jeudi 20 janvier 2011

QUI SERONT LES NOUVEAUX FONDATEURS ?

En cette période d’incertitudes, où une frénésie s’empare déjà des milieux politiques, en vue de l’échéance de 2012, il n’est pas inutile de rappeler ici quelques “fondamentaux”, quant aux dispositions nécessaires à l’établissement d’une véritable “dynamique sociale”, susceptible de mettre en œuvre un potentiel dont une société ne peut manquer d’être dotée. Car, il est toujours possible de concevoir un programme politique qui serait à la fois exigeant, et généreux, mais celui-ci ne demeurera qu’une belle construction intellectuelle, si la société à laquelle il s’adresse, ne se trouve pas déjà dans une disposition lui permettant d’une façon générale, de simplement “exercer”, capacité fondamentale, qui n’est pas sans nécessité.

Je vous propose ici une approche “cosmologique” de cette question, qui traite de ce qu’il convient de mettre en place, pour que soit établie la capacité d’un peuple à exercer. Ses premiers paragraphes pourront sembler rébarbatifs, à ceux qui ne sont pas accoutumés à ce genre d’exercice, mais il est possible de les dépasser, pour s’en aller plus loin à l’essentiel, d’un point de vue plus particulièrement social et politique.

Les hommes qui se proposent de conduire les affaires du pays, ne pourront pas faire l’impasse quant à la question de savoir comment remettre cette république qui manifestement, se trouve à bout de souffle, en état de reprendre une saine marche vers le progrès à laquelle elle semble ainsi, avoir renoncé. Nous découvrirons que c’est dans l’idée que le pays se fait de lui-même, et dans la façon misérable dont il s’accepte, que se situe l’essentiel du problème. Ceux qui parviendront à changer cet état d’esprit, seront en ce sens, les nouveaux fondateurs.

Une société ne peut œuvrer, que si bien sûr, elle se trouve “déterminée” à cette fin, c’est à dire que si elle possède un objectif exigeant d’elle, qu’elle exerce pour y parvenir. Puisque telle est la condition de son exercice, et qu’elle ne saurait exister sans jamais exercer, ceci signifie que cette société doit être déterminée durant son existence, depuis son origine, jusqu’à sa disparition fatale, compte tenu qu’en notre monde, rien n’a vocation à l’éternité. C’est sa “détermination” sans laquelle elle n’exercerait pas, qui sous-tend du début à la fin, l’existence d’une société. Dès lors, en notant bien les deux acceptions que possède ce terme, celle spatiale de “définition”, et celle temporelle de “destination”, nous comprenons que sa détermination étant forcément établie dès son origine, puisque autrement elle n’exercerait pas, c’est corrélativement à la façon dont elle s’est trouvée constituée, sa définition, que se trouve établie, la capacité d’exercer d’une société, et par cela de devenir selon son propre exercice, jusqu’à sa destination.

Ainsi, constituant un lien transcendant le temps, entre son origine passée, et sa finalité à venir, la détermination d’une société la justifie en son “actualité”, tant dans “ce qu’elle est”, que dans “ce qu’elle fait”. Ceci correspond au fait que la “vocation” d’une société, est une “appellation” de celle-ci, reliant ce “par quoi” elle est appelée, à ce “à quoi” elle est appelée.

Tout ceci constitue un cadre théorique de raisonnement, mais il est bien évident que, compte tenu des aléas de l’histoire, celle d’une société ne saurait être réglée aussi rigidement, tout au long de son existence. Ceci, parce que ne nécessitant bien sûr de rien, pour être telle, “l’exactitude” est une disposition incompatible avec sa réalisation dans le temps, puisque cette réalisation répond justement à une nécessité. Ceci signifie que si l’exactitude se pouvait, elle serait immédiate, mais elle ne constituerait en aucune façon l’aboutissement d’une réalisation. Aucune vocation ne peut donc se réaliser selon l’exactitude.

D’autre part, ce que nous désignons comme étant le “possible”, est une disposition établie selon une pluralité d’options dont une seule se réalisera consécutivement à un “choix”. Ceci, parce que si les formes de l’instant suivant l’instant actuel, étaient strictement obligées, c’est à dire que s’il ne pouvait en aucune façon y en avoir d’autres, ceci reviendrait à dire qu’aucune condition à satisfaire préalablement, n’est nécessaire pour que ces formes soient. Celles-ci n’auraient donc aucune raison de ne pas être déjà, de sorte que dans un tel univers, tout étant immédiat, le temps n’existerait pas. Un choix de ce que doivent être leurs formes, parmi d’autres possibles, établissant la succession des instants, constitue ainsi une disposition nécessaire au développement du temps lui-même.

Or, il s’agit en ce choix, de celui qui s’opère par le simple fait de tout ce qui exerce et, concernant particulièrement le “devenir” d’une société, des décisions qui sont prises par elles, de poursuivre tel objectif plutôt que tel autre. Ceci fait qu’il arrive que les sociétés s’égarent, en se donnant un objectif incohérent avec ce que sont alors leurs véritables nécessités sociales, à cause d’un manque de pertinence quant à proclamation de leur propre identité, ou souvent, par manque d’objectif tout simplement, ruinées que sont les initiatives de leurs progressistes, par des prétextes de raison gagnant les consciences, sous la propagande des conservateurs. Elles manquent en ces situations, de satisfaire à ce à quoi elles étaient normalement vouées, telles que constituées.

Lorsque survient un tel malaise, il convient de restaurer la détermination de la société. Ceci, par le rappel de ce “pour quoi” elle est, sa finalité, en fonction de ce “par quoi” elle est, son origine. La difficulté de cette restauration, naît du fait que l’origine lointaine d’un peuple, se perd évidemment dans la nuit des temps, et que personne ne saurait davantage lui prétendre une finalité, par delà les siècles à venir. C’est donc selon le choix arbitraire d’un événement tout à fait particulier de son histoire, que se trouve proclamée son origine dès lors “mythique”, et selon une projection d’une portée pareillement limitée que se trouve proclamée sa vocation, qui ainsi est pareillement mythique, et qui doit être bien sûr logique en tant que “ce qu’il fait”, des caractères reconnus à ce peuple selon le mythe de son origine, “ce qu’il est”. Cependant, le caractère “choisi” parmi d’autres possibles, des éléments de la détermination d’un peuple, ne lui enlève ni son efficacité, ni son absolue nécessité. Car, si cette détermination est bien formulée, ce peuple exercera avec le sentiment d’être “bien né”, et d’avoir en conséquence à accomplir une mission à la dimension de ce caractère.

Tout ceci pour dire qu’une société se trouve déterminée entre un “mythe fondateur”, logique de sa constitution, qui la justifie alors dans “ce qu’elle est”, et un “mythe du progrès”, logique de sa destination, qui lui, la justifie dans “ce qu’elle fait”.

Toute la difficulté réside alors dans le choix et dans l’entretien en cours d’exercice, des éléments de cette détermination. Le mythe fondateur doit être formulé d’une manière telle qu’il n’exclut personne, car la société nécessite de la participation active et solidaire de tous, et le mythe du progrès doit être par ses promesses de mieux être, le plus attractif possible, pour que les citoyens soient alors puissamment motivés, afin de poursuivre l’objectif. Et ceci, en se moquant totalement de savoir s’il sera jamais atteint, car c’est par ce que nous mettons en œuvre dans la poursuite de cet objectif mobilisateur, que consiste l’intérêt de celui-ci.

Notre désolation actuelle tient au fait que l’ancien mythe fondateur de la métropole, “nos ancêtres les Gaulois”, n’a pas résisté à l’obsession stupide qui s’est manifestée, tant dans la métropole que dans son empire, à vouloir lui donner à tout prix, une signification ethnique. Or, quoiqu’en ont pu dire beaucoup, cette idée d’appliquer par convention, et sans distinction, un même mythe fondateur aux citoyens de toutes origines de l’empire, en se moquant ainsi de toute référence raciale, était “géniale”, mais certainement trop en avance, et par cela même, incohérente, pour cette époque.

Ce qu’il y a d’étonnant dans cette affaire, c’est que ce qui fut à l’origine de l’abandon de ce concept, c’est cette idée ahurissante qui encombre encore la cervelle de tant de gens, selon laquelle il leur serait possible de se reconnaître eux, comme étant effectivement des “descendants”, dans le sens génétique de ce terme, de si lointains ancêtres. Ainsi, nombre de Français demeurent-ils intimement convaincus, d’être génétiquement des descendants des Gaulois. Or, deux mille ans après la conquête de la Gaule dès lors romanisée, et tout au long d’une histoire de France si tourmentée, traduisant le passage de tant de hordes diverses en ce même territoire, à commencer par les “Francs”, et tout le brassage qui s’en est produit depuis, cette idée d’une filiation génétique des Gaulois aux Français, ne signifie strictement rien.

En réalité, et quoi que continuent à penser certains, les Français ne sont pas davantage descendant des Gaulois, que ceux auxquels l’attribution de ce caractère les a toujours fait rire. Ceci, même s’il est vrai que cet artifice semble moins en être un, s’agissant du rapprochement d’hommes blancs d’aujourd’hui, avec les Gaulois de l’antiquité.

Cependant, la persistance de cette conviction infondée, et les railleries dont elle a alors été le prétexte, a fait qu’il sembla confusément incohérent de faire relever les citoyens dits, “de couleur”, de l’empire, d’une même ascendance que les citoyens “blancs” de la métropole, et les premiers se sont eux-mêmes insurgés, à tort, contre cette attribution. Car il s’agissait là, d’une “convention” astucieuse, véhiculée par l’école de la république et qui, comme telle, présentait l’avantage de placer, quant à la justification de leur présence au sein de celle-ci, tous les citoyens sur un pied d’égalité, puisque d’aucun n’était en fait davantage descendant des Gaulois que les autres. Mais, certains s’étant persuadés de l’être, et s’employant pour cela à humilier les autres, cet artifice unificateur a finalement cessé d’opérer.

La décolonisation traduira, avec l’échec de cette tentative de justifier une diversité d’hommes, comme étant de plein droit les citoyens égalitaires d’une seule et même nation, toutes les outrances colonialistes qui n’auront jamais permis que cette ambition se réalise.

L’empire n’est plus, mais pour autant, le mythe fondateur justifiant par ses lointains ancêtres, la nation “telle qu’elle est”, ne fut pas restauré. Ceci, parce sous l’influence d’un parti de l’extrême, une large partie de la population a considéré que leur nation n’était précisément pas justifiable telle qu’elle était alors devenue, c’est à dire en ayant incorporé des hommes originaires de l’ancien empire, auxquels on avait déjà refusé en ces temps, l’égalité. Cependant, il restait une disposition de la loi, dite “droit du sol”, justifiant indépendamment de toute considération raciale ou autre, la présence d’un individu sur le territoire national, pour la simple et unique raison d’y être né. Ceci correspond d’ailleurs au sens fondamental du mot “nation” lui-même, qui selon l’évocation d’un fait “par naissance” de sa forme latine “natio”, désignait bien à l’origine, le fait global de “naissances” d’individus en un même lieu, la “nation” de ce lieu, individus qui se trouvaient solidarisés par cela, sous une même autorité.

Ainsi, privée d’un mythe fondateur, la nation se trouvait justifiée malgré tout par l’ensemble de ses “natifs”, auxquels il fallait donc reconnaître leur appartenance de plein droit à cette nation, autrement dit leur nationalité.

Mais, c’est ce que les racistes haineux et obsédés, étaient bien déterminés à empêcher, et leurs représentants, toujours prompts à servir les causes les plus malhonnêtes, se sont employés à défaire la loi fondatrice, en introduisant curieusement dans la définition du natif, le fait de l’être de parents déjà français, en considérant en quelque sorte que dans un autre cas, le natif ne l’était pas, et qu’il lui appartenait dès lors, d’aller se faire “naître” ailleurs.

Fort heureusement, cette loi dite “Pasqua” de 1993, supprimant l’accès à la nationalité par le seul fait de naissance, a été modifiée par la loi dite “Guigou” de 1998, mais une stricte égalité entre les natifs, n’a pas pour autant été rétablie.

Que seraient donc devenus les recalés de la nationalité selon cette loi, si elle était demeurée telle ? Hé bien tout simplement rien, puisque décidant de la nationalité française, elle ne décidait pas pour autant de la nationalité des autres pays, de façon à leur imposer de reconnaître comme étant les leurs, des individus qu’ils ne connaissaient ni d’Eve ni d’Adam. Il se serait donc constitué, au sein de la patrie, un groupe logiquement croissant “d’apatrides”, sans qu’on comprenne en quoi celle-ci s’en serait trouvée avantagée et renforcée.

Bien sûr, les imbéciles, pourtant parlementaires, qui ont concocté cette malpropreté, afin de permettre une expression légale aux bas instincts de leur clientèle, ont manqué de remarquer que si ceux qui les avaient jusqu’alors précédés dans leurs hautes responsabilités, s’étaient montrés aussi incohérents, il n’existerait tout simplement pas de peuple français, puisqu’en aucune circonstance il n’aurait pu se produire l’émergence des tout premiers Français, compte tenu que leurs parents ne l’auraient pas été. Il est vrai que cette sottise ne possède pas, heureusement pour nous, d’application rétroactive.

Revenue au pouvoir, cette gauche de “capons” que nous connaissons, qui n’a comme unique préoccupation, selon son argument alibi éculé, de ne pas faire le jeu du Front National, n’a pas selon cette philosophie, osé nous débarrasser totalement de cette insanité. Ainsi, les natifs issus de l’immigration, n’obtiennent-ils la nationalité française qu’à leur majorité. Il ne sont donc pas identifiables à la nation française jusque là, ni à aucune autre, et ne possèdent alors d’identité, que grâce à un artifice administratif dit “titre d’identité républicain”, leur permettant de circuler dans l’espace européen, et qui les réduit de fait, en une classe d’exclus, mais dans l’espace malgré tout, par la force des choses, de cette république.

Plus grave encore, le fait que les arcanes d’une administration, dont la trame de ses procédures en matière d’accession à la nationalité, comme pour d’autres démarches d’ailleurs, est tentaculaire, permet à des esprits malsains, pour ne pas dire à des “racistes”, tapis dans cet appareil de l’état, de maintenir par l’arbitraire et l’abus de pouvoir, hors de la communauté nationale, des natifs auxquels cette citoyenneté ne peut pourtant pas être refusée au nom de la loi. C’est ainsi que les travailleurs sociaux n’ont de cesse d’alerter les autorités du fait que, beaucoup de ceux qui sont présentés comme étant des “sans papiers”, sont en réalité des natifs privés des pièces administratives auxquelles ils ont droit, par des prétextes établis autour des quelques dispositions judiciaires qui permettent encore de les en priver, et qui demeurent en permanence sous la menace d’expulsion, en attendant qu’ils parviennent à faire reconnaître la pleine disposition de leurs droits civiques.

Qui peut sérieusement continuer à croire, qu’à l’heure où la concurrence furieuse qui existe entre les nations, impose à celle-ci d’exercer à 110% de leurs moyens, une nation établie selon un mythe fondateur aussi totalement et stupidement raciste que celui qui consiste à dire que, ne peuvent être français, que ceux dont les parents sont déjà français, se trouve dans les meilleures dispositions, pour faire face à cette concurrence. Ceci, alors qu’elle exclut elle-même de sa solidarité, une partie aussi importante d’elle, qui plus est, la plus jeune, contre laquelle elle s’attaque d’une façon totalement indigne, c’est à dire depuis le berceau, et dont elle exigera plus tard, après tant de suspicions, d’humiliations, et d’atteintes à sa dignité, que cette partie ainsi malmenée par elle, se reconnaisse malgré tout d’elle.

Il n’y a pas un humain sur cette Terre, pour s’accepter de bonne grâce comme étant un citoyen de seconde classe. Il préférera se voir appartenir d’une façon incontestable, à un autre groupe, serait-il moins prestigieux, plutôt que de se voir malgré lui dans un groupe où le fait d’en être marginalisé pour des raisons ayant trait à sa nature raciale, constituera pour lui une humiliation permanente.

Penser que ce sont des hommes prétendument “responsables” politiques de la nation, qui ont introduit en son sein ce ferment de division, donne une idée du désastre intellectuel et moral que celle-ci à subi, depuis les temps où elle faisait siens des hommes de toutes origines.

Tous ceux qui savent qu’il existe forcément un ordre logique des choses en notre univers, un “cosmos”, dont une des manifestations est l’ordre de la succession de ces choses, qui ne peut pas être n’importe lequel, puisqu’elles procèdent logiquement les unes des autres, comprend bien que le “ciel”, pour parler ainsi de la force implacable de la logique des choses, sera sans complaisance pour une nation qui crache comme celle-ci, sur certains de ses enfants, au prétexte qu’ils ne lui ressemblent pas.

Aujourd’hui, plus personne ne sait exactement qui est français, et surtout au nom de quoi, puisqu’il n’est pas établi pourquoi les parents de ceux reconnus comme tels, l’étaient déjà quant à eux, et ce manque de sentiment d’une appartenance incontestable à la nation française, prive cruellement celle-ci de l’enthousiasme et de l’engagement dont les hommes sont capables, quant ils se sentent bien chez eux et parmi les leurs, et qu’ils sont prêts dès lors, au plus grand sacrifice, afin de défendre “leurs fils et leurs compagnes”.

Il y a urgence, pour tous ceux qui, par cela même, seront les “nouveaux fondateurs”, de formuler un nouveau mythe fondateur de la nation française qui, selon une définition qui ne laisserait aucune chance aux racistes, de contester la présence de ceux d’une autre race que la leur au sein de cette nation, rassemblera tous ceux qui d’une façon ou d’une autre, sont appelés à œuvrer logiquement afin du meilleur de celle-ci. Il s’agit donc de tous ceux qui y vivent et qui entendent y demeurer, qu’ils soient d’ailleurs natifs, ou immigrés, parce qu’ils ont tous les uns et les autres, le même désir d’y vivre pour le mieux, objectif qu’une action publique organisant intelligemment les synergies, devrait leur permettre d’atteindre.

Sous la condition qu’une ambition nationale leur étant signifiée par les gouvernants, ils s’attachent scrupuleusement à y inscrire leur action, compte tenu que par cette conjonction de leurs intérêts particuliers en un intérêt général de la nation, ils se trouvent identifiés comme étant des "citoyens” de celle-ci, dans le sens fondamental de “civis”, c’est à dire “d’associés”, au fait de celle-ci, tous ceux qui sur son sol participent ainsi au développement de la France, sont logiquement des Français.

Ceci signifie que doivent être reconnus comme étant des Français, tous ceux qui simplement participent positivement à la réalité de la France, pour qu’il ne soit pas affiché, selon une définition restrictive de ce que sont ceux-ci, que les Français seraient à eux seuls, insuffisants à la France, et qu’il leur faudrait le concours de l’étranger, pour que soit leur pays, ce qui serait totalement ridicule.

L’autre aspect désastreux, de cette conception raciale et archaïque de notre nation, c’est qu’elle ne permet pas de l’engager dans tous ces projets ambitieux logiques de sa réalité, puisqu’en fait, celle-ci est déjà bel et bien multiraciale, comme il est facile de le constater. Ceci, alors même que cette caractéristique multiraciale est devenue extrêmement précieuse, car elle constitue désormais un avantage définitif dans l’actuelle compétition entre les nations, qui nécessite de mettre en œuvre une diversité de capacités, de volontés, et de sensibilités, qui ne peuvent évidemment pas être toutes représentées, par un groupe racial qui serait uniforme.

Il est manifeste à ce sujet, que les nations les plus efficaces et les plus dynamiques, sont multiraciales. Ainsi en est-il de ces grands empires que sont l’Inde, la Chine, et la Russie, auxquels nous manquons bien souvent d’attribuer ce caractère, parce qu’ils ont intégré cette diversité depuis longtemps, dans une solidarité politique, qui nous laisse les croire uniformes. Ainsi en est-il également de façon très évidente cette fois, de l’Amérique du nord, Etats-Unis et Canada, et des monarchies du golf qui atteignent parfois un rapport de 60% d’immigrés.

Mais il en est surtout ainsi de ces nations qui revendiquent si fièrement ce caractère, c’est à dire le Brésil, et l’Afrique du Sud, championnes incontestées de leurs continents, et qui se proposent sans complexe comme modèles, à l’heure d’un phénomène de mondialisation, dont nous comprenons bien, qu’il ne peut tendre qu’à amplifier la mixité raciale.

Face à cela, les obsessions raciales qui étreignent encore un pays comme la France, où la présidente du Front National recueille sur ces questions sensibles, près de 27% d’opinion favorable, et où, refusant d’observer ce qui se passe ailleurs, c’est à dire le succès éclatant des nations multiraciales qui s’assument comme telles, les citoyens ne veulent pas savoir que leur mentalité archaïque, est belle et bien cohérente avec la débâcle économique qu’ils subissent face à ces mêmes nations, donnent à ce pays un terrible coup de vieux. Quelle ringardise !

Notre malheur, c’est que pour avoir manqué d’en faire comme tous ces autres ont fait, un élément essentiel du dynamisme de leur nation, à cause de l’errance de nos responsables politiques tous bords confondus, désorientés dans leur désert conceptuel, la diversité raciale est fatalement devenue, ce que certains se sont acharnés à en faire, pour pouvoir justifier ainsi, leur aversion pour l’autre, la raison proclamée d’une débâcle sociale. C’est donc par elle que, avec une lâche facilité, tous les échecs de cette société, incivilité, délinquance, échec scolaire, chômage, et déficits, se trouvent expliqués.

Ainsi, après avoir détruit le fameux mythe fondateur “nos ancêtres les Gaulois”, dont, de toute évidence, seul le caractère “conventionnel”, c’est à dire dépassant la notion de race, devait être retenu, la vielle droite raciste et réactionnaire, s’est employée à détruire cette seule base réaliste de la nation que constitue le droit du sol. Et ceci, dans un pays qui jusqu’alors, était précisément dit “de terroirs”. Il est vrai qu’elle a reçu le soutien inattendu d’une gauche mal inspirée, qui a confirmé le fait migratoire comme étant une nuisance. C’est ainsi qu’un de ses leaders à dit à ce sujet et on s’en souvient, que “la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais qu’elle doit y prendre sa part”. Ainsi, pour cette gauche “défroquée”, le migrant ne restait qu’un traîne misère, et ceci, alors même que quelques années auparavant, un homme de droite cette fois, en avait fait “une chance pour la France”.

Il ne sera pas facile de remonter un tel courant de pensée aussi lamentable, pour que par la formulation d’un nouveau mythe fondateur vantant sa diversité raciale, les Français puissent se reconnaître et s’accepter selon cette réalité, et s’employer dès lors à en tirer le meilleurs profit. Ceci, à la faveur de la formulation là aussi, d’un nouveau mythe du progrès, tenant compte des opportunités formidables qui se présentent à notre époque, pour un tel pays, mais qu’une gauche intellectuellement anéantie, s’est jusqu’à ce jour, montrée totalement incapable de concevoir.

D’où viendrons donc les nouveaux fondateurs ? probablement des marges bariolées et basanées, justement, de cette société…


Paris le 18 janvier 2011
Richard Pulvar