spécificité, cet homme et cette femme. Il tombe en effet sous le sens que ce couple ne peut pas être davantage celui de l’homme plus que celui de la femme, de telle sorte que celui-ci pourrait dire à la façon des sionistes : “il n’est qu’un seul couple, le mien”, en déniant ainsi à sa compagne, une position forcément “mécaniquement” identique, par rapport à celui-ci.

Comme le comprenaient bien les anciens qui identifiaient un dieu de la maisonnée, un de la cité, un de la nation, et un de tout l’univers, il s’agit bien en toutes ces métaphysiques de regroupements d’êtres, le couple, la famille, la cité la nation et notre humanité tout entière, tout simplement de différents degrés de transcendance de singularités spécifiques, qui par leur fait même, gomment justement ces spécificités, de sorte qu’aucune des parties transcendées, ne peut se revendiquer d’une quelconque primauté par rapport à leur transcendance.

Si donc il existe bien un dieu des sionistes, ce dieu raciste, sectaire, belliciste et jaloux, qui se trouve ainsi décrit dans de nombreux passages des écritures, et qui est bien leur dieu à eux que nous leur abandonnons, toute la supercherie aura consisté à faire passer ce dieu nazi, pour être le “Dieu universel”, celui de notre humanité tout entière, celui qui transcende “tout”, et qui pour cette raison est décrit comme étant le “Dieu unique”.

Ce qu’il faut bien comprendre ici, c’est que cette qualité de Dieu unique, correspond au fait qu’il s’agit de la transcendance suprême, le dieu de tout, et qu’il ne peut bien sûr il n’y en avoir qu’un. Il s’agit donc du dieu de toute notre humanité, duquel aucune catégorie d’homme ne peut se prévaloir davantage que les autres, qui est donc “unique” en tant que dieu de tout et de tout le monde, mais qui n’est évidemment pas unique simplement en tant que dieu, ce qui n’a aucun sens, puisque la simple constitution ne serait-ce que d’un couple, suffit déjà au fait d’un dieu. De la même façon, lorsque nous disons d’un individu qu’il est unique, c’est pour préciser son “exception”, mais bien sûr pas pour le proclamer seul au monde.

Il est donc plus que temps de mettre fin à cette escroquerie millénaire en comprenant qu’il existe bien un dieu des sionistes, mais qui n’est absolument pas le “Dieu unique”, ce dieu suprême qui quant à lui, n’est pas et ne peut pas être davantage le dieu de cette catégorie d’hommes que celui d’autres, puisque en son fait, ces catégories n’existent justement pas.

Partant de là, il nous faut mettre également fin à la persistance de ces deux autres piliers de l’escroquerie sioniste que sont les concepts de “terre promise”, et de “peuple élu”, et dont nous comprendrons qu’ils se trouvent de façon dramatique, à l’origine des trois mille cinq cents ans de persécution que les tenants de cette croyance auront eu à subir de la part des autres peuples, pour leur plus grand malheur, et qu’ils les vouent à en subir encore davantage.

En fait, c’est d’une incompréhension aux implications dévastatrices, ainsi que nous pouvons le constater, des enseignements qui furent transmis aux hébreux par les grands sages de l’Egypte ancienne, et auxquels ceux-ci ont maladroitement mêlés des concepts hérités de leurs traditions claniques, que nous devons toutes les incohérences qui sont demeurées jusqu’à aujourd’hui, dans les comptes-rendus que ceux-ci ont fait de la “grande Tradition ésotérique”, dans un ouvrage passant pour être “le Livre”, de référence.

A l’origine de cette falsification, il y a le fait qu’à la différence des Egyptiens qui possédaient les fameux “hiéroglyphes”, les Hébreux ne disposaient pas d’une écriture sacrée, telle que celle-ci se doit d’être idéographique, et non pas phonétique. Ceci, afin de transmettre les enseignements dans une forme à l’abri des dommages du temps, c’est-à-dire qui évite les altérations sémantiques de termes utilisés, découlant fatalement des altérations phonétiques des mots, qui se produisent selon une “usure” du langage due à son “usage”, que les linguistes appellent les “rotations” du langage. Car, ces altérations réduisent fatalement tout énoncé, serait-il le plus sérieux et le plus scientifique, au niveau d’une “légende”.

Le terme français “légende”, vient du latin “legenda”, qui signifie “ce qui doit être lu”. Les anciens désignaient ainsi la transmission des enseignements selon une “tradition écrite”, pour bien la différencier de “ce qui doit être entendu”, c’est à dire la transmission des enseignements selon une “tradition orale”.

Car, si en effet la seconde présente de toute évidence l’inconvénient de bien trop limiter le volume de connaissance pouvant être ainsi transmis, la première présente quant à elle le risque insoupçonné de provoquer, si des précautions ne sont par prise pour sa rédaction, une altération du sens des enseignements. C’est d’ailleurs précisément ce qui s’est produit concernant beaucoup de “légendes”, selon le sens que nous donnons aujourd’hui à ce terme, et dont nous sommes bien éloignés a priori de soupçonner, qu’il s’agissait à l’origine de celles-ci, d’énoncés scientifiques, comme ceux du chapitre dit de la “genèse”, dans la bible.

Le problème de ces légendes, c’est qu’elles ne furent pas rédigées sous une forme permettant le maintien de l’authenticité de leur enseignement dans le temps, ce qui ne peut se faire que selon une écriture “sacrée”, idéographique et non phonétique, dite selon ce caractère sacré “hiéroglyphique”, et qui par le fait, est “secrète”, en ce sens que les mots du langage n’y sont pas explicites. Tel est le cas bien sûr, des fameux hiéroglyphes égyptiens, cette écriture qui comme les pyramides, défie le temps.

Car, l’écriture courante qui est dite en ce sens “cursive”, consiste quant à elle en la représentation graphique, à l’aide d’un système alphabétique, de la phonétique du langage. Or, c’est bien cette phonétique qui pose problème parce que le “babélisme”, ce phénomène d’altération du langage par son usage “au cours” du temps, et auquel nous devons la pluralité des langues qui résultent toutes de l’altération du langage humain de notre espèce “homo”, dont elles ne constituent en fait que différentes “époques”, provoque une altération cyclique du rapport de la phonétique à la sémantique des termes.

Ce qu’il nous faut comprendre ici, c’est que “le temps” provoque fatalement une “altération” de tout ce qui se trouve mis en usage selon lui, et qui en constitue la marque même, de sorte que dans une tradition orale, il se produit une altération de la phonétique des mots traduisant nos concepts, selon les fameuses “rotations du langage”, qui ne sont en fait rien d’autre que ce que la grande Tradition nous enseigne comme étant la “ Tour de Babel”. Cependant, c’est ainsi altérés que les mots peuvent conserver leur sens, de telle sorte que d’une façon totalement inattendue, une tradition orale sera plus fidèle à ses enseignements, qu’une tradition écrite en cursive, et qui se trouvera fatalement transformée en une légende. Car dans ce cas, il se produit alors une altération, non pas de la phonétique des mots, puisque celle-ci se trouve justement consignée, mais du sens de ces mots qui ainsi consignés depuis une époque si lointaine, n’ont plus la signification qu’ils avaient à cette époque.

Partant de là, dès lors que l’on se trouve ne présence d’une tradition écrite rédigée en cursive à partir d’une tradition orale, et tel est le cas de “la Bible”, il faut prendre conscience que nous sommes en présence de ce qui, par une altération de la sémantique des termes, est devenue une “légende”, et dont il nous importe alors par delà ses aspects merveilleux, d’en retrouver la signification d’origine.

C’est donc, telle qu’elle se produit fatalement, à une altération cyclique du sens d’un enseignement consigné selon une écriture cursive, que nous devons ce qui fut au départ, une falsification involontaire, pour devenir une véritable escroquerie par l’exploitation de celle-ci, avec le concept de “terre promise”, selon lequel les sionistes prétendent que Dieu leur a fait la faveur de leur destiner et pour eux seuls, la terre de Palestine.

Comprenons ici que l’évolution “sémantique” d’un terme, à “phonétique” constante, s’opère selon la suite “cyclique” d’une pluralité d’acceptions différentes pour ce même terme, mais qui demeurent cependant cohérentes comme constituant différents aspects, dont l’un d’entre eux constitue à ce moment l’aspect principal, de l’objet décrit.

Il existe donc forcément plusieurs acceptions différentes, même si elles demeurent cohérentes, du mot “erets”, par lequel les hébreux ont traduit un concept égyptien, relatif selon le sémantème “ar” dont il contient la forme déclinée “er”, à la “cause de ce qui fait 1”.

Nous traduisons cet “erets” en français, par le mot “terre”, selon une de ses acceptions, mais qui n’est pas celle qu’il faut retenir dans le concept de “terre promise”, et c’est sur cette subtilité que vont jouer les faussaires, pour réduire un énoncé à portée universaliste positive, à un énoncé sectaire démoniaque.

Précisons tout de suite que les rapports entre les mots étant logiquement constants, quelle que soit la langue, il n’est pas nécessaire pour traiter de cette affaire, d’en revenir aux appellations des objets dans les langues d’origine, et que ces rapports peuvent être simplement établis entre leurs traductions en français...

“Ar”, désigne la forme “en avoir”, de ce qui fait “1”, et “er” la forme “en quête”, de ce qui fait “1”. Le rapport de ces deux sémantèmes avec la notion de “terre” réside dans le fait que nous sommes dans un “univers”, c’est-à-dire dans un ensemble de faits régis par la “tendance objective” de ceux-ci à ne plus en former “qu’un”, selon la signification fondamentale de “uni-versus”.

Ceci signifie que c’est selon un seul et même exercice, précisément celui “d’univers”, cet exercice gravitationnel provoquant le rassemblement centripète de parties en un “tout”, que tous les faits se trouvent constitués comme étant “1”, autrement dit “comme un”. Ceci, étant bien entendu que ne peut être strictement “1”, que ce qui ne se trouve en rien “partiel” de quoi que ce soit d’autre d’au-delà de lui. Il s’agit alors du “Tout”, fait au-delà de “tout”, tel que selon le fait d’univers, il nous détermine logiquement à lui, et qui n’est rien d’autre que ce que nous désignons justement par “l’au-delà”, et en lequel nous sommes mécaniquement tous voués à ne plus faire “qu’un”.

C’est en réalité le “fait gravitationnel” selon lequel tous les faits formels se trouvent constitués comme des “entiers”, et qui constitue ainsi la “tendance à l’entier”, et dont la manifestation la plus immédiate consiste en le fait des objets tombant par terre, qui se trouve décrit à l’origine par le mot “terre”, notre “Terre” ayant ainsi été nommée par les anciens, tout simplement parce qu’elle manifestait constamment cet exercice de terre.

Mais, comprenons bien que lorsque dans les écritures il est dit que Dieu à fait l’homme “de terre”, il ne s’agit évidemment pas par ce mot “terre”, du matériau qui se trouve ainsi décrit, les anciens n’étaient tout de même pas aussi stupides que cela. Il s’agit en fait du “principe de l’entier” qui se trouve décrit par “fait de terre”, pour signifier que l’au-delà transcendant, qui est en réalité “l’Amon” des Egyptiens, mais qui se trouve dans la bible improprement désigné par “Dieu”, lequel en est l’aspect contraire, et qui nous détermine à nous fondre en lui, a fait que l’homme s’est réalisé “à son image”, c’est à dire “comme un”, puisque l’Amon est “Un”, autrement dit comme un “entier indivis” ou encore, un “individu”.

Toute notre difficulté d’aujourd’hui vient du fait que les Hébreux ont eu à transmettre un enseignement provenant des Egyptiens et auquel il n’ont visiblement pas compris grand chose, et qu’ils y ont maladroitement, ou intentionnellement, mêlé des considérations propres à leur clan totalement en opposition à l’esprit authentiquement religieux, donc “universaliste”, des enseignements d’origine, et il nous faut maintenant démêler tout cela, pour en séparer le vrai du faux.

Dans cette compréhension des chose, la “terre promise”, c’est “l’au-delà” auquel nous sommes voués, le lieu du “Tout”, autrement dit de l’entier intégral, la “terre” par excellence, qui est alors “promise”, en ce sens que sur un plan temporel, il s’agit de l’au-delà de “l’actuel” qui est par définition “futur”, et donc de ce qui “n’est” jamais, mais qui toujours “sera”.

Il ne s’agit en fait de rien d’autre en cette “terre promise”, qui notons le bien, est d’ailleurs forcément promise à tous les humains, et pas seulement au sionistes comme le prétendent ces faussaires, de ce que nous désignons autrement comme étant le “Paradis”. Ceci, selon le sens fondamental du mot “para-deisos” qui décrit “l’enceinte sacrée des dieux”, qui est ce lieu “d’éternité” situé en l’au-delà, et concernant lequel on parle improprement de “vie éternelle”, alors que justement rien n’y “est”, mais d’où tout “se peut”, et duquel l’humain s’est réalisé par une “chute” de potentiel, de ce lieu de sa “potentialité éternelle”, à celui de sa “réalité temporelle” selon laquelle il est fait mortel.

Notons à cette occasion que c’est bien cette vocation de l’humain, constitué comme un entier indivis, autrement dit comme un “tout”, et voué à se fondre dans “le Tout”, autrement dit dans “l’Amon”, qui se trouve évoqué dans la grande Tradition ésotérique par “Ad-Amon”, rapporté dans la Bible comme étant “Adam”, et présenté maladroitement comme étant le premier homme, alors qu’il s’agit en réalité de ce qui est “premier” à l’homme, autrement dit, de son “principe”.

Il s’agit alors en ce principe, de celui de “l’erreur”, dont cet Adam fut rendu coupable. Car cette erreur constitue en effet la nécessité pour qu’il puisse se développer du “temps”, en provoquant un manquement à “l’exactitude”. Ceci, selon le sens fondamental de “ex-actus”, qui désigne ce qui ne relevant d’aucun acte, se situe ainsi hors “d’actualité”, donc hors du temps. C’est donc bien ce principe de l’erreur qui nous à faits hommes, qui nous condamne à devoir affronter des difficultés tout au long de notre existence, justement pour que nous puissions par l’ensemble de nos actes, faire en sorte “qu’il se passe” par et pour nous, pour être et demeurer dans le temps, et par cela, que nous puissions “exister”...

Comme nous le constatons, nous sommes avec ce concept de “Paradis”, lieu de l’unité universelle, et donc de la terre par excellence, promise à tous les humains, bien éloignés de la falsification des enseignements des origines, opérée par les “sectateurs” Hébreux, reprise et aggravée par les sionistes. Car selon cette falsification, ils se font promettre par leur dieu raciste, au-delà même de la terre de Palestine, l’ensemble des terres comprise du Nil jusqu’à l’Euphrate, lesquelles ont constitué des siècles durant, les espaces de leur errance et de leur divagation, et dont quelques mabouls exaltés en ayant fait le projet dit de “grand Israel”, n’hésitent pas à mettre en péril la paix du monde entier, afin de sa réalisation.

Cependant, les traces de cette falsification sont inscrites dans le terme “erets” lui-même, puisque “er” est une forme déclinée de “ar” qui, de l’Arménie jusqu’à l’Armorique, en passant par l’Aram, l’Arcadie, et combien d’autres, désigne bien dans une de ses acceptions, un espace terrestre délimité mais déjà possédé, alors que “er” désigne la quête d’un tel espace. Il se trouve alors lié à “ets”, qui dans son acception la plus courante désigne “l’arbre”, mais dont des acceptions cohérentes signifient entre autres, la lignée, et le “gain”.

Erets signifie donc dès le départ, non pas une terre qu’on occupe depuis ses ancêtres, mais la quête d’un gain de terre, le projet de conquête territoriale, qui correspond bien au projet sioniste, et si comme ceux-ci le prétendent, il était véritablement question en la terre de Palestine, de celle de leurs ancêtres, son libellé aurait possédé, même si les voyelles ne sont pas notée, mais selon la tradition orale, le préfixe “ar”, et certainement pas une justification selon “erets”.

Quant à la prétention de constituer un peuple “élu” de Dieu, il s’agit bien sûr d’une aberration totale, mais qui procède de façon dramatique, de la “malédiction” dans laquelle les grands prêtres thébains qui avaient maille à tirer avec les Hébreux, parce que ceux-ci ont hébergé ce qui constituait selon eux, l’hérésie de Moïse, ce prince égyptien descendant d’Akhenaton, ont plongé depuis plus trois mille cinq cent ans, ces Hébreux, et tous ceux qui se réclament de leur héritage...

Le messie qu’ils attendent depuis si longtemps et qui s’en viendra libérer les Juifs de ce “piège métaphysique”, leur expliquera tout simplement que “Juifs”, ils ne le sont pas, qu’ils ne l’on jamais été et qu’ils ne peuvent pas l’être, que cela n’a aucun sens, et ceci suffira à leur libération...

Mais il faudrait de longues pages pour pouvoir expliciter correctement tout cela...
Une prochaine fois peut-être...


Paris, le 31 mai 2013
Richard Pulvar