samedi 19 mai 2012

SE SAVOIR FORCEMENT SOUMIS A LA “LOI”, OU LE MESSAGE DU GRAND SPHINX



Pour avoir subi tant de déceptions, nous avons tous fini par admettre confusément que, décidément, l’action des hommes politiques ne touchait pas à “l’essentiel”. Ceci, en constatant que tout au long des années qui passent, ils ne parvenaient toujours pas à nous libérer de ces mêmes difficultés récurrentes, qui nous offensent dans notre société.

Se pose alors désormais à nous, pour nous sortir de cette impasse, la question de savoir déjà, en quoi consiste très exactement cet “essentiel”, par delà le simple sentiment intuitif que nous pouvons tous en avoir, et nos avis divergents sur ce sujet.

C’est alors qu’on surprendrait beaucoup de nos contemporains, quant à cet essentiel, en leur disant que dans le caractère désormais “irréductible” qui est devenu le leur, telles que nous les affrontons, les difficultés de tous ordres qui aujourd’hui nous étreignent si durement, tant dans nos individualités que dans nos sociétés, sont dues tout simplement mais fatalement, au fait qu’étant devenus ignorants des “enseignements”, nous manquons bien souvent de nous savoir, par nos différents exercices, “fautifs” envers le “temps”.

Or, c’est pourtant très exactement, ce dont il s’agit.

En fait, ce dont il est question ici, c’est de cette obligation de satisfaire par tous nos faits et gestes, et par l’ensemble des dispositions individuelles et sociales qui sont les nôtres, aux exigences et nécessités du temps, selon une science de celui-ci, dont nos sociétés modernes ont hélas perdu la connaissance, mais qui se trouvait au cœur de “l’investigation” des grandes civilisations du passé, qui y ont consacré pour cela, de grandioses sanctuaires monumentaux, et le grand Sphinx du plateau de Gizeh, participait de l’un d’eux.

Aujourd’hui que toute la rationalité de notre époque, qui se prétend d’ailleurs et à tort, en être la seule forme, se trouve dans un échec total face aux nécessités de nos sociétés, il est venu le temps pour nous, de retrouver enfin les chemins de la “sagesse”, en renouant avec le savoir traditionnel et la pratique, des vaillants anciens...

Aux hommes se désolant de ce que le “dieu créateur”, au pouvoir sans limite, duquel rien ne pouvait échapper, n’ait pas tout simplement conçu notre monde épargné par le mal, de façon à ce que l’existence leur soit ainsi moins pénible, le grand Sphinx solidement taillé dans la pierre comme d’un seul bloc, pour pouvoir défier ainsi les siècles, était là pour leur rappeler durablement, que la “contrainte” était la condition inévitable, de “l’existence” de l’humain.

Ceci, parce qu’elle est la conséquence d’une “contradiction fondamentale universelle”, c’est à dire d’une disposition généralement insoupçonnée d’un “ordre” implacable des choses, régissant tout notre univers, c’est à dire le “cosmos”, selon la signification fondamentale de terme, et dont “l’ordre des objets célestes”, n’en est que la représentation la plus spectaculaire.

Il s’agit alors selon le cosmos, en cette “contradiction” à l’origine de leur “contrainte”, d’une contradiction de “l’exactitude”, dont procède logiquement “l’erreur”, et à laquelle les humains ne peuvent définitivement pas espérer se soustraire, tout en demeurant “vivants”.

Car, il s’agit en cette contradiction, de la disposition nécessaire des choses pour que puisse se développer par un exercice établi entre elles, ce phénomène qui est précisément “subjuguant”, en ce sens qu’il nous “oblige”, dont nous en avons la pleine conscience, mais dont le compte rendu nous demeure si difficile, et qui est ce que nous nommons “le temps”.

Ce qu’il faut comprendre dès à présent, c’est que “l’erreur”, qui résulte d’une contradiction de “l’exactitude”, ce que nous nommons tout simplement ici, la “contradiction”, constitue la condition nécessaire au développement du temps, et par là du fait des “êtres”, sous-tendus par le développement de ce temps.

Admettons en effet, et le plus simplement du monde, que si les choses se pouvaient selon l’exactitude, elles seraient dès lors “parfaites”, et ne nécessiteraient, ni de s’acquérir de quoi que ce soit, les unes des autres, ni de se défaire de quoi que ce soit, des unes vers les autres. Etant sans nécessité chacune des autres, elles ignoreraient “l’autrement” de leur état, c’est à dire qu’elle seraient “immuables”. Il ne leur adviendrait rien d’autre, et ne deviendrait rien d’autres d’elles, il ne “se passerait” donc rien entre elles, aucun événement, ni aucune transformation, rien ne bougerait ni ne changerait, ce qui revient à dire clairement, que le temps n’existerait pas.

Partant de là, comprendre une bonne fois que “l’être” se trouve condamné à “l’erreur”, précisément pour pouvoir “être”, puisque cela ne peut bien sûr se faire, que selon le “temps”, c’est comprendre l’origine de toutes nos difficultés, qui sont par le fait rendues inévitables sur cette Terre, selon des “contraintes” qui résultent de la contradiction systématique de nos tentatives d’exactitudes.

Ceci, étant entendu que lorsque nous exerçons, c’est soit pour tenter de combler un manque quelconque, soit pour tenter de nous défaire d’un excédant, et c’est donc forcément dans tous les cas, selon une tentative d’exactitude, qui dès lors, se trouve systématiquement contrariée, pour que nous puissions justement exercer. Car, il doit être également bien entendu, que nous ne pouvons “exercer”, que contre tout ce qui s’oppose à cet exercice. Ceci, en comprenant que nous ne saurions appuyer sur un mur par exemple, si ce mur se dérobait à notre exercice sur lui. Il faut donc dans tous les cas, une contradiction au développement de celui-ci, pour que notre exercice puisse avoir de la consistance.

Il s’agit en cet aspect du cosmos, du principal enseignement contenu dans ce recueil, souvent maladroit et falsifié il faut bien le dire, de la “grande Tradition ésotérique”, que nous connaissons sous l’appellation de la “Bible”. Ceci, dans le fameux épisode de la “Genèse”, où il est fait état de l’erreur fondamentale dite alors, le “péché originel”, qui explique que nous soyons mortels, et chassés du paradis de l’exactitude, qui ne connait pas la contrainte.

Ce n’est pas l’heure pour l’instant, mais nous prendrons une prochaine fois, tout le temps qu’il convient, pour de développer dans toute la richesse de ses multiples significations, cet épisode de la grande Tradition.

Pour le moment, considérons que pour le maintien de notre “être” selon le temps, nous sommes condamnés à constamment devenir “autre”, c’est à dire à parvenir à un “au-delà” de ce que nous sommes déjà, ce qui signifie que nous sommes “obligés” à l’avenir, par le temps. Ceci, selon le sens fondamental de ce en quoi consiste d’ailleurs une “ob-ligation”, c’est à dire le fait d’une “liaison” ( ligation ), “par devant” ( ob ), autrement dit, vers “l’avenir”.

C’est donc bien dans tous les cas de notre exercice, le temps qui, selon ses nécessités contradictoires, nous “oblige”. Ceci, quelque soit la complexité des péripéties de cet exercice, qu’il s’agisse alors du travail, de la création, des arts, de la recherche, de l’amour, de la guerre, ou autre, puisqu’il s’agit d’activités qui ne peuvent manquer de posséder un “ob-jet”, c’est à dire un but projeté ( jet ), par devant ( ob ), autrement dit dans “l’avenir”.

Tout objet de notre exercice étant forcément “à venir”, ceci confirme que c’est bien finalement le temps qui, selon une nécessité de notre être, et par delà toutes les manifestations occasionnelles de celles-ci, nous oblige, dans toutes nos activités.

Nous apercevons ainsi un autre aspect de la contradiction dont nous sommes pétris, selon notre “être”, puisque c’est paradoxalement par une ensemble “d’actes”, que nous tentons d’atteindre “l’ex-act”, c’est à dire ce lieu de “l’exactitude”, qui ne nécessite le fait d’aucun acte, parce qu’il se situe hors du temps, c’est à dire en “éternité”.

A l’opposé de cette éternité, d’un lieu d’exactitude situé au-delà de nous, c’est à dire au-delà de notre “être”, dans ce que nous avons coutume de nommer justement “l’au-delà”, que nous tentons d’atteindre pour l’exactitude, de notre vivant, mais auquel nous ne pouvons finalement accéder, que par le “trépas”, se situe la “temporalité”, d’un lieu de “l’actualité”, c’est à dire de l’ensemble des actes, non seulement dont nous sommes les “sujets”, c’est à dire notre “activité”, mais également de ceux dont nous sommes les objets, selon notre “passivité”.

Observons alors que dans notre collectivité, chacun de nous constitue par son être, l’objet des autres, en leur étant ainsi “futur”, ce qui les “oblige” envers lui. Ceci, de sorte que, l’ensemble des êtres d’une collectivité, constitue globalement, et principalement, ce qui oblige chacun de ses membres, autrement dit, ce par quoi le temps s’exerce sur chacun d’eux, en sous-tendant ainsi leur être.

Ainsi, contrairement à ce que certains pensent encore, une émergence de l’individu n’a pas pu précéder sa “socialisation”, de sorte que l’humain est par nécessité et dès les origines, un être “social”, et il ne peut tenter d’atteindre sa plénitude, autrement dit son “bien être”, hors de ce cadre collectif, et encore moins contre lui...

Comprenons alors que, pour que par ce temps qui nous oblige, selon notre collectivité, “il se passe” pour le mieux, pour nous, et que nous puissions tenter le “bien être”, il nous faut pour cela satisfaire pour le mieux; à ses exigences, c’est à dire à ses nécessités contradictoires, et à ce qui crée sur nous la force de détermination à devenir, donc à exercer et à agir, qui est notre socialisation.

Or, dans notre univers, la tendance à l’erreur, est une tendance naturelle systématique de “tout ce qui est”, relevant en ce sens de “l’universalité” de l’être. Il ne s’agit en fait de rien d’autre, que cette tendance que nous disons “gravitationnelle”, et que nous savons universelle, d’où le rapport de la notion d’erreur à celle de “gravité”. Car, c’est selon cette tendance que, d’une façon générale, “il se forme”, selon le rassemblement gravitationnel d’une pluralité de “parties”, en la singularité d’un “tout”. Ceci, étant entendu qu’il ne peut se constituer d’être, que “sous forme”, ce qui ne peut se faire que selon l’erreur, puisque selon l’exactitude, il ne se forme justement rien.

Dans cette compréhension des choses, la “forme” dont le caractère principal est d’être précisément “fermée”, et dont la ligne directrice de sa réalisation est dans ce sens le “cercle”, constitue selon la “courbure” de cette ligne directrice, une erreur due à une contradiction de la “droiture”, qui constitue quant à elle, la ligne représentative de l’exactitude puisque selon elle, il ne se forme pas.

C’est d’ailleurs ce qui explique qu’aucune formulation d’exactitude, ne peut rendre compte du cercle, selon le fameux problème de la quadrature impossible du cercle, puisque celui-ci procède fondamentalement de l’erreur.

Ainsi, tout dans notre univers, c’est à dire tout ce qui “est”, selon le temps, procède fondamentalement d’une tendance naturelle et systématique à l’erreur, que nous connaissons selon une expression populaire, issue des amères expériences vécues par les uns et les autres, comme étant la “loi du maximum d’emmerdements”, qui est logique de la force de gravitation universelle, selon laquelle “il se forme”.

Comprenant maintenant que la tendance naturelle et systématique à l’erreur, ne peut exercer, qu’en contradiction d’une tendance à l’exactitude qui, n’étant pas naturelle, c’est à dire ne s’imposant pas selon la seule force des choses, ne peut être qu’intentionnelle, en relevant d’une volonté déterminée à cette exactitude, inaccessible selon le temps, mais cependant nécessaire au développement occasionnel de celui-ci, pour un être concerné.

Nous sommes maintenant en mesure de comprendre quelles doivent être nos obligations envers le temps, afin que pour nous “il se passe” pour le mieux, et que nous puissions accéder au bien être, dans la poursuite d’une plénitude de nos êtres.

Nous devons tout d’abord veiller précisément “religieusement”, à nous établir et à demeurer ainsi en toutes circonstances, selon la plus parfaite cohésion sociale possible, car c’est de cette cohésion que naitra, notre détermination à l’avenir et au progrès, et surtout, que se constituera notre capacité à exercer et à agir, afin d’un règlement des difficultés auxquelles nous avons à faire face.

Nous devons d’autre part entretenir là aussi religieusement, un projet de société parfaite, autrement dit une “utopie”, qui n’est évidemment pas à atteindre, et qui ne peut pas l’être, mais qui se doit cependant être constamment poursuivie, afin que par une contradiction naturelle de notre exercice selon cette tendance d’exactitude, il puisse se développer du temps pour nos êtres, et que par cela, il puisse “se passer” pour nous, et pour le mieux.

Dans cette compréhension des choses, ce n’est qu’en nous déterminant au meilleur “avenir”, qu’il nous est possible, par la qualité de “ce qui se passe” alors en cette direction, de nous garantir le meilleur “présent”.

D’autre part, étant obligés selon le temps, nous devons veiller à éviter le définitif, c’est à dire que nous devons faire en sorte qu’il puisse toujours y avoir une “suite”, un “autrement”, et un “autre part”, possibles, à partir d’une situation donnée.

Partant de cela, il est facile de comprendre que notre torpeur actuelle, découle bel et bien fatalement, de notre “défaut” selon ces différents points, à nos obligations.

Il y a tout d’abord, la “désocialisation” dramatique de nos sociétés, qui s’est opérée sous une idéologie totalement malsaine, dite faussement d’ailleurs, “libérale”, de ségrégation, de justification des comportements égoïstes, et de la célébration de la brute prédatrice dite le “gagnant”, au détriment de l’homme socialisé, et qui en réalité a fait de nous tous, des “perdants”...

Sa nocivité totale réside dans le fait que non seulement, elle nous prive de pouvoir connaitre le bien être, mais surtout, parce qu’elle anéantit totalement, par le manque de leur détermination à un avenir défini selon leur concertation, la capacité d’exercice des individus de notre société, en les réduisant à l’immobilisme, tel que nous le constatons...

Ceci pour dire qu’il est temps d’en finir enfin, avec toutes les formes de sectarisme, avec tous les racismes, de race, de sexe, de culture, d’opinion, et de religion, pour que dans notre société enfin solidarisée, les individus puissent retrouver de la “capacité”.

Il y a ensuite, le renoncement aux exigences de “l’utopie”, selon un discours de raison totalement “castrateur”, que pour notre plus grand malheur, les partis politiques de gauche bien mal inspirés, et selon une trahison indigne de leurs idéaux, ont fait leur, et qui fait que, “il ne se passe plus rien”, puisque aucun projet d’exactitude n’est là pour solliciter et orienter notre exercice selon celle-ci, et que cet exercice ne peut plus faire l’objet d’une contradiction naturelle de sa tentative d’exactitude, permettant de lui donner de la consistance.

Hors de cette poursuite de l’utopie, établie selon la logique du temps, nous sommes condamnés à nous agiter d’une façon totalement stérile, et c’est bien ce que nous constatons.
Enfin, et ce n’est pas là, la moindre de nos obligations envers le temps, il nous faut assurer l’avenir et faire en sorte qu’il puisse y avoir suite après nous, en ne manquant pas, par un établissement malheureux de ce qui doit constituer la priorité, de faire les enfants sans lesquels il n’y a tout simplement pas d’avenir...

En fait, tout cela est finalement tout à la fois, banal et moral. Mais il se trouve qu’un des travers de nos sociétés actuelles, c’est que nos contemporains ont désormais perdu de vue, le fait que la morale ne sert pas simplement à satisfaire à un ordre préférentiel et arbitraire des choses, selon nos dispositions affectives, et dont il serait possible de se passer sans pour cela, perdre de l’efficacité productiviste, mais qu’elle est indispensable à la structuration elle-même des sociétés humaines, qui ne peuvent fonctionner correctement, sans une morale.

C’est précisément dans le but d’éviter une rupture du peuple avec ses obligations, qui aurait risqué de mettre fin à leur civilisation, que les Egyptiens bâtirent le grand Sphinx.

Ce grand Sphinx constituait alors le “simulacre” formel de “l’obligation” de l’Egypte, autrement dit, l’élément matériel par lequel s’opérait sur elle, sa soumission à la “Loi”, c’est à dire l’exercice sur elle, d’une puissante métaphysique, logique du développement du temps. Celle-ci va sous-tendre et maintenir cette brillante civilisation durant près de quatre mille ans, laquelle aurait fort bien pu continuer encore, si elle n’avait pris fin sous les attaques brutales, des Assyriens, des Perses, des Grecs, et des Romains, donc d’éléments étrangers à son fait.

Ainsi, se savoir fondamentalement soumis à la “Loi”, et par le fait, dans l’obligation absolue “d’observer”, selon les contraintes de celle-ci, telle est la toute première connaissance des choses qu’il importe aux humains d’acquérir, sous peine de se retrouver dans une incohérence qui ne peut manquer de leur être fatale.

En Egypte, le grand Sphinx était dit, “ Hor-m-akhet”, nom qui fut ensuite hellénisé en “Harmakis”, et signifiant, “Horus de l’horizon”.

Dans la sagesse égyptienne, “Hor”, dont le nom fut latinisé en “Horus”, est un dieu aux attributions si diverses, que certains spécialistes pensent que ce nom regroupe en réalité, une pluralité de divinités.

Pour ce qui nous concerne ici, c’est à dire pour son implication quant à des questions concernant le temps, nous l’envisagerons pour sa qualité de fils “d’Osiris”, cette divinité de l’au-delà, dont les égyptologues, avec la structure psychique d’homme occidental qui est la leur, pour la plupart d’entre eux, ont fait un triste dieu du royaume des morts.

Nous l’envisagerons quant à nous ici, en étant dégagés de cette vision occidentale, comme une divinité de “l’au-delà”, c’est à dire tout simplement de l’avenir, de la réapparition, et de la renaissance, en considérant que la mort n’est en fait, qu’un plongeon dans l’avenir, et que les Egyptiens n’étaient pas du tout préoccupés à ce point de la mort, comme le laisseraient penser les comptes-rendus des égyptologues, puisque celle-ci n’est qu’un passage, le “trépas”, mais qu’ils étaient en fait préoccupés, de ce qui se trouvait “au-delà” de ce trépas, “l’avenir”. Et ceci, comme tous les autres peuples de l’antiquité, y compris ceux de l’Amérique précolombienne, et on pourrait presque dire, comme tous les peuples non occidentaux.

Osiris participant comme principe de réapparition, de ce qui nous détermine à l’avenir, c’est à dire le temps, son fils Horus était quant à lui représenté sous l’aspect d’un “faucon”, qui participait d’une signification de la royauté.

Le faucon est un animal qui possède comme caractéristique particulière, une acuité visuelle absolument exceptionnelle, puisqu’elle lui permet de détecter un malheureux pigeon, situé à plusieurs kilomètres de lui, et d’en faire son “objet”, lequel selon ce que nous avons vu précédemment, lui est “futur”.

Le faucon est donc dans cette compréhension des choses, un animal capable d’envisager le “futur lointain”, autrement dit capable de “prévoir”, et c’est en ce sens qu’il symbolisait, ce qui doit être la qualité première d’un roi, ou d’un gouvernant quelconque, c’est à dire la capacité à “prévoir”.

C’est donc logiquement qu’en tant que principe de prévoyance, à charge de la royauté, Horus était apparenté à un principe d’avenir, Osiris.

L’horizon constitue la limite de ce qui nous est visible. La prévoyance consistait donc à voir au-delà de cet horizon, et c’est pour cela que la fonction de prévoyance dévolue au grand Sphinx, comme obligation à travers lui, faite au peuple égyptien uni en la personne de son “pharaon”, en faisait “Hor-m-akhet”, c’est à dire “l’Horus de l’horizon”, ou encore Harmakis. C’est d’ailleurs en ce sens qu’Horus lui-même était souvent dit, “ Horakty”.

Cependant, des initiés grecs, s’étant faits à la sagesse égyptienne, l’ont désigné selon un autre aspect de sa fonction, comme étant précisément un “sphynx”, c’est à dire ce par quoi, sous la prévoyance de son pharaon, s’opère la “contrainte” d’un peuple obligé selon le temps. Ceci, selon le mot grec “sphynge”, signifiant la contrainte, et découlant d’une forme conjuguée d’un verbe “sphyngô”, signifiant “étrangler”.

Cette contrainte se manifestait alors selon deux tendances contradictoires, d’abord, la tendance selon laquelle la pluralité des membres de ce peuple se trouvait “obligée”, à se fondre en la singularité d’un “tout”, autrement dit d’un “soleil” de cette pluralité, et dont le pharaon en était la représentation. Ceci, selon une signification de ce terme “soleil”, concernant laquelle je vous renvoie à un article publié précédemment ici même, et intitulé : “Le nouvel élu sera-t-il un président soleil...”

Dans ce sens, le grand Sphinx était précisément “orienté”, c’est à dire disposé en direction de “l’orient”, de façon à se situer à l’équinoxe, en direction du “soleil levant”. Ceci, afin qu’à travers lui, la métaphysique “solaire”, qui préside à la “solidarité” du peuple, et à son “élévation”, ou si l’on préfère, à son “éducation”, puisse s’exercer sur celui-ci avec le maximum d’efficacité.

Il s’agit là bien sûr, d’une tendance “culturelle”, aux implications “intentionnelles”, sur nos êtres, et grâce à laquelle, en étant ainsi déterminé à l’exactitude, il nous est possible d’atteindre notre “excellence”.

Cette métaphysique informelle, possède une corrélation formelle, nécessaire à son exercice sur les individus, en la tête humaine du Sphinx, qui est précisément la marque de “l’humanité” de cet animal bipède humanisé que nous disons “homme”, et telle que cette humanité s’oppose à son “animalité”.

De fait, s’oppose donc à cette tendance culturelle d’exactitude, en la contrariant, une tendance “naturelle” à l’erreur, à l’implication “gravitationnelle” sur nos êtres, c’est à dire en fait, “égoïste”, grâce à laquelle il nous est possible d’avoir “consistance”, et dont la corrélation formelle est le corps de lion, correspondant à la fonction “prédatrice” du bipède, autrement dit à son “animalité”, laquelle participe conjointement, en contradiction de son “humanité”, au fait de l’homme.

Le sphinx signifiait donc bien ainsi tel qu’en lui même, c’est à dire en tant qu’hybride homme/animal, qu’une contrainte était systématique du fait même de l’humain, par le fait que celui-ci se réalisait selon son être, d’une contradiction de ce qui l’oblige selon son humanité, c’est à dire sa détermination culturelle qui le fonde précisément en tant qu’homme, signifiée par une tête humaine, par ce qui l’oblige selon son animalité, c’est à dire sa détermination naturelle de prédateur, signifiée par un corps de lion.

D’autre part, une contrainte logique de la “condition humaine”, était due au fait que les individus de notre humanité, se trouvaient obligés dans leur faits et gestes, selon les nécessités de leur collectivité. Cette contrainte se trouvait signifié, par l’orientation du Sphinx en direction du soleil levant.

En fait, si ce grand Sphinx, simulacre formel nécessaire à l’exercice en Egypte, d’une métaphysique établissant la soumission des Egyptiens, unis derrière leur pharaon, à la Loi, n’avait existé, cette civilisation ne se serait certainement pas développée avec la magnificence que nous lui connaissons. Ceci, parce qu’il faut bien qu’il y ait une “représentation” d’une métaphysique, pour que celle-ci puisse être déterminante.

Décrire ici, la modalité exacte de la “magie” qui s’opérait par le moyen du grand Sphinx, et dont l’exercice sur le peuple égyptien, est à l’origine de sa brillante civilisation, nous entrainerait beaucoup trop loin dans des considérations assez délicates de la haute métaphysique, et bien sûr, nécessiterait des pages...Mais, je me propose là également, de vous en faire part, à l’occasion d’un prochain article, qui ne sera consacré qu’à cette question.

Cette nécessité du Sphinx afin de la civilisation égyptienne, semble donner raison à ces quelques chercheurs iconoclastes, qui, constatant que le Sphinx souffre d’une érosion beaucoup plus accentuée que les autres monuments du plateau de Gizeh, et surtout d’une érosion qui aurait selon eux été due, non pas au vent et au sable, comme c’est le cas pour ces autres monuments, mais à l’eau d’importantes précipitations, font reculer l’origine de ce mystérieux monument jusqu’aux époques où existait encore en Egypte un régime de mousson. Il faudrait donc pour cela, remonter jusqu’aux alentours de 10 000 ans avant JC, en faisant ainsi de la réalisation de ce monument, celle d’une autre grande civilisation, dont l’Egypte aurait par le fait hérité.

D’un point de vue de la métaphysique liée à ce monument, nous comprendrons qu’il n’y a pas lieu en effet, qu’il ait succédé à la réalisation de la grande pyramide de Chéops, comme l’entendent ceux qui en font une œuvre de son fils Khephren, mais bien qu’il l’ait précédé, pour justement en rendre la construction possible.

Quoi qu’il en soit, retenons surtout ici son message, à savoir que nous ne saurions être, sans avoir à faire face à l’épreuve, et que nous devons nous garder de faire injure au temps, sous peine d’anéantissement, et que la logique fonctionnelle de celui-ci nous oblige, à une ardente “socialisation”, et à la quête permanente du mieux, en vue d’une société idéale.


Paris, le 19 mai 2012
Richard Pulvar