lundi 11 juin 2012

CEUX QUE LA “REPRESENTATION” NE REPRESENTERA PAS




Il y a ceux qui se félicitent de leur victoire, et ceux qui pour faire bonne figure malgré leur amertume, suite au profond désaveu que viennent de leur infliger les citoyens de ce pays, se félicitent d’avoir cependant, échappé à l’écrasement. Et, les uns et les autres demeurent-ils ainsi convaincus, de constituer les éléments essentiels de “l’événement”.

Mais il n’en est rien du tout, car nous venons d’assister une fois de plus, à la victoire incontestable du puissant parti des “abstentionnistes”, qui avec 43% des inscrits, soit près d’un électeur sur deux, constitue de très loin, le mouvement le plus important de notre démocratie, même s’il s’agit d’un mouvement de défiance envers celle-ci.

Bien sûr, selon la logique des choses, il ne sera pas représenté, mais ceci pose alors la question du sens qu’il convient de donner à une “représentation nationale” qui ne représente qu’un citoyen de ce pays sur deux, alors qu’il est clair que c’est bien avec la totalité de ces citoyens, qu’il va pourtant falloir œuvrer, si on entend le faire efficacement.

S’il est de tradition que quelques pêcheurs à la ligne préfèrent le fil de l’onde, aux files d’attente devant les urnes, on ne saurait rapporter le niveau si important des abstentionnistes à cette catégorie de population, et il y a pour beaucoup d’entre eux en cette attitude, une autre façon, paradoxale il est vrai, d’endosser leur responsabilité civique, qui nécessite d’être bien comprise par ceux du pouvoir.

Il est aussi absolument nécessaire que ces électeurs du parti vainqueur, qui comme nous le constatons, ne rassemble en fait sur son nom, que 34% des suffrages exprimés, et qui par l’artifice du scrutin d’arrondissement, se trouve en situation d’emporter plus de 50% des sièges à l’assemblée, ne perdent surtout pas de vue, à l’heure où ils se congratulent avec l’illusion totale que la faveur dont bénéficie leur parti, correspond à une “volonté du peuple”, qu’en tout état de cause, avec 34% de 57% d’électeurs, leur parti ne représente en définitive que 19% des électeurs, soit moins d’un électeur sur cinq...!

Toute la faillite de notre “démocratie” se situe là, dans ce formalisme des procédures, qui consiste à considérer que l’ensemble des élus d’un parti politique, représentant pourtant clairement, moins d’un citoyen de ce pays sur cinq, constitue sa “représentation majoritaire”, et que dès lors, c’est en toute légitimité qu’il peut s’adonner, comme cela est de coutume sous cette cinquième république, à un exercice sans partage du pouvoir.

Il doit bien être clair à l’esprit de tous, que les redoutables épreuves auxquelles le pays devra faire face, ne permettront pas de continuer d’user avec autant de délice et de facilité, de ce mensonge...

D’autre part, nous devons considérer qu’aussi salvateur qu’ait été le “courant d’air”, qui a permis que nous soyons enfin débarrassés de l’ignoble marionnette, par la manipulation de laquelle, les puissances d’argents, les puissances étrangères, et autres lobbies malfaisants, ont contraint cinq années durant notre nation, ne suffit pas à ce que la majorité de ses citoyens s’en retrouvent “inspirés”, et qu’il nous faut autre chose que de nous débarrasser de “l’autre”, pour que nous puissions “être”.

Ceci pour dire que le champ de l’idée, ne peut continuer d’être ainsi à ce point déserté. Or, comprenons bien que si tous les concepts “majoritaires”, ceux par l’expression desquels on se fait élire, et qu’on accède ainsi au pouvoir, ont tous, sur le constat des trente années qui viennent de s’écouler, conduit à cet échec total que constitue notre actuelle situation, c’est tout simplement parce que les idées “d’exception”, nécessaires à la sortie des difficultés, ne peuvent justement pas relever d’un fait majoritaire, étant bien entendu que l’exception ne saurait constituer le commun.

Si donc les procédures démocratiques, confinent à toujours maintenir dans la “marge”, qui est logiquement la seule à pouvoir en produire, les idées d’exception, c’est la question de la capacité même de notre démocratie, à permettre la sortie des difficultés, qui se trouve alors posée. Les anciens quant à eux, avaient bien compris cette incohérence due à la faiblesse opérationnelle de la démocratie, et sous la république romaine, lorsque la situation l’imposait, on nommait un “dictateur” pour une durée limitée à un an, à charge pour lui de prendre les dispositions autrement improbables, permettant de sortir des difficultés.

Nos procédures démocratiques, basées sur le fait majoritaire, et donc fatalement commun, ne permettent en aucune façon par le formalisme de leur application “dogmatique”, que les idées réellement novatrices, puissent trouver leur cheminement dans nos sociétés. C’est ce qui nous vaut le désintérêt de nombre de nos compatriotes, pour des élections dont ils comprennent bien qu’elles n’amèneront aucun des “bouleversements” nécessaires, pour qu’il puisse s’opérer un véritable nouveau départ, en vue de la réalisation d’une nouvelle société.

En fait, il nous faut avoir l’honnêteté intellectuelle de constater aujourd’hui, que d’une façon totalement inattendue, quant à son objet proclamé, que ce dont nous souffrons aujourd’hui, c’est bel et bien et tout simplement d’une paradoxale “ dictature démocratique”, basée sur l’idée fausse selon laquelle la vérité constituerait forcément, une qualité du nombre.

En réalité les majorités se trompent, elles se trompent souvent, et quand elles le font, c’est lourdement, et malheureusement, durablement...

Ceux du plus grand nombre auront-ils la sagesse au moins de s’enquérir, même si c’est pour ne point s’en faire, de l’avis des moins nombreux ? Rien n’est moins certain...


Paris, le 11 juin 2012
Richard Pulvar

DE LA GAUCHE “CAVIAR” A LA GAUCHE “PETARD”, OU EST DONC PASSEE L’IDEE DE “PROGRES” ?




Plusieurs parutions de ces derniers jours confirment ce que nous savions déjà tous confusément, à savoir que les nombreuses “frasques” de l’ex-patron du FMI étaient connues, non seulement des services qui l’avaient interpelé dans des situations “bizarres”, mais aussi des camarades de son parti, dont certains, mis en cause avec lui dans l’affaire du Carlton, étaient ses compagnons d’aventures...

Il s’agit là des mœurs dissolues et des faiblesses d’un homme, faillible comme nous tous, et qui au départ, relèvent davantage encore de la psychologie des profondeurs, que de la brigade des mœurs, et qui n’auraient pas nécessité de sortir de la sphère privée, s’il n’avait été, d’abord la charge qui était la sienne, et qui lui imposait d’avoir la plus grande rigueur comportementale, ensuite l’ambition qui était la sienne, d’accéder à la magistrature suprême de notre nation, et surtout, s’il n’y avait eu ce grave dérapage du Sofitel, issue prévisible de tant d’années de laisser aller.

Mais, par delà cette défaite personnelle d’un homme, là où les choses ne vont plus du tout, c’est que nombre parmi ceux de ce parti politique se réclamant cependant du “progrès”, et qui étaient parfaitement au courant de ses travers, se sont opposés vent debout à la dénonciation de son crime, et ont acclamé comme un héros, celui dont la fortune lui ayant permis de s’offrir les services des ténors de la procédure, avait conduit à sa relaxe. Ceci, dans la manifestation la plus outrancière qui soit, du déni de justice.

Ces gens ont donc couvert, en niant toutes les évidences, pour la raison que, selon les procédures, elles ne suffisaient pas à formellement l’établir, le crime odieux d’un homme fortuné, commis contre une modeste femme de ménage, sur le lieu de son travail, et tout cela, au nom de la justice, de l’égalité, et du progrès. Et c’est alors qu’ils se présentent aujourd’hui, à nos suffrages...

Dans un autre registre, mais toujours au compte de ceux qui a tue-tête, se réclament du progrès, même s’il s’agit là d’une autre formation, nous voyons aujourd’hui la promotion de l’idée selon laquelle, il n’est pas bien qu’une société continue d’encore formuler des interdits, à partir du constat historique de la nocivité totale de certains comportements, sous le prétexte que ceux-ci s’étant banalisés, il convenait de les considérer désormais comme faisant partie des mœurs habituelles, et acceptables...

Tout se passe donc, comme si “l’exigence”, celle que nous nous devons d’avoir, tant vis à vis de nous-mêmes, ce qui nous impose une extrême rigueur comportementale, que pour les sociétés que nous constituons, ce qui nous impose la plus grande vigilance, quant au respect formel des idéaux proclamés, pouvait être étrangère à l’idée de “progrès”.

En réalité, dissocier l’idée d’exigence de celle de progrès, c’est trahir cette dernière...


Paris, le 9 juin 2012
Richard Pulvar

BRISER LES MIROIRS DEFORMANTS




Ce système médiatique ne gagne son argent, qu’en servant à une clientèle particulière, qui se prétend volontiers comme étant de plein droit, la propriétaire exclusive de la nation, les images les plus négatives possibles des minorités auxquelles cette catégorie de gens, conteste précisément, leur séjour en ce pays. Ceci, afin de lui fournir taillés à sa mesure, de justes prétexte pour cette volonté d’exclusion, et lui permettre se faisant, de s’attribuer aussi facilement qu’il lui suffit de se le dire à elle-même, tous les mérites de cette société, en se dégageant symétriquement bien sûr, de toute responsabilité quant à ses échecs. Ceci, comme s’il était possible que dans une société, le fait des uns, soit indifférent au fait des autres...

Que signifierait la réussite dans une société où elle serait la même pour tous, et symétriquement, par quoi se signalerait l’échec, si nous étions tous en proie aux mêmes tourments ?

Il doit donc être bien clair une bonne fois pour toutes, que dans une société comme la nôtre, où nous sommes à ce point rendus “dépendants” les uns des autres, la réussite des uns, n’a de sens et ne s’obtient qu’au prix, sinon de la défaite des autres, le terme serait trop fort, mais pour le moins, au prix de leur “modestie”. Des lors, cette modestie ne doit pas être tenue pour infamante, car elle constitue la condition même, absolument indispensable à la réussite des premiers.

Ce qui est absolument ahurissant, c’est de voir comment tous ces crâneurs, prédateurs, et égocentriques, se lèvent le matin, se rendent aux toilettes, en se moquant pas mal de savoir par quel miracle les eaux usées sont-elles évacuées, se rendent dans leur salle de bain, en se moquant de savoir par quel miracle il y a-t-il de l’eau, préparent leur café en se moquant de savoir par quel miracle il y a-t-il de l’électricité, et quelque chose à manger, s’habillent en se moquant de savoir par quel miracle les habits sont fabriqués, transportés, et commercialisés.

Ils s’installent ensuite leur voiture en se moquant de savoir par quel miracle à-t-elle été fabriquée, puis prennent la route en se moquant de savoir par quel miracle celle-ci existe, et se trouve entretenue, et parviennent à leur bureau en se moquant de savoir par quel miracle ils disposent afin de leur travail, du courrier, du téléphone, de l’internet, de tous les services extérieurs, et surtout de tous ceux fournis par leurs collaborateurs, sans lesquels ils ne seraient absolument pas en mesure de faire le moindre geste intelligent et productif.

Ainsi, ces individus qui, sans le concours de tout ces gens pour lesquels ils n’ont qu’un profond mépris, vivraient tout simplement à poil, à la belle étoile, sans rien pour se laver, et surtout sans rien à becqueter, et ne disposerait même pas d’une feuille de papier ni d’un simple crayon, pour pouvoir prétendre leur génie, mais qui en proie à l’avidité et à la convoitise, sont parvenus à se hisser à des postes constituant leur privilège, prétendent-ils que c’est eux qui font tourner le pays, et réclament-ils pour eux-seuls les bénéfices de la globalité des actions à laquelle ils ne font que participer, comme les autres...

Le fait incontestable c’est que s’il n’était le concours, par le fait même de notre constitution en collectivités d’individus, de tous ces gens qui s’acceptent dans leur modestie, non pas par médiocrité, mais tout simplement parce qu’ils donnent à leur vie un tout autre sens que la poursuite effrénée du pouvoir et de la possession, rien, absolument rien, de la réussite de tous ces crâneurs et de ces profiteurs, ne serait possible...

Ceci pour dire qu’une société se doit d’encourager à la réussite certains de ses fils, pour son bénéfice global, et non pas pour que ces derniers se réalisent en simples profiteurs. Dès lors, leur réussite doit se constater positivement, par le bénéfice global que la société en récupère, et les vaillants doivent pouvoir se positionner de façon “positive” en disant :

“Voici ce que je suis, car voici ce que j’ai fait”.

Malheureusement, c’est justement cette détermination positive qui fait cruellement défaut aujourd’hui, où les profits énormes des uns, correspondent à la défaite totale des autres.
Dans ces conditions, les crâneurs et les profiteurs ne pouvant plus dire ce qu’ils sont, par ce qu’ils font, s’emploient alors à se positionner de façon “négative”, en disant :

“Voici ce que je ne suis pas, car voici ce que je ne fais pas”

Ainsi, pour se donner du poids par ce positionnement négatif, s’emploient-ils avec la complicité des médias, à salir autant qu’ils le peuvent et à longueur de temps, tous ceux avec lesquels ils veulent établir leur différence, en relatant à longueur d’éditoriaux, la défaite morale et sociale de certains enfants des minorités, qui depuis le berceau, n’ont pas bénéficié de l’encadrement qui aurait du faire d’eux, des hommes pleins de fierté et de responsabilité.

Or, il est bien connu que pointer du doigt le défaut de l’autre, ce n’est certainement pas pour l’aider à en sortir, et que la mise sans cesse en évidence de la défaite de certains des quartiers, est devenu le filon que s’emploient à exploiter dans leur lâcheté, les prédateurs, pour maintenir ces enfants désorientés, dans leur errance.

Dans ces conditions, le pire des dangers, c’est l’identification confuse par eux-mêmes, à cause de ce véritable “lavage de cerveau”, de ces hommes fragiles avec l’image détestable que les profiteurs leur renvoient sans cesse, en se prétendant n’en être que les miroirs.

Il faut donc briser ces miroirs déformants, qui renvoient aux minorités, des images qui permettent des généralisations outrancières, afin de priver de ressource les ressortissants de ces minorités. Ceci, à force de leur répéter par ces images, en finissant par les convaincre, qu’ils n’en possèdent pas...

C’est pourquoi, un travail de militant consiste désormais, à faire la promotion des images positives des minorités, telles que celle de cette jeune femme pilote de jet, pour que ceux des quartiers comprennent que rien ne leur est inaccessible, et pour faire à l’occasion un joyeux pied de nez à tous ces crâneurs, qui ne soupçonnent même pas, lorsqu’ils s’en vont prendre leur avion pour s’en aller traiter leurs importantes affaires, qui donc pilote cet avion...


Paris, le 3 juin 2012
Richard Pulvar