vendredi 30 mars 2012

LA LEGENDAIRE PAPESSE, NE DEVRAIT-ELLE PAS DEVENIR UNE REALITE ?




Cette histoire de la papesse “Jeanne”, fut relatée des siècles durant par l’église catholique elle-même, avant que des recherches approfondies parviennent à montrer qu’il ne s’agissait en fait que d’une légende. Cependant, certains continuent à y croire dur comme fer.

C’est l’histoire, dans les temps moyenâgeux, d’une jeune femme anglaise, désireuse de faire des études, ce qui, hors les gens de la noblesse, n’était guère possible que pour ceux du clergé, et qui travestie en homme, parvint à devenir moine. Partie d’Angleterre, elle fut connue sur le continent sous le nom de “Jean l’anglais”.

Très douée pour les études, son érudition la conduisit jusqu’à la curie de Rome, où; gravissant les échelons, elle fut nommée cardinal, puis, selon la légende, pape, par acclamation.
Elle était très appréciée par le peuple de Rome, mais au bout de deux ans, un des cardinaux plus observateur que les autres, et convaincu de ce qu’elle était réellement, parvint à la séduire, et bien sûr, elle se retrouva enceinte...

La suite de la légende est beaucoup moins passionnante, puisque démasquée, elle fut lapidée pour les uns, alors que d’autres affirment qu’elle mourut en couches...
Bien qu’il ne s’agisse que d’une légende, une statue la représentant en papesse, portant dans ses bras un bébé, fut érigée sur le lieu supposé de son décès.

Il semble que l’origine de la légende soit dans le fait du pape Jean VIII, nommé pape en 872, et que par dérision, ses adversaires nommèrent “papesse”, à cause de la faiblesse qu’on prétend qu’il manifesta, face à l’église de Constantinople.

Compte tenu de l’époque, le moyen âge, le fait d’une femme étant parvenue par une supercherie, à s’imposer au Saint Siège, ne pouvait relever pour les gens de l’époque, que de la sorcellerie, d’où le sort qui lui fut réservé. Mais ce qui est le plus surprenant dans cette affaire, c’est que même à notre époque, l’idée qu’une femme puisse effectuer son sacerdoce, puis parvenir à la curie de Rome selon les procédures classiques, pour finalement être nommée “pape”, parait encore totalement invraisemblable, et de fait, il est certain qu’un tel événement n’est pas à la veille de se produire...

Il serait alors faux de croire qu’il s’agit simplement là, d’un archaïsme, parce que tout au contraire, dans des époques bien plus lointaines encore, des femmes ont eu des fonctions bien plus importantes, voire même dans certaines sociétés matriarcales, les plus importantes, dans le ministère des cultes.

En réalité, indépendamment de l’époque, c’est bien dans cet enseignement religieux lui-même, celui dont un travestissement de l’enseignement égyptien originel, par les Hébreux, qui y mêlèrent leur tradition profondément patriarcale, et par le fait fatalement “machiste”, a fait d’une prétendue première femme, la porteuse d’un malheur universel, enseignement qui comme tel, va profondément façonner cette civilisation occidentale, qui explique la constance et la persistance de cette attitude.

Cependant, le fait géniteur étant plus visiblement féminin, c’est tout à fait logiquement que le concept d’une “déesse mère”, ou si l’on préfère, de “Dieu la mère”, qui se trouve à l’origine de tout, donc comme justification de l’existence, a précédé celui d’un “Dieu le père”. C’est d’ailleurs ce concept de la déesse mère, qui se trouve à l’origine du fameux mystère de la “vierge”.

A l’origine en effet, le concept de la vierge ne faisait nullement référence à la notion de “virginité”, tel que dans un sens dévoyé, nous comprenons actuellement ce terme, mais tout au contraire à celle de “fécondité”. Le Mystère résidait alors dans le fait que la déesse mère à l’origine de tout, était par la force des choses, “autoféconde”, ce qui ne manquait pas de subjuguer les anciens.

Et c’est bien cette fécondité, et non pas une virginité dont ils n’avaient rien à faire, puisqu’elle ne produit rien, et qui n’a de valeur que dans les sociétés machistes, qu’ils célébraient dans cette déesse mère. Ainsi, la période des récoltes était-elle dite, période de la “vierge”, et c’est elle qui a donné son nom, à la constellation d’étoiles dont la position dans le ciel signifiait aux anciens, qu’ils étaient parvenus à cette époque.

Il est remarquable que cette notion de fécondité pour la période de la vierge, laquelle donnait alors lieu pour cette raison, à une célébration, “l’augustus”, de la déesse mère, que nous continuons d’ailleurs à célébrer aujourd’hui au 15 août, selon un mot “août”, dérivé de “auguste”, a été reprise par les révolutionnaires, puisque dans le calendrier républicain, cette période porte le nom de “fructidor”.

Ainsi se trouvaient confondues à l’origine, les notions de vierge et de déesse mère, et ceci, selon le concept de Dieu la mère, dont la résonnance “métaphysique” est si puissante, que le machisme des religions du livre n’est jamais parvenu à supplanter la ferveur qui lui était consacrée, même si le culte de celle-ci se trouve camouflé aujourd’hui, sous celui de la vierge Marie.

C’est d’ailleurs, par delà la convoitise de leur richesse par Philippe le Bel, et la crainte de leur trop grande puissance, parce que sans bien sûr le dire, ils ont tenté de faire renaitre le culte de la déesse mère, que les templiers qui lui consacrèrent paradoxalement les plus beaux temples de la chrétienté, sous l’appellation de “Notre Dame”, périront sur le bûcher...

Ils entendaient ainsi renouer avec le culte de “l’Amour universel”, selon un concept de l’Egypte ancienne, c’est à dire ce qui nous détermine à nous fondre en “un”, autrement dit, en “l’Amon”, inconnaissable parce qu’il nous est “futur”, donc situé dans un “au-delà” de nous, en lequel nous sommes voués à nous fondre, et qui constitue la vraie raison de la “religion”.

Dans cette formulation, “Domina”, qui est la corrélation féminine de “Dominus”, terme par lequel se trouve désigné Dieu, montre que les templiers considéraient celle qu’ils célébraient sous couvert de Marie, non pas comme une sainte, mais bien comme une déesse. De plus ce terme domina, qui désigne la “maitresse”, évoque ce qui nous “oblige”, c’est à dire cette attraction future, de l’au-delà. Quant au terme “Notre”, il évoque bien sûr, ce qui nous est “commun”, et qui par cela nous rassemble, en nous faisant être “comme un”.

Ainsi, la fonction religieuse servait-elle bien à “ce qui nous oblige à être comme un”, c'est-à-dire la déesse mère “Nostra Domina”, que nous disons aujourd’hui “Notre Dame”, en demeurant persuadé qu’il ne s’agit que de la vierge Marie, alors que cette dernière ne fut en réalité, qu’une incarnation historique et occasionnelle, de la grande Déesse Mère, qui en eut bien d’autres telles que Isis, ou Neith, tout au cours des temps...

L’intérêt d’envisager une “papesse”, serait tout d’abord de revenir enfin à la vraie religion. Mais nous sommes ici sur un sujet on ne peut plus controversé, et même brulant en ce moment, et parler intelligemment de cette affaire, demanderait de nombreuse pages, ce qui n’est pas l’objet de cette petite communication. Nous verrons cela une autre fois,..

J’ajoute pour mémoire que j’ai déjà publié ici même, un article intitulé “ qu’est-ce que la religion ”, si cela vous intéresse...

Mais l’autre intérêt de cette papesse vaut, même pour ceux qui ne sont pas croyants et qui contestent, avec raison, le rôle de la religion dans nos sociétés.

Il s’agit de mettre fin une bonne fois, à tous ce “machisme”, hérité des religions dites “du livre”, c’est à dire du judaïsme et du christianisme, et de l’islam qui à hérité des deux. Car, c’est bien de cet “ultra machisme” sans limite, cette volonté archaïque, malsaine, et aux implications fatalement criminelles, de domination des uns par certains autres, dont il convient une bonne fois de mettre fin, si nous ne voulons pas que ce soit lui qui, par les attitudes auxquelles il nous condamnera, mettra fin à nous...


Paris, le 30 mars 2012
Richard Pulvar