vendredi 24 février 2012

LA SOTTISE DES RACISTES, OU L’IMCOMPREHENSION DU FAIT METAPHYSIQUE






La rude controverse qui vient d’opposer un ministre de ce gouvernement de défiance, à un député de l’outre-mer, est venu nous rappeler la persistance totalement anachronique, et en ce sens assez désespérante, de la pire des tares qui affectent notre société, c’est à dire ce “racisme” rampant, encore plus stupide qu’abjecte, et qui justement, semble si fortement coller à la peau de ceux qui en sont atteints, qu’on ne voit pas comment ils pourraient enfin parvenir à s’en débarrasser.

Pouvons-nous alors faire appel à “l’intelligence” et au simple bon sens de ces gens, pour les tirer de leur égarement ?

C’est justement en cela que réside la difficulté de cette question, car la raison première du racisme, c’est la conviction de personnes mal inspirées, établie à partir d’une connaissance extrêmement sommaire de la si dense histoire de notre humanité, et d’une ignorance totale de sa paradoxale “diversité unitaire”, d’appartenir à une catégorie d’hommes dotés par la nature, d’une capacité intellectuelle supérieure à celle d’autres catégories.

L’aspect grotesque de cette situation, c’est que ce sont précisément ces hommes qui se prétendent d’une intelligence supérieure à celle de certains autres, qui de toute évidence, ont le moins poussé leur réflexion, quant à savoir exactement en quoi consiste très précisément, ce que nous appelons “l’intelligence”, ce qui les rend incapables de comprendre à quel point leur a priori intuitif, relève ironiquement de la plus totale incohérence.

Il nous faut dire à leur décharge, qu’ils n’ont en rien été aidés dans ce sens, par ce qui fut des siècles durant, le courant de pensée largement majoritaire dans ce pays. Ceci, depuis l’époque des premiers explorateurs et missionnaires, pour lesquels la rencontre de peuples au mode de vie apparemment rudimentaire, semblait révéler, non pas une autre option culturelle, que l’option européenne de soumission de l’environnement, mais une incapacité fondamentale à pouvoir exercer comme eux. Et ce, jusqu’à la période coloniale, et même bien après celle-ci, où fut créé pour la nécessité de l’exploitation abusive de celui-ci, le “mythe du nègre”, avec tous les stéréotypes chargés de mépris, qui malheureusement perdurent jusqu’à aujourd’hui.

D’autre part, un des pires “conditionnements” qui vont renforcer la pensée raciste, fut l’erreur totale d’aiguillage que commirent dès le départ, les fondateurs de la “psychométrie”. Ceci, avec leur ambition de mesurer “l’intelligence”, comme s’il s’agissait d’un “contenu” en l’individu, autrement dit, d’un caractère réductible à sa stricte singularité, permettant ainsi d’établir un classement des individus comme étant dans l’absolu, plus ou moins “intelligents”.

Soyons conscients qu’en réalité, ce concept ne signifie strictement rien, compte tenu qu’il existe un nombre indéterminé de formes d’intelligence, qui ne peuvent être rapportées à une échelle commune de mesure, mais surtout parce que ce en quoi consiste précisément “l’intelligence”, dans le sens fondamental de la locution verbale “inter ligere”, littéralement, “entre lier”, à l’origine du terme, et désignant le fait d’établir des “liens entre” les choses, constitue un phénomène “relationnel”, à savoir la relation plus ou moins adaptée d’un “sujet”, avec son “objet”. Ceci, qu’il s’agisse alors d’un objet “formel” de son environnement, tels que tous les problèmes matériels de la vie courante qu’un individu se doit de régler pour sa survie, ou d’un objet “conceptuel”, et il s’agit alors dans ce cas pour l’individu, d’établir des liens, tels que les relations de causalité ou d’affinité, entre différents objets.

Ce qu’il nous faut comprendre dès cet instant, c’est qu’il est possible de constater la plus ou moins grande compétence d’un individu, face à un objet particulier, autrement dit, d’établir le degré d’intelligence qui se trouve alors établi entre lui et cet objet. Mais, prétendre mesurer d’une façon non spécifique à un objet particulier, ce qui serait alors une intelligence “tout objet”, autrement dit une curieuse intelligence “absolue”, qui demeurerait malgré tout de l’intelligence, même si elle ne se trouvait pas établie selon la spécificité du rapport d’un sujet et son objet, relève d’un amusant manque d’intelligence, trompant nombre de professionnels. Ceux-ci prétendent en effet jusqu’à aujourd’hui, mesurer l’intelligence d’un individu comme on mesurerait son poids sur une balance, à l’aide de cet instrument totalement ahurissant, que constitue le pourtant renommé test de “quotient intellectuel”, couramment dit le “Q.I.”.

Insistons bien ici sur le fait que la procédure de test par laquelle on prétend mesurer une intelligence “absolue”, n’est de façon totalement risible, qu’une monumentale “sottise”. Ceci, tout simplement parce qu’il n’y a justement pas “d’objet” d’intelligence, dans l’absolu. Tout cela ne signifie rien, et dès lors, prétendre qu’une panoplie de tests, est susceptible d’être équivalente à un “tout objet”, autrement dit à un “sans limite” d’objet, relève de la déraison.

Soyons clairs. Depuis que ce malheur nous est tombé dessus, il y a maintenant plus de trente années que, défiant l’intelligence des plus hautes sommités dans des laboratoires du monde entier, disposant pourtant d’une logistique impressionnante, un virus sème la mort, en utilisant des procédures de destruction de la défense immunitaire des humains, selon une intelligence dont à ce jour nous ne sommes pas encore parvenus à comprendre les procédures, ce qui nous abandonne sans défense contre lui. Devrions-nous alors dire du VIH, qu’il est plus intelligent que l’humain ? Il est facile de comprendre que cela ne signifie rien, et que le VIH opère dans un milieu où il met en œuvre une forme d’intelligence propre à sa nature, et qui nous échappe, tout comme celles que mettent en œuvre, la fourmi, la termite, ou l’abeille...

En fait, dire simplement d’un individu qu’il a de “l’intelligence”, ne possède pas davantage de sens que de dire de lui qu’il a de la “distance”, et il est clair que cette dernière proposition sous-tend immédiatement la question : distance par rapport à quoi ? Ainsi lorsque nous disons d’un individu qu’il est intelligent, c’est parce que nous constatons sa compétence quant au règlement d’un certain nombre de problèmes habituels, ce qui ne défini en rien une intelligence absolue, et ce qui, quant aux procédures mises en œuvre pour tenter de l’évaluer, ne peut manquer de s’inscrire dans un cadre culturel bien précis, quoique prétendent certains.

Comprenons bien que le vice fondamental de la procédure de mesure de l’intelligence, réside dans le fait qu’elle consiste à mesurer, non pas une “quantité”, ce qui est normalement l’objet de toute mesure, mais à établir par la mesure, une “qualité”, dont la reconnaissance comme telle, relève de son appréciation, donc d’un arbitraire, comme le beau, le sympathique, ou le séduisant. Tenterait-on ainsi de faire une mesure absolue du “beau” ?

De toutes les façons, si cette procédure de mesure de l’intelligence avait réellement un sens, elle nécessiterait de rapporter à la qualité mesurée, une qualité équivalente pour pouvoir l’étalonner. Toute la question serait alors de savoir au nom de quoi cette qualité étalon, serait-elle équivalente à celle mesurée, et supérieure ou inférieure à d’autres, autrement dit comment cette qualité étalon, a-t-elle elle même été étalonnée, si ce n’est par le narcissisme des concepteurs de tests qui ce faisant, notons le bien, se proclament par le fait capables de mesurer toutes les formes d’intelligence, et quelque soit leur niveau. On est chez les fous...!

Disons donc encore une fois, que par définition, il n’existe pas d’intelligence non spécifiée d’un individu, qui serait une intelligence absolue, et dont on pourrait ainsi faire la mesure, et que celui-ci ne peut que se trouver dans une plus ou moins grande intelligence, avec ce qui constitue alors son objet. Il existe ainsi des individus manifestant dans leur relation à l’autre, une fragilité psychique, et dont certains sont dit “autistes de haut niveau”, parce qu’ils sont en leur état, capables de prouesses intellectuelles, mais qui seraient totalement incapables de planter un clou. Ils ne sont ni plus ni moins intelligents que les autres, mais ils manifestent prioritairement, et c’est là leur problème, une forme d’intelligence “réflexive”, au détriment d’une intelligence “pratique”, leur permettant d’être socialisés...

A l’origine, cette tentative de mesure de l’intelligence partait d’un bon sentiment. Ainsi, Alfred Binet (1857-1911), ce psychologue élève de Charcot, et précurseur de ces méthodes d’évaluation, se proposait-il au départ, afin de leur bonne orientation, de mesurer les aptitudes de jeunes élèves, à faire face selon leurs dispositions, aux difficultés qu’ils auraient à affronter au cours de leur existence.

Pour totalement arbitraire, et par la force des choses, que soient les sujets retenus pour les tests d’évaluation, jusque là, la notion d’intelligence demeurait malgré tout liée à un “objet”. Le péché est venu d’une déviation totale de la finalité des tests Binet, par les Américains, pour prétendre bien quant à eux, classifier les individus selon différents degrés d’intelligence, ce qui va conduire aux tests de “quotient intellectuel”. La volonté inavouable de cette démarche, s’est pourtant clairement révélée lorsque sur la base de test, dont on prétend maladroitement, qu’ils ne sont pas liés au cadre culturel, comme s’il était possible au concepteur du test d’échapper au sien, pour conclure, et tel était bien le but de la manœuvre, que les nègres étaient globalement moins intelligents que les blancs.

Notons à cette occasion, que le professeur Albert Jacquart, le célèbre généticien, recommande que soit abandonnée la pratique de mesure de l’intelligence par le QI, constatant qu’il n’existe pas de marqueur génétique de l’intelligence, tel qu’il suffirait de faire passer un test ADN à un individu, pour pouvoir établir son niveau d’intelligence.

Ceci étant, les tests demeurent parfaitement utiles aux professionnels, pour des tas d’autres considérations quant au psychisme des individus, mais la prétention de mesurer leur intelligence, demeure une chimère.

Si donc comme nous le constatons, il ne peut exister d’intelligence absolue mesurable, précisément parce qu’absolue, ce qui revient à dire non référencée, ni de marqueur génétique de celle-ci, comment hors de mesure possible, et de justification formelle, certains peuvent-ils prétendre que ceux de leur race sont plus intelligents que ceux d’autres races ?

Il faudrait qu’ils puissent d’abord établir, que les hommes sur la surface de cette Terre, ont tous eu le même projet, puis ont bénéficié des mêmes occasions locales et historiques, pour la mise en œuvre de ce projet. Or, nous savons bien que ce n’est justement pas le cas. Et, même si tel avait été le cas, la seule conclusion qui aurait pu être tirée d’une différence de résultats, c’est que les uns se sont montrés plus efficaces que les autres, pour ce projet précis, sans pouvoir pour autant préjuger, de ce qu’il en aurait été pour un tout autre projet...

Admettons d’autre part, que ce n’est pas parce que certains, selon leur inspiration, ont mis toute leur intelligence à concevoir les armes qui leur permettraient de soumettre d’autres, lesquels ont quant à eux, mobilisé leur intelligence pour seulement pouvoir vivre sereinement, que l’écrasement des seconds par les premiers, constitue la manifestation d’une intelligence supérieure.

Toute la balourdise des racistes, qui tentent avec des théories adaptatives ahurissantes, de nous montrer que des conditions environnementales particulières auraient, au cours de l’évolution, doté l’homme blanc d’une capacité intellectuelle supérieure aux autres races, c’est de confondre stupidement ce qui relève de la physique, et ce qui relève de la métaphysique, et d’attribuer des raisons physiques, à une métaphysique, ce qui n’a absolument aucun sens.

Ainsi, toute la démarche des Européens depuis des siècles, fut de prétendre comme raison au fait de leur civilisation qui dominait alors outrageusement le reste du monde, et que pour l’occasion ils se passaient de comprendre dans la logique des enchainements historiques et culturels qui seuls, en constituent la véritable raison, une capacité supérieure de l’homme blanc par rapport aux autres races, considérations qui bien sûr aujourd’hui, prêtent à sourire, démenties qu’elles sont actuellement quotidiennement, par le développement spectaculaire de certains pays dit “émergents”, et pourtant non blancs.

C’est ainsi qu’avec une fébrilité maladive, ils se sont acharnés à mesurer des capacités crâniennes, des angles faciaux, à y aller dans tous les domaines de l’anthropométrie, à étudier les groupes sanguins, les tissus, la neurologie, la génétique, à établir des classifications, à échafauder des théories de l’influence du milieu, tout comme celle de traditions culturelles, sur le développement de l’intelligence, et ce, jusqu’à prétendre à la race blanche par certains, une lignée différente de celle des autres races de l’espèce “homo”.

Et tout cela, avec la détermination obsessionnelle de parvenir à montrer que si la civilisation occidentale dominait le monde, c’est parce qu’il se trouvait dans la physiologie même de l’homme blanc, des éléments formels le pourvoyant d’une capacité conceptuelle bien supérieure à celle des autres hommes, que cet homme blanc était donc fondamentalement supérieur à ces autres, et que partant de là, il était dans la logique des choses, pour le meilleur du devenir de notre humanité, qu’il s’impose à ces autres, et ce, pour leur bien à eux-mêmes. De plus, il convenait qu’il évite surtout de se corrompre par mésalliance, avec ceux-ci.

Et le pire dans tout cela, c’est que ces “chercheurs” ont trouvé et publié des résultats...!

Combien de notables et de sommités, du monde des sciences et de la philosophie, ont ainsi mêlé leur nom et leur réputation, à tout ce florilège de “couillonnades”.

Car, il doit être enfin bien entendu aujourd’hui, que cette démarche en elle-même, c’est à dire celle qui consiste à vouloir trouver dans un fait de “singularité”, c’est à dire la “physique” de l’individu, la raison d’un fait de “collectivité”, c’est à dire la “métaphysique” qui sous-tend la formation de son groupe, en considérant ainsi implicitement, que la seconde pourrait être contingentée par la première, alors que par définition même, la métaphysique de leur groupe, “transcende”, la physique de ces individus, et ne saurait donc être conditionnée par celle-ci, constitue là encore, une amusante et monumentale “sottise”.

Ceci signifie que, contrairement à ce que s’imaginent encore beaucoup de ces éblouis, ce n’est certainement pas dans des capacités intellectuelles différentes de leurs “individus”, spécifiques à la pluralité des races, qu’il faut chercher les raisons de la plus ou moins grande félicité des sociétés qu’ils ont constituées. Disons encore autrement, que ce n’est certainement pas, parce que leurs individus possédaient des “neurones athlétiques”, que certaines sociétés ont produit des civilisations plus brillantes que d’autres. Car, il doit être bien clair que la très énigmatique intelligence qui régit l’organisation de la fourmilière, de la termitière, ou de la ruche, ne s’explique pas par des capacités intellectuelles exceptionnelles, que posséderaient la fourmi, la termite, ou l’abeille.

Disons donc que l’intelligence mise en œuvre dans un fait de collectivité, et qui est une intelligence établie “entre” les individus, demeure totalement indifférente à l’intelligence “conceptuelle” mise en œuvre “dans” ces individus. Il s’agit en fait d’une intelligence qu’il conviendrait de dire “sociale”, logique de la perception que possèdent ces individus de leur environnement, autrement dit, logique de leur “sensibilité”, de sorte qu’ainsi que nous le constatons, des sensibilités différentes, conduisent logiquement à des civilisations différentes.

Pour bien comprendre ce dont il s’agit ici, prenons l’exemple de l’organisation du travail dans la grande société de construction aéronautique américaine Boeing. Il s’agit clairement d’une organisation faite pour des “idiots disciplinés”, auxquels on ne laisse même pas la liberté de serrer deux vis d’égale importance, selon leur seule initiative. Les deux vis sont numérotées, 1, et 2, et le manuel sans la spécification duquel, ces ouvriers disciplinés ne se risquent pas à faire le moindre geste, dit clairement, “commencez par serrer la vis 1, puis serrez la vis 2”. Et ce, même si cela ne changerait strictement rien, au fait de commencer par serrer la vis 2, puis la 1.

Le résultat de cette organisation draconienne du travail, c’est que des ouvriers sans absolument aucune qualification, sont en mesure de démonter jusqu’à la moindre vis, puis de remonter entièrement, un avion, sans jamais savoir comment ça marche ni pourquoi ça vole, et en s’en moquant éperdument de le savoir, et de fait, ça marche, et ça vole, correctement.

Ce bon résultat est donc celui d’une très bonne organisation de la collectivité, qui ne doit strictement rien à une qualité exceptionnelle des individus ainsi organisés, et croire que la civilisation occidentale s’est montrée dominante, parce que les européens étaient des hommes plus intelligents que les autres, est aussi stupide que de croire que si les avions Boeing volent, c’est grâce au génie exceptionnel des ouvriers qui serrent les boulons...

Disons donc une bonne fois que dans la qualité de sa “loi”, une métaphysique ne doit rien à la physique des éléments qu’elle transcende, précisément parce qu’elle les transcende...
Soyons maintenant bien attentif au fait que cette intelligence structurante du groupe, qui constitue comme telle une “métaphysique” de ses individus, demeure susceptible d’être modifiée, selon son “vécu historique”, par les éléments d’une métaphysique qu’il conviendrait alors de dire “acquise”, c’est à dire dont le groupe déciderait de faire sienne, en modifiant par cela sa structure sociale, sans que cela ne provoque une quelconque “évolution” des individus.

Ce qu’il convient de comprendre alors une bonne fois, c’est qu’à l’origine de toutes les grandes civilisations, se trouve, non pas une physique, mais une métaphysique exceptionnelle. Celle-ci se trouve généralement induite en la collectivité d’un peuple qui la fait sienne, par un “enseignement”, qui débouche sur une croyance, une espérance, une règle et une exigence, et par-là, sur une détermination exceptionnelle des individus, à exercer “positivement”, c’est à dire dans le sens d’un “mieux collectif”, à partir duquel se peut le “mieux individuel”.

C’est donc tout simplement, et sans aucune surprise, une métaphysique exceptionnelle, que nous reconnaissons habituellement selon certains des mécanismes de sa mise en œuvre, sous le terme de “religion”, et dont il nous reste alors à établir l’origine de son enseignement, et les circonstances historiques selon lesquelles les peuples en font l’acquisition à leur heure, qui se trouve à l’origine de toutes les grandes civilisations.

Ceci revient à dire tout simplement, que la félicité des différentes civilisations, est une question de “culture”, et certainement pas une question liée à la “nature” des individus. Ceci, étant bien entendu que “l’acte de culture”, demeure dans tous les cas un acte “contre nature”, qu’il s’agisse alors de “réprimer” cette nature, pour ses aspects négatifs, ou tout au contraire de “l’exploiter” au delà de ses capacités initiales, pour ses aspects positifs.

Cette contradiction fondamentale chez les humains, de leur nature, selon ses caractères initiaux, par une culture qui va la réprimer ou l’exploiter, ne permet donc justement pas, de prétendre qu’une grande culture, telle qu’elle a donc nécessairement fortement contrarié leur nature, pourrait être le résultat d’une disposition naturelle exceptionnelle de certains hommes. Nous sommes, avec ce concept de supériorité naturelle afin de culture, dans un non sens total.

D’autre part, comme toutes les autres réalités de notre univers, et quelle qu’elle soit, une civilisation possède nécessairement une résolution “spatio-temporelle” de son fait. Ceci revient à dire qu’elle ne peut être le fait en un “endroit” donné, qu’à un “moment” donné.

Ceci signifie que, tel que nous le savons par l’histoire, le fait majeur d’une civilisation, n’a pu se situer en un lieu donné tel que l’Europe, que pour une période elle aussi donnée, et nous sommes déjà face au constat de la désertion de cette faveur, du continent européen. Or, il est clair que la race européenne, à précédé quant à elle en ce lieu, cette faveur, et qu’elle va succéder à sa désertion, ce qui montre bien que la félicité de cette civilisation européenne, ne doit strictement rien à la nature des individus.

Nous pouvons d’ailleurs constater à ce sujet, qu’aucune des bases conceptuelles fondamentales, c’est à dire religieuses et scientifiques, de la civilisation européenne, ne le sont. Ceci montre ainsi que même si les Européens l’ont bien sûr considérablement enrichie, cette civilisation européenne n’a justement pas été initiée par des Européens, alors que c’est par une nature exceptionnelle de ceux-ci, que certains prétendent encore établir sa raison.

En fait, les grandes civilisations sont tout simplement celles dont des circonstances historiques, qui furent généralement la rencontre le plus souvent conflictuelle, entre différents peuples, ont permis l’enrichissement. Ceci, de sorte qu’aucun peuple de race dite pure, n’aura jamais été à l’origine du développement d’une grande civilisation, et il est manifeste chez les européens, que ce ne sont justement pas des races nordiques constituant leur archétype, qui furent les pionnières de cette grande aventure, mais bel et bien des races méditerranéennes, aux contact de peuples méridionaux.

Comprenons ici que cette conditions de “conjugaison” entre au moins deux peuples, afin qu’il puisse se produire l’émergence d’une civilisation, correspond tout simplement à la nécessité de son “apparition”.

En effet, telle que précisément elle est dite, la procédure “d’apparition”, est celle de la constitution d’un “fait”, selon une “paire” d’éléments, lesquels individuellement sont bien sûr, insuffisants à la réalité de ce fait, mais qui par leur combinaison occasionnelle, “constituent”, ce fait.

Si donc la dualité d’éléments nécessaires pour qu’il puisse se produire “l’apparition”, d’un fait de civilisation, se trouvaient en la possession d’un seul et même peuple, cette civilisation n’aurait pas lieu d’apparaitre, puisqu’elle serait déjà. Ceci, compte tenu que ces éléments constitutifs se trouveraient déjà rassemblés en ce seul peuple. Il n’y a donc aucune occasion pour qu’il puisse se produire, hors de circonstance, l’apparition d’une civilisation, selon un peuple unique, et il n’y a que lorsque celui-ci se trouvera confronté à un autre, que des combinaisons de leurs caractères provoqueront l’apparition d’une nouvelle civilisation.

Il est facile partant de là, de comprendre que plus ces deux peuples seront différents, plus ils posséderont d’occasions de combinaisons de caractères, et plus la civilisation résultant de leur confrontation possèdera d’axes d’expériences nouvelles, pour le nouveau peuple ainsi constitué. Et, il est de fait que toutes les grandes civilisations, sont des civilisations de grand métissage. L’idée de la race pure ayant produit une brillante civilisation, est une lubie de racistes, qu’absolument rien dans l’histoire des peuples de notre humanité, ne vient confirmer.

Soyons alors bien attentifs au constat fondamental auquel nous accédons ici, à savoir que, par la nécessité même de son “apparition”, toute civilisation procède nécessairement d’au moins une dualité d’autres, l’ayant précédée. Ceci, pour en finir une bonne fois avec la querelle stupide des antériorités, où les uns et les autres revendiquent pour leur race, le fait d’avoir été les premiers civilisés. Tout cela n’a aucun sens, car quelle que soit la civilisation considérée, y compris même celle des vaillants Egyptiens, nous sommes certains qu’elle a été précédée d’au moins une dualité d’autres, de sorte qu’à ce jour, aucune origine de la civilisation ne peut nous être identifiable...

Je me propose de vous entretenir dans un prochain article, de ces grandes civilisations africaines ayant précédé l’égyptienne, qui en a hérité, et dont l’une d’elles a vu ses hommes s’en aller dans des temps immémoriaux, jusqu’en Europe pour y établir ses sanctuaires, sur ces lieux mêmes ou siègent aujourd’hui, d’orgueilleuses cathédrales catholiques...

Observons également que les civilisations se déduisant les unes des autres, elles ne peuvent pas toutes être, au même “moment” de leur histoire.

Ainsi, les Européens se rendant en Afrique, trouvent-ils des peuples établis selon un mode de vie sommaire, et ne comprennent pas que c’est parce que ces peuples ne sont plus dans leur gloire passée, et pas encore dans leur gloire à venir, et que leur affaiblissement tient tout simplement au fait qu’ils ont “transmis” leur métaphysique à d’autres, qui en ont fait de grandes civilisations. Ces Européens qui sont alors à des années lumières de se savoir les lointains héritiers de ces peuples qu’ils méprisent, concluent que c’est à cause d’une insuffisance intellectuelle, qu’ils ont adopté ce mode de vie. Ils sont alors bien éloignés de la vérité...

Nous sommes en mesure de comprendre maintenant, qu’alliée au brassage de peuples et de civilisations dont l'apparition de cette civilisation fut l’occasion, c’est tout simplement la métaphysique du “christianisme”, qui, à partir de celle issue d’un héritage gréco-latin déjà considérable, constitué lui-même à partir d’héritages encore plus lointains et plus exotiques, explique la félicité occidentale, qui d’ailleurs décline, depuis que la religion n’a plus cours en ces endroits. Cette civilisation n’est donc certainement pas, le résultat d’un gène du “génie blanc”, dont on ne voit d’ailleurs pas pourquoi il manquerait alors de produire toujours le même effet, puisque malgré tout, les Européens demeurent encore très majoritairement, des blancs.

Or, c’est jusque dans la Terre lointaine d’Afrique, et plus précisément jusqu’en Ethiopie, qu’il faut s’en aller chercher les racines identifiables les plus lointaines, de ce qui va devenir le christianisme, plus de mille trois cents ans, avant la venue du Christ.

Dans un prochain article, je vous montrerai que non seulement toutes les civilisations, mais également toutes les langues, toutes les croyances, et mêmes toutes les races, procèdent les unes des autres, et ceci, du fait de la nécessité dualiste de la procédure d’apparition, et de telle sorte que quelle que soit la civilisation, elle ne peut manquer d’emporter du fait de sa généalogie, et surtout si elle est grande, des éléments culturels originaires de très nombreuses contrées. Ceci, de sorte qu’une large partie de notre humanité peut se trouver représentée, même dans une civilisation dite occidentale, mais dont on ne reconnait habituellement la participation à son fait, qu’aux seuls hommes européens.

Tout ceci montre que la volonté manifestée par certains, d’établir une hiérarchie entre les civilisations, et au travers de cela, entre les races, ne signifie absolument rien du tout, parce que du fait de leur généalogie par constitution de paire, et de proche en proche, elles sont en fait immanquables les unes des autres, le fait de l’une n’ayant aucune explication sans le fait d’autres, ce qui a pour effet de solidariser notre humanité toute entière comme étant bel et bien “une”.

Dans une approche convenable et intelligente des choses, il n’y a de place pour aucun racisme...

Ce qui entraine beaucoup d’Européens dans l’erreur, c’est cette fâcheuse tendance à considérer que rien n’est censé avoir existé, de tout ce qu’ils ignorent encore. Ainsi pensent-ils de l’Afrique, qu’il s’agit d’un continent vierge de toute histoire, et qui par le fait, n’a pas été le siège de brillantes civilisations telles que les seules auxquelles ils font référence, parce qu’à l’échelle de l’histoire, elles sont les plus récentes, et celles sur lesquelles ils sont les plus documentés.

Concernant les civilisations, l’horizon de leur champ d’investigation ne s’étend donc guère au-delà de dix mille ans avant nous. Or, le “sapiens” quant à lui, est vieux de deux cents mille ans, et il serait tout à fait stupide de considérer qu’il n’a fait que se tourner les pouces, pendant “cent quatre vingt dix mille ans”. Nous verrons ce qu’il en est, une prochaine fois...

Enfin, pour conclure, et en attendant là également de pouvoir développer cette passionnante question une prochaine fois, laissez-moi vous faire part d’un principe, qui doit suffire à clore le bec une bonne fois pour toutes, à tous les racistes, mais vous me pardonnerez pour la circonstance, son aspect pour l’instant un peu abrupte.

Est-il possible qu’une certaine race d’homme puisse posséder une capacité “conceptuelle”, supérieure à celle des autres races ?

Non, absolument non. Et ceci, pour une raison qu’il vous sera peut-être un peu difficile d’avaler d’un seul coup, à savoir que la “capacité conceptuelle” des humains, ne peut manquer d’être “universelle”. Et ceci pour la raison toute bête, mais qu’il faut prendre le temps de digérer sans rien chercher de compliqué, à savoir que “concevoir”, c’est précisément constituer “comme un”, et qu’il ne peut y avoir plusieurs façons de “un”, tel que certains seraient capables d’un “un”, qui le serait plus et mieux que celui des autres...

Constituer “comme un”, c’est justement cela la base de “l’universalité”, dans le sens fondamental de ce terme qui rappelons le, signifie selon “uni-versus”, la tendance à ne former “qu’un”.

Nous en reparleront, et vous verrez, qu’il y en a des tas de choses surprenantes à dire la dessus...

A bientôt…

Paris, le 24 février 2012
Richard Pulvar

lundi 20 février 2012

CET ULTRA-LIBERALISME, QUI N’EST QUE LE PIRE DU TOTALITARISME



Nous commettrons toujours les mêmes erreurs, et nous retrouverons toujours dans les mêmes difficultés, tant que nous ne tiendrons pas compte du fait qu’il n’existe pas de résolution “linéaire” du temps, et qu’il n’existe que des résolutions “périodiques” de celui-ci.

Il existe ainsi, par le seul fait de leur inévitable “inscription dans le temps”, qui fait d’elles des “réalités”, une périodicité obligée de certains caractères de l’évolution des choses. Ceci signifie qu’il se produira fatalement tôt ou tard, un “retournement” de la logique opérationnelle de tout exercice, autrement dit une “perversion” de son principe, si cet exercice se trouve prolongé au-delà d’une limite qui constitue pour nous, celle de sa “décence”.

Or, c’est à nous autres les “humains”, qu’il appartient de fixer, à notre convenance, quelles doivent être ces limites. Ceci, selon cet “arbitraire affectif” particulier qui est le nôtre, qui est ce qui nous différencie principalement de l’animal, qui nous fonde en tant qu’humains, et qui nous détermine à nous établir selon un “ordre préférentiel des choses”, que la seule objectivité de celles-ci ne justifie pas, et qui fait naitre en nous la notion de “scrupule”.

Il est clair que le désir d’un ordre préférentiel des choses, tout comme les scrupules liés à la nécessité de réalisation de celui-ci, ne sont pas des considérations de l’animal.

Deux mensonges doivent donc être dénoncés ici :

Tout d’abord cette idée constamment colportée par tous ces prétendus “spécialistes”, donneurs de leçon patentés, qui depuis les plateaux de télévision, s’en viennent faire la morale au peuple. Ils s’emploient alors à le culpabiliser, pour qu’il accepte de se soumettre à leurs injonctions, qu’ils prétendent n’être justifiées, que par la seule nécessité objective des choses. Car, s’il faut bien sûr en tenir compte, pour autant, la stricte objectivité des choses, ne suffit absolument pas à justifier les dispositions devant régler la vie sociale des humains. En effet, une société qui serait constituée selon deux castes, une des maitres, et une des esclaves, pourrait parfaitement satisfaire aux nécessités de la seule objectivité des choses, c’est à dire les nécessités matérielles de notre survie physique, mais certainement pas aux nécessités affectives du fait social, constamment négligées, pour ne pas dire carrément ignorées, par les responsables politiques, mais sans la satisfaction desquelles nous ne redevenons que des animaux.

C’est donc une totale imbécilité, que de prétendre imposer au peuple, un mode de développement qui s’en viendrait contrecarrer ses options affectives, et froisser ses scrupules. Ceci, en ne se préoccupant, par paresse intellectuelle, ou par intérêt de classe, que de satisfaire au plus simple, aux seules nécessités matérielles. Ceci signifie que les voies de l’efficacité productiviste, doivent être recherchées à l’intérieur du cadre des exigences affectives de “bien être”, formulées par le peuple, et certainement pas contre celles-ci, et il n’y a que les fumistes et les charlatans, pour proclamer par avance, qu’elles sont introuvables en cet endroit.

La deuxième sottise colportée par bien des dirigeants, et dont il nous faut nous libérer, c’est l’idée selon laquelle un exercice reconnu favorable dans certaines circonstances, pourrait dès lors être développé, sans aucune limite, ni dans son amplitude, ni dans sa durée. Car, cette idée de “libre entreprise”, qui constitue la base idéologique du “libéralisme”, et qui au départ, est très positive, car elle permet l’expression d’un maximum d’initiatives et de talents, ne peut pour autant demeurer telle, que si elle se trouve malgré tout encadrée par un règlement, qui en établit les limites “décentes”. Ceci, étant entendu que son expression sans contraintes ne peut que se traduire par la liberté d’une minorité des plus puissants, à faire tout ce qu’ils veulent, même les pires abominations, au prix de la soumission à leur entreprise, d’une majorité des citoyens. Or, c’est malheureusement dans ce travers que nous sommes tombés.

C’est en effet l’expression sans limite du libéralisme, que nous continuons d’appeler “ultra-libéralisme”, en maquant de comprendre qu’il s’agit au-delà des limites de sa décence, d’une perversion totale de l’idée libérale, et qui n’est en fait que le pire des “totalitarismes”. Ceci, parce qu’en exerçant afin de leurs intérêts, contre toutes les règlementations étatiques, différents “regroupements” de puissants, se prétendent d’une démarche libérale, en se plaçant ainsi aux yeux des moins alertés d’entre nous, à l’abri d’une accusation d’autoritarisme. Et ce, alors qu’étant parvenus à placer leurs “agents”, aux plus hautes responsabilités des nations, par la mystification médiatique des électeurs, et par l’infiltration des plus hautes instances, c’est à travers les actes de gouvernements à la légitimité incontestable, parce qu’issue des urnes, qu’ils exercent leur “dictature”. Ils sont dans cette situation quasiment inexpugnables, en dehors d’une révolution qui viendrait jeter à bas, leurs dévoués “agents démocratiques”.

Certains d’entre nous pensent en toute sincérité, pouvoir se défaire de cette “pieuvre”, en votant pour un farouche candidat se déclarant opposé à l’équipe dirigeante actuelle. Mais, ils se trompent lourdement en ne prenant pas conscience une bonne fois, que c’est bel et bien toute la procédure électorale elle-même, qui a été prise en otage par les puissants. Ceux-ci ne manqueront certainement pas de “fournir”, à destination des différentes catégories d’électeurs, autant de candidats spécifiques, distillant à chacune selon sa sensibilité, le discours qu’elle a envie d’entendre. Ceci, étant bien entendu que c’est après cette formalité démocratique, qui ne sert plus qu’à faire taire le peuple, lequel ne peut plus se dédire après avoir librement choisi, que la mise en place des véritables dispositions qui vont conduire à sa soumission, s’opère.

L’image ci-dessus, montre la mainmise totale des puissances financières sur l’Europe, laquelle s’est opérée grâce à la complicité des gens que ces Européens avaient eux-mêmes portés au pouvoir...

Quel curieux spectacle que celui de cette Europe de peuples colonisateurs, et qui se trouve à son tour totalement “colonisée”, par cette émanation supranationale d’elle même que constitue la haute finance internationale, et contre laquelle la lutte sera rude, parce que celle-ci ne se trouve, ni clairement identifiée, et encore moins localisée...!

Ce nouveau “colon” de notre temps, ne sera pas plus tendre que les anciens, avec ceux qu’après avoir “achetés”, pour le prix de quelques campagnes électorales, et seraient-ils mêmes blancs ceux là, il va maintenant soumettre à la servitude. Les Européens colonisés, et même d’une certaine façon, esclavagés, ne vont pas tarder à comprendre que la finalité de leur effort, ne sera pas de développer leur pays, ni d’améliorer leurs conditions de vie, mais bel et bien tout simplement, d’enrichir les colons financiers...


Paris, le 2à février 2012
Richard Pulvar

jeudi 16 février 2012

L’INCERTITUDE FRANCAISE




Nous le pressentons tous, et nous comprenons tous, même si c’est confusément, que nous nous trouvons avant quelque chose de déterminant, avant quelque chose qui se passera, et qui fera que justement, plus rien ne sera comme en cet avant où nous nous trouvons encore.

Cette probabilité est due au fait que, réfugiée dans les derniers retranchements de son inconséquence, toute une classe politique qui s’est faite méchamment castrer par une logique implacable des choses, dont elle prétendu se moquer, et qui par les projets les plus cyniques, tente de faire croire qu’elle en possède encore, ne sait désormais plus qu’insulter à toutes les occasions, un peuple dont la charge l’écrase. Ce lamentable spectacle de notre vie publique, où des dirigeants s’en viennent contester leur peuple ne peut plus nous laisser aucun doute, quant au fait que nous nous trouvons à la veille d’un événement du niveau de 1789, de 1914, ou de 1939.

La tournure que prennent les événements en Grèce, où certains prétendent infliger encore davantage à ce pays, ces mêmes solutions qui depuis plus de deux ans ont démontré leur totale nocivité, tout simplement parce qu’ils ne savent absolument pas quoi faire d’autre, et qu’ils sont sous la coupe de profiteurs cherchant encore à tirer un avantage de ce malheur, doit nous faire comprendre le caractère totalement inattendu de la situation dans laquelle nous nous trouvons, qui est “l’abolition” définitive du pouvoir gouvernemental et parlementaire.

Le “pouvoir”, celui dévolu en principe à certains hommes, ayant à charge de conduire pour le mieux les affaires de la nation, ce pouvoir a disparu, il n’est plus !

Quand nous parlons de pouvoir ici, il ne s’agit évidemment pas de “l’autoritarisme” minable et nuisible, exercé par des parasites incapables, ayant infecté notre démocratie, et qui n’ont que l’injure, le mépris, et l’exclusion à la bouche, mais du pouvoir, du vrai, de celui qui, exercé par des hommes dignes de cette charge, fait qu’à partir d’une situation donnée, et aussi défavorable soit-elle au départ, nous accédons logiquement à un “mieux”. Il s’agit d’ailleurs en cette acquisition d’un mieux, par delà toutes les procédures formelles du jeu démocratique, de la seule et véritable légitimité à son exercice du pouvoir, que peut s’offrir un gouvernant.

Or, à cette heure du bilan de cette désespérante mandature, il apparait avec cruauté, que dans tous les domaines, absolument tous les domaines, les hommes qui ont eu en charge de conduire les affaires du pays, bien loin de le faire parvenir à un mieux, l’ont amené dans des situations encore pires que celles qui étaient les siennes, quant ils ont accédé aux affaires.

Et qu’on ne viennent pas nous chanter que c’est à cause de la crise internationale, car ce qui est demandé à un gouvernement dans une telle situation, ce n’est non pas de nous éviter l’épreuve, mais de placer le pays dans les meilleures conditions pour pouvoir y faire face, et de ne surtout pas faire comme se sont délectés dans toute leur perversité, à le faire ces chiens, c’est à dire de semer la discorde entre les citoyens de ce pays, au moment ou plus que jamais, il était nécessaire de fédérer toutes ses âmes, dans le projet de sauvetage, puis de renaissance.

En réalité, ces eunuques agités n’ont jamais rien pu, ils n’ont jamais eu aucun pouvoir, parce que même au-delà de l’élection, celui-ci ne peut provenir que du peuple qu’il convient alors de s’acquérir, pour qu’il soit disposé à exercer avec confiance et enthousiasme, dans la voie qui lui est proposée.

L’idée totalement archaïque qui a sous tendu la politique menée dans ce pays depuis cinq ans, c’est qu’une classe restreinte de crâneurs fortunés, persuadés d’être parce que tels, des “élus” du ciel, pour avoir détourné les mécanismes de la solidarité nationale à leur profit, suffirait par leur entreprise, à donner matière à exercer efficacement à des hordes de “gueux”, pour la plus grande félicité de la nation.

Il est évident pour n’importe qui sain d’esprit, mais malheureusement tel ne fut pas le cas des dirigeants de ce pays, qu’une nation moderne ne peut absolument pas fonctionner de cette façon, compte tenu de sa complexité, et du besoin énorme d’initiatives de toutes sortes, devant être prises dans une multitude de domaines, ce qui nécessite de nombreux intervenants, et pour la mise en œuvre desquelles, il convient d’avoir un minimum de moyens.

Ainsi, au lieu de la concentration des cartes financières qui fut opérée dans les mains de quelques-uns, c’est justement tout au contraire, à une large redistribution de celles-ci, afin qu’un maximum de nos concitoyens puissent participer au jeu économique, qu’il aurait fallu procéder.

Ceci, étant bien entendu qu’aussi génial que soit réellement ou supposé tel, un intervenant quelconque, il n’aura jamais ni les occasions, ni la compétence professionnelle, ni la capacité intellectuelle, et ni tout simplement le temps, de prendre toutes les initiatives et de mobiliser toute la compétence, de plusieurs milliers de professionnels, au fait des spécificités de leurs secteurs, mais privés de moyens et par là, de toute espérance d’entreprise.

Cette option “élitiste” totalement anachronique, pour la gouvernance d’une nation, traduit bien la pauvreté d’esprit de ces gens, qui n’ont pas fait le moindre effort documentaire, pas même quant aux règles les plus élémentaires de la dynamique sociale, qui veulent que les membres d’une société ne peuvent être efficacement mobilisés, que s’ils sont “déterminés” selon un projet social de “mieux-être”, dans la quête d’une “utopie” qui comme telle, n’a pas à être atteinte, mais dont la poursuite ne doit absolument pas être dissuadée.

D’autre part, ils doivent se savoir des “acteurs” du projet commun, et trouver par cela les occasions de faire valoir leur talent, et en obtenir une gratification, et certainement pas se voir considérés comme des “serfs”, soumis aux caprices, à l’incompétence, et à la nuisance, de quelques puissants.

Notre malheur c’est que ces malades mentaux, dont “l’ego” hypertrophié, n’est que la traduction de leurs efforts obsédés, dans la quête d’une notoriété qu’ils savent pourtant bien, ne pas devoir naturellement leur échoir, et dont “l’avidité”, ne traduit quant à elle, que la “vacuité” de leur esprit, c’est à dire le fait qu’ils se trouvent totalement “ à vide” d’originalité, sont parvenu malgré tout à se hisser au plus hautes fonctions de l’état. Ceci, par l’exploitation totalement malhonnête de ce qu’il peut y avoir de pire dans l’âme des citoyens d’une nation, c’est à dire ce “sectarisme” détestable, qui constitue pour ceux fragilisés par les événements, et qui ne peuvent plus dire positivement, “voici ce que je suis”, de sauver les apparences en disant, “voici ce que je ne suis pas”. Et dans ce cas, il leur convient de se décrire un “autre”, comme étant moins que rien, et la cause des difficultés de la société.

C’est donc en instrumentalisant le malaise d’une société atteinte, et qui va conduire à tous les racismes, de race, de classe, de sexe, d’opinion, et de religion, que ces gens vont accéder au pouvoir. Or, c’est justement cette exploitation du sectarisme, constituant la faveur de leur élection, qui va rendre ensuite ces gens totalement incapables de gouverner. Car, dans les temps difficiles qui sont les nôtres, il faut être en mesure de s’adresser, d’être compris, et d’être suivis, par toute la nation, comme étant un seul homme, ce que ces gens sont par le fait, totalement incapables de faire...

Dès le départ, et par la dynamique même qu’ils ont mis en œuvre pour se hisser au pouvoir, ces gens n’avaient aucune chance de réussir, et c’est là que nous arrivons au constat de ce qui rend la situation de ce pays inextricable, à savoir que dans l’état actuel des choses :

“ C’est précisément ce qui permet à un individu d’accéder au pouvoir, qui le rend par la suite incapable de gouverner...”

Bien sûr, ne s’adressant pas à la même clientèle, ceux de gauche n’utiliseront pas les mêmes bobards, mais ils ne sont pas en peine de trouver toutes espèces d’autres saloperies, pour pouvoir se remplir les urnes, comme satisfaire à ce courant de pensée de tristes “bobos”, et d’un lobby malfaisant, qui consiste à destiner des enfants orphelins, à “égayer” des couples d’homosexuels. De plus, tous les idéaux proclamés, de lutte contre l’impérialisme, contre le colonialisme, contre le racisme et pour la paix, passent-ils à la trappe les uns après les autres, sous le coup d’arguments éculés, tels que porter la démocratie à travers le monde, racolés chez ceux d’en face, au fur et à mesure qu’approche l’échéance électorale.

C’est donc jusqu’au fond des tinettes, que tous ces candidats sont déterminés à aller à la chasse aux votes en leur faveur, pour se rendre par la suite incapables de gouverner.

Il est clair que ce pays n’est plus gouverné depuis des années déjà, et qu’une telle situation dans laquelle rien ne trouve de solution, ne pourra s’éterniser, et ceci, d’autant que pour parvenir à leurs fins, des apprentis sorciers se sont employés à exploiter sans limite, les antagonismes au sein de la population.

Il est facile maintenant de comprendre qu’en aucune façon cette société ne pourra durablement continuer ce train de fausse démocratie, dans un pays aux tensions grandissantes, et que de cette situation, qui ne possède aucune issue favorable possible par la voie des urnes, seules trois catégories d’événements, peuvent se trouver en conséquence de son insupportable prolongement, une “révolution”, un “coup d’état”, ou une “guerre étrangère”. Et le pire, c’est que nous ne sommes pas à l’abri d’avoir à faire à un cocktail infernal de ces trois drames.

Tous les gouvernements occidentaux ont la “tentation de la guerre”, puisque c’est la seule façon pour eux, d’espérer se maintenir, en exigeant alors une union-sacrée les mettant à l’abri de se faire renverser, et en tentant de relancer la machine économique par l’effort de guerre. Il est à remarquer qu’ils disposent pour cela, de la lâche complicité de leurs opposants, et s’il n’était la détermination des Russes et des Chinois, à ne pas laisser faire, il est plus que probable que nous serions déjà en guerre, contre la Syrie et l’Iran, dans un conflit des plus dangereux, et des plus incertains qui soient.

Une “révolution” pourra peut-être se faire en Grèce, en Italie, et au Portugal sans trop de problèmes, mais certainement pas dans un pays qui possède l’arme nucléaire, et une des plus puissantes armées au monde, ce qui constituerait un cauchemar pour les gens du Nato, et pour les Israéliens, surtout si des musulmans se trouvaient, comme cela semble inévitable, dans les rangs des révolutionnaires parvenant au pouvoir. Il faut donc s’attendre à ce que soit fomenté par des puissances étrangères, un “coup d’état”, dans la foulée même du mouvement révolutionnaire, comme cela vient de se passer sous nos yeux, en Egypte, sous la belle appellation fallacieuse de “printemps arabe”.

Qu’en sera-t-il exactement ? Seuls les Mayas pourraient peut-être répondre, pour qui saurait les interroger. Mais ce drame, parfaitement prévisible et dont il est remarquable que personne dans ce pays ne tente quoi que ce soit pour l’empêcher, ne constituera donc pas en ce sens un malheur tombé du ciel, mais une sorte de suicide collectif, de la part de citoyens qui n’attendent plus rien de cette société, et qui plutôt que de s’employer à l’abattre, attendent qu’elle meurt de sa belle mort...

C’est là qu’ils se trompent d’une façon dramatique, car ils se privent ainsi d’avoir quelque prise sur l’événement, qui peut alors nous conduire, à la plus totalitaire et archaïque des sociétés. Il aurait fallu, pour assumer pleinement sa responsabilité de citoyen, poser la contestation de cette société, tout d’abord en refusant de se prêter au simulacre de démocratie qui se tiendra dans deux mois. Mais l’attitude bornée des partisans d’un tel ou d’un tel, qui ne rêvent stupidement que de satisfaire leur égo en se disant “on a gagné”, sans être pour autant capable de dire “gagné quoi”, nous fera manquer ce rendez-vous du peuple avec lui-même, de sorte qu’il a désormais rendez-vous, avec d’autres assoiffés de pouvoir...


Paris, le 16 février 2012
Richard Pulvar

mardi 14 février 2012

QUAND LA DEFAITE ECONOMIQUE ET SOCIALE D’UN PAYS, N’EST QUE LE REFLET DE SA DECHEANCE MORALE



Parle, si tu as des mots plus forts que le silence !

Parler, c’est ce qu’a fait cet homme à la haute stature, tant physique que morale, et qui depuis les gradins, pour cette fois densément peuplés, de l’assemblée nationale, a su trouver les mots suffisamment forts, pour que puisse se révéler enfin une opposition, aux menées de ces hommes à la cervelle dérangée, qui depuis des années, avec un acharnement obsessionnel logique de leur trouble, et dans un but obscur, s’emploient à entrainer la nation toute entière, dans les voies sans issue, des enfers de la haine raciale.

Cependant, si la brillance et la pertinence de son propos, ont fait perdre de son aplomb au héraut de la discorde, qui aux ordres de son triste sire, tente par son harangue dissonante, de provoquer un mauvais orage sur tout le pays, les comparses, honteux de leur sordide vérité ainsi révélée, celle dont l’adage dit bien qu’elle est blessante et elle le fut clairement pour eux, tentèrent malgré tout de donner le change, en se vêtant de costumes de vierges outragées, mais qui si mal porté par eux, les faisaient bien plus maquerelles, que pucelles.

Quelle fut forte l’image de cet homme droit, venu exprès depuis l’au-delà des mers, dire à qui de droit, ce qui devait être dit, et qui par la seule force implacable de son verbe, parvint à chasser de cet hémicycle, la cohorte honteuse de tous ces autres, dont la seule présence en ce lieu, constitue déjà une offense à l’idée républicaine. Ils pensent l’avoir censuré, en ayant tourné le dos à ses critiques, mais l’image est bien là, ils furent chassés...

Sous le chahut des racistes désormais démasqués, et les aboiements d’un président, tentant de le faire taire, comme l’arbitre voulant épargner d’autres coups à l’assommé debout, ce digne descendant d’esclave, portant en lui toute la force dénonciatrice des rudes souvenirs, des fers, du fouet, de la cale du bateau et de la servitude, parvint presque jusqu’au bout. Mais, il dut également lutter à cette occasion, contre le silence assourdissant de tous ceux qui, depuis des mois que se précise l’obsession raciste et maladive d’un président de la république, à travers les déclarations de ses ministres, n’ont jamais compris qu’il est fatalement une heure, où il convient d’assumer avec force et courage, sa responsabilité de représentant du peuple, pour ne pas laisser dire, afin de ne pas avoir ensuite à laisser faire, n’importe quoi.

Or, non seulement cette gauche de “défroqués”, cette gauche de toutes les trahisons et de tous les renoncements, dont ces années révèlent, tous les aspects honteux de sa supercherie, a totalement manqué de soutenir le député, mais certaines de ses plumes attitrées, tout comme les déclarations de ses représentants les moins inspirés, s’en sont venu prêter main forte à la campagne de dénigrement et de discrédit, organisée par la droite raciste, contre le vaillant “résistant” antillais.

Il est ainsi des lâches qui face à l’obligation morale de le soutenir dans son combat, trouvent inopportune la plainte de l’opprimé, alors même que celui-ci parle tout autant pour eux-mêmes que pour lui...

Faut-il que celui-ci ait dit juste, pour que depuis ces gens de droite, qui malgré la misère intellectuelle du “quinquennard”, le revendiquent comme étant le meilleur d’entre eux, jusqu’aux brêles narcissiques enveloppées de rose, qui portent soit disant une parole de gauche, se refusent les uns et les autres de supporter le rappel de cette histoire écrasante qui est la leur, et qui constitue justement la mise en garde nécessaire, pour éviter la reproduction des erreurs du passé. Le député serait allé trop loin ?

Voici donc ce qu’il a dit, et je défie bien quiconque, de pouvoir en toute honnêteté, y trouver le mot à remplacer, ou la virgule à déplacer.

Monsieur le Premier ministre, Nous savions que pour M. Guéant, la distance entre “immigration” et “invasion”, est totalement inexistante, et qu’il peut savamment entretenir la confusion entre civilisation et régime politique.
Ce n’est pas un dérapage !
C’est une constante parfaitement volontaire !
En clair : c’est un état d’esprit et c’est presque une croisade ! La preuve c’est qu’il vient de s’autoproclamer protecteur d’une civilisation supérieure, la civilisation française, en déclarant du fond de son abîme, sans remords ni regrets, que “toutes les civilisations ne se valent pas”. Que certaines seraient plus “avancées” ou “supérieures” à d’autres.

Non, monsieur Guéant, ce n est pas du bon sens !
C’est simplement une injure faite à l’homme ! C’est une négation de la richesse des aventures humaines ! Et c’est un attentat contre le concert des peuples, des cultures et des civilisations !
C’est triste de devoir le rappeler ici :
Toutes les civilisations ont déployé d’une manière égale des ombres et des lumières ! Aucune civilisation ne détient l’apanage des ténèbres ou de l’auguste éclat ! Aucun peuple n’a le monopole de la beauté, de la science, du progrès, et de l'intelligence ! Montaigne disait que “chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition”. J’y souscris, et j’ajouterais que chaque culture, chaque civilisation, dans sa lutte permanente entre ses ombres et ses lumières, participe à l’humanisation de l’homme !
Mais vous Mr Guéant, vous privilégiez l’ombre !

Vous nous ramenez, jour après jour, à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration, au bout du long chapelet esclavagiste et colonial.

Monsieur Guéant le régime nazi, si soucieux de purification, si hostile à toutes les différences, était-ce une civilisation ? La barbarie de l’esclavage et de la colonisation, portée par toute la chrétienté, était-ce une mission civilisatrice ?

Il existe, M. le Premier Ministre, une France obscure qui cultive la nostalgie de cette époque, mais, il en existe une autre : celle de Montaigne, de Montesquieu, de Condorcet, de Voltaire, de Schœlcher, de Hugo, de Césaire, de Fanon, et de bien d’autres encore !
Une France qui nous invite à la reconnaissance que chaque homme, dans son identité et dans sa différence, porte l’humaine condition, et que c’est dans la différence que nous devons chercher le grand moteur de nos alliances !

Vos déclarations ne sous-tendent pas une stratégie, un calcul politique médiocre et pitoyable. Votre seul but, Mr. Guéant, au mépris de l’éthique la plus élémentaire, c’est de vous servir de la récupération des voix du front national pour tenter d’installer une idéologie douteuse. C’est un jeu dangereux !

Un jeu ignoble qui vous a déjà anéanti, mais qui nous insulte tous ! Alors monsieur le premier ministre : Quand, mais quand donc votre ministre de l’intérieur cessera t-il de porter outrageusement atteinte à l’image de votre gouvernement, et à l’honneur de la France ?

Il est clair que la phrase qui a rendu insupportable ce discours aux oreilles des européens de cette assemblée, est la suivante :

Vous nous ramenez, jour après jour, à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration, au bout du long chapelet esclavagiste et colonial.

Il est vrai, qu’elle est tout simplement terrifiante de vérité, et que celle-ci constitue une honte pour tous ceux qui ne veulent absolument par voir que c’est bien à partir de ce qu’ils sont, c’est à dire des gens pétris d’une civilisation occidentale, raciste, belliciste, colonialiste, et nominalement “mortifère”, que s’est constituée l’abomination nazie. Tout se passe comme si le nazisme avait constitué un drame d’une origine étrangère à ce qu’elle est, et qui s’en serait venu, comme un mauvais germe ramené de l’extérieur, frapper l’innocente Europe.

Il est temps d’en finir avec ce mensonge et toute cette malhonnêteté intellectuelle, et reconnaitre avec courage, afin d’être en mesure de pouvoir en empêcher le développement, que le nazisme n’est tout simplement que la “réalisation extrême”, de dispositions propres à la pensée et à la culture européenne. Ceci n’en fait pas bien sûr, une civilisation plus mauvaise que les autres, mais certainement une plus dangereuse que toutes les autres, par les illusions les stupidités, et les mensonges, par lesquels elle se vit comme étant l’idéal de notre humanité, hors donc de toute remise en cause fondamentale, et à partir duquel il est possible d’évaluer toutes les autres...

En fait, la tentation nazie, et celle de tous les Européens qui manquent de se voir tels qu’ils sont, c’est à dire selon leur prétention sur tous les autres, et sur toute la planète, qui est la conséquence directe du fait qu’ils furent convaincus des siècles durant, d’être les seuls à avoir reconnu et approché, le seul et véritable dieu, créateur de l’univers.

C’est cette relation directe, entre la civilisation occidentale et son extrémisme nazi, vers lequel lui fait naturellement tendre, tout manque de vigilance, que voulait rappeler afin qu’on en soit alerté tant qu’il en est encore temps, ce député, disciple du grand Césaire qui, dans son “discours sur le colonialisme”, en avait parfaitement poussé l’analyse.

Césaire montrait en effet que le nazisme n’était que la forme plus structurée, et de ce fait, plus immédiatement mortifère encore, et surtout, dirigé cette fois contre des blancs eux-mêmes, de dispositions qui n’avaient cessé de désoler les contrées colonisées, et que c’est bel et bien dans ces endroits, que les mécanismes de l’industrie de la soumission et du massacre, ont d’abord été mis au point, avec des conséquences épouvantables, sur les peuples opprimés bien sûr, mais également sur les oppresseurs qui ne se sont pas vu devenir graduellement diaboliques.

Voici ce qu’il disait :

Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au VietNam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de 1’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent.

Le nazisme est bel et bien le résultat de cet “ensauvagement”, qui a consisté à considérer qu’il n’était pas fait injure à la nature, ni même à la face de Dieu, d’anéantir les races inférieures, et c’est d’être d’une totale malhonnêteté que de ne pas vouloir voir qu’une évocation indirecte de civilisations inférieures, en évoquant directement celle d’inégalité entre celles-ci, n’est que la préface d’une remise au gout du jour, d’une théorie sur les races inférieures, en attendant encore plus tard, celle qui ne manquera pas de réapparaitre, quant à la nécessité de les exterminer, afin du salut d’une humanité supérieure. Et si tous les “capons” de la gauche défaitiste, ont manifesté leur lâche attitude, c’est bien parce qu’à travers les propos du député adressé à la droite, il se sont eux-aussi sentis visés. Et comment ne l’auraient-ils pas été ?

Voici ce que disait Césaire à ce sujet :

Et alors un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.

On s’étonne, on s’indigne. On dit : « Comme c’est curieux ! Mais, Bah ! C’est le nazisme, ça passera ! » Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens ; que ce nazisme là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il est sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne.

Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXème siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est que l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique.

Et c’est là le grand reproche que j’adresse au pseudo-humanisme : d’avoir trop longtemps rapetissé les droits de l’homme, d’en avoir eu, d’en avoir encore une conception étroite et parcellaire, partielle et partiale et, tout compte fait, sordidement raciste.

Nous y sommes, un Hitler que certains s’emploient aujourd’hui à réveiller, sommeille dans la bonne conscience des occidentaux, qui n’ont par tardé à réduire la notion de droits de l’homme, à celle de droits de “l’homme blanc”. Et, c’est bien ce qui explique l’attitude de tous ces pseudo-humanistes de gauche, qui n’ont pas hésité, malgré leur méconnaissance totale du dossier, et de la réalité sur le terrain, à apporter leur lâche soutien, aux guerres racistes, criminelles, et colonialistes, qui ont dévasté la Côte d’Ivoire et la Libye, Ceci, avec leur prétention crâneuse et crasseuse, d’y avoir apporté la démocratie, ce dont ils ne sont en rien empressés, d’aller vérifier sur place ce qu’il en est...

Ce qu’il y a de plus inquiétant, c’est que nous ne sommes pas au bout de l’actuel “ensauvagement”, de la société française, sous la présidence de “l’ignoble”, et de son gouvernement de “trompe la honte”.

Césaire visionnaire faisait bien remarquer que :

Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.

Or, il s’agit bien en ces trois attitudes, de celles qui caractérisent le plus le peuple français en cette époque, où absolument aucun des problèmes qui étreignent actuellement la société française, ne trouve de solution, parce qu’ils sont tous systématiquement “racialisés”.

C’est ainsi, sur la base de l’origine ethnique des gens des quartiers, qu’on s’acharne à trouver une explication de l’échec scolaire, de la délinquance, et du chômage. Ceci, en considérant implicitement, que les structures actuelles de la société française, sont tout à fait suffisantes à la réussite des individus “normaux”, et que combien même un véritable racisme d’état se développerait contre eux, cela ne peut expliquer en rien la défaite des ceux des quartiers, laquelle ne trouve alors d’explication, que dans leur génétique.

Ainsi en est-il également des questions de déficit des organismes sociaux, qui n’ont de raisons, qu’ethniques...

Pour ce qu’il s’agit de fermer les yeux sur les problèmes les plus cruciaux, l’exemple nous est magistralement donné à l’occasion de l’élection qui se prépare, puisqu’il est manifeste qu’aucun, absolument aucun des candidats déclarés à ce jour, ne possède le plus petit début de solution pour permettre à ce pays de se sortir de ses difficultés économiques et financières, irréductibles, et cependant, des millions de gens se préparent à voter tranquillement pour eux...

Quant à trahir ses idéaux de “liberté, d’égalité, et de fraternité”, est-ce la peine de commencer à en dire ? Nous remplirions des pages, à énoncer le chapelet incessant de toutes ces trahisons, dans un pays où s’entassent dans ses geôles immondes, plus de 65 000 détenus, pour une capacité maximale de 50 000 places, où les plus grandes fortunes s’affichent avec une totale indécence, face à la désolation des quartiers et les hordes de sans -abris, et où tous les jours, c’est un discours de haine des étrangers, et de défiance envers les plus modestes, qui est vomi de la bouche des plus hauts responsables politiques du pays...

Ce qu’il nous faut considérer maintenant, c’est que la déchéance morale qui s’est emparée de ce pays, n’est pas la conséquence de sa défaite économique et sociale, mais qu’elle en constitue justement tout au contraire, “la cause principale”. C’est en effet, la négation de l’idée même “d’association”, des uns avec les autres, afin du meilleur de tous, qui est précisément ce en quoi constitue une “société”, qui a été défaite.

Selon les trois critères de Césaire, et à l’heure même où certains, tel qu’un chant du cygne, la proclament supérieure, nous sommes bel et bien dans une société moribonde, et dans leur for intérieur, tous les citoyens de ce pays en conviendront. Il est temps d’en finir, et de passer enfin à autre chose. Notre difficulté vient alors du fait que, comme le disait le philosophe indien, le grand Khrisnamurti :

“Ce n’est pas un signe de bonne santé, que d’être parfaitement intégré, dans une société profondément malade.”

Ceci pour dire clairement et une fois pour toutes, que ce n’est pas des élites et des tenants du système, tels que les philosophes de plateaux de télévision, ou de la classe politique en générale qui, malgré ses oppositions de clans, participe totalement du système, que viendra le salut. Et, si c’est désormais des Antilles, qu’après les Fanon et Césaire, avec les Glissant, Confiant, Chamoiseau, et autres Pépin, viennent désormais les seuls échos audibles de la raison jusqu’en ce pays de France, qu’avec les Taubira et Letchimy, celle-ci se trouve représentée, et qu’après les Marc Pulvar, elle se trouve défendue par les Domotta, c’est bien parce que ces hommes qui constituent ainsi une bouée de sauvetage pour la métropole, se trouvent en marge, et heureusement pour nous tous, de cette société française profondément malade, où les plus ravagés du lot, tiennent le haut du pavé.

“Enfants de la patrie”, c’est à nous et à nous seuls, et certainement pas aux brèles médiatique dont on nous rabat les oreilles de leur discours où ils étalent leur inconséquence, qu’il appartient de nous organiser, afin de nous sortir de l’impasse, et pour commencer, cessons de croire qu’il sortira quelque chose d’intéressant du simulacre de démocratie qui se prépare, et où il nous est demandé de choisir entre des candidats, dont aucun ne possède la solution pour le règlement des questions les plus urgentes, qui se posent au pays.

Si donc nous ne possédons pas encore suffisamment de cœur et de raison, pour provoquer “l’événement nécessaire” avant ce simulacre, préparons-nous alors pour le produire juste après. Mais, ne laissons par croire au futur “quinquennard” quel qu’il sera, qu’il usera et abusera comme l’actuel, de notre totale indolence...


Paris, le 13 février 2012
Richard Pulvar

vendredi 10 février 2012

LE COMMERCE DE LA SOTTISE ET DE LA HONTE




Il n’était peut-être pas nécessaire de répondre à une provocation stupide, faite dans le but de bien faire du battage, selon des visées électoralistes qui ne font de doute pour personne. Ceci, selon l’adage, “que ce soit en bien où en mal, mais pourvu que l’on parle de moi”, cher à ceux qui se trouvent en quête de promotion, que ce soit pour eux-mêmes, ou pour leur clan.

Cependant, nous ne pouvons ignorer la redoutable malfaisance de la méthode utilisée, et comprendre les mécanismes sur lesquels elle s’appuie, c’est bien prendre toute la mesure de la situation dans laquelle nous nous trouvons, afin de ne pas trop nous bercer d’illusions quant à ce qui demeure encore “possible”, dans une société moralement effondrée comme la nôtre.

Soyons clairs. Ce ministre, dont nous prenons un légitime plaisir compensatoire, et je le confesse, moi le premier, à attribuer ses dérapages récurrents à la faiblesse de son esprit, est malheureusement tout le contraire de cela, un homme à l’intelligence vive et machiavélique, tout au service d’une seule chose. Il ne s’agit même pas de son clan, pour lequel il se bat ainsi car si certains de ce clan envisageaient de lui faire ombrage, il n’hésiterait pas à les broyer. Non, cet homme n’est motivé que par une seule chose, l’exercice effectif, exclusif, et jouissif, du “pouvoir”, du vrai. Il ne s’agit donc pas de ce pouvoir des marionnettes médiatiques, auxquelles on confie le rôle de séduire le peuple, pour que celui-ci se dépossède du sien, afin de le céder sans la moindre résistance et avec le sourire, à ceux qui pourront le contraindre, mais du vrai pouvoir, celui de ceux qui depuis la coulisse, tirent les ficelles, dans un anonymat qui décuple la volupté perverse qu’ils éprouvent, se grisant ainsi de tromper, et de manipuler.

Il est peu probable que, même s’il se montre imbu de sa personne et volontiers méprisant des autres, cet homme soit profondément convaincu de ce qu’il raconte, et il n’a d’ailleurs dans sa position sociale, nul “besoin” d’avoir de telles convictions, qui n’ont lieu d’encombrer la cervelle que d’hommes en quête d’un faire valoir, ce qui ne hante pas celui-là. Et nous ferions une erreur totale de croire que tout ce racisme obscène et tapageur, contre les immigrés, relève d’une volonté de s’en prendre précisément à ceux-ci, parce que tels. Car, ces immigrés qui ne sont pas de son monde, ne constituent absolument en rien, un dérangement pour ce ministre qui ne les côtoie pas, ce qui n’est pas le cas de ceux dont la fréquentation quotidienne de ces immigrés, leur rappelle la condition qui est la leur, c’est à dire celle de classes populaires “défavorisées”. C’est donc en direction de celles-ci qu’alors il discourt, mais il est certain que dans le fond, des personnes mêmes de ces immigrés dont il ignore tout, ce ministre s’en moque éperdument.

Rappelons à ce sujet qu’il fut est un des inspirateurs de ce projet très ambitieux, “d’Union de la Méditerranée”, si rapidement avorté, tant desservi qu’il fut, par le manque total de crédibilité de celui qui fut chargé de l’incarner, en reprenant ce projet à son compte. Ceci montre que cet homme peut bien s’accommoder n’importe qui, dès lors que cela l’arrange, quand cela l’arrange.

Non, les immigrés dans cette affaire ne sont une fois de plus, que les instruments, d’une conquête du pouvoir, que les leaders politiques, qu’ils soient de gauche ou de droite, ont sans la moindre honte, le vice d’utiliser aux alentours de chaque consultation électorale. C’est ainsi que les uns, proposent un droit de vote pour les immigrés, lesquels quant à eux, n’ont strictement jamais rien demandé de tel, et s’en moquent d’ailleurs complètement. Ceci, sans que ces leaders politiques faisant ainsi montre de “modernité”, ne courent le risque d’être pris à contrepied, face à leur propre électorat, en voyant cette disposition constitutionnelle effectivement adoptée. Car, compte tenu que pour une modification constitutionnelle, la majorité nécessaire est des deux tiers du parlement, c’est à dire assemblée et sénat rassemblés en congrès à Versailles, celle-ci ne risque pas d’être jamais atteinte sur un tel sujet. C’est alors que les autres s’empressent de s’offusquer vivement de cette dévalorisation du droit exclusif des nationaux, et de refuser bruyamment cette idée au nom de l’identité nationale menacée. Et tout cela, en feignant de croire qu’il s’agit par là, d’une manœuvre souterraine des immigrés, pour arracher des droits qui ne sont pas les leurs.

Il est remarquable à ce sujet que les uns et les autres parlent des immigrés, mais que ni les uns ni les autres ne parlent aux immigrés, qui ne représentent pour les uns, qu’une part de la célèbre “misère du monde”, qu’il convient par générosité, d’accepter de prendre en charge, et pour les autres, une contagion de délinquance, dont il importe de mettre la nation à l’abri.

Les immigrés ne sont donc que l’arbre qui cache la forêt des affrontement nationaux, et ce ministre dans son discours, n’est pas dans le rôle d’un militant qui cherche à convaincre du bien fondé de ses propositions, mais dans celui d’un peu reluisant prestataire de service, proposant à sa clientèle qui en fait la demande, des discours de dénigrement et d’exclusion.

En fait, ces discours ont une double fonction. Tout d’abord offrir à la clientèle un objet de détestation, une victime expiatoire qui sera sacrifiée, après avoir été chargée de tous les maux de la société. Ceci, afin que le peuple puisse se soulager en exprimant sa vindicte, contre un objet sur lequel il “peut”, étant bien entendu qu’en réalité il ne peut strictement rien, contre les vraies causes, et les vrais fauteurs de son trouble.

L’autre entreprise à l’efficacité plus incertaine, consiste, à l’heure même où les signes grimaçants, révélateurs de la “décadence”, manifestent de plus en plus fortement leurs injures, de tenter d’obtenir un sursaut de la part d’un peuple humilié, en prétendant un caractère quasi biologique, aux heures fastes de son passé, lui garantissant la constance de sa “capacité”.

C’est donc dans cette volonté de conjurer la débâcle, en invoquant le génie nominal et irréductible de la race, devant permettre de surmonter l’épreuve, pourvu bien sûr, que cette race demeure “sauve”, qu’intervient la phrase :

“ Toutes les civilisations ne se valent pas...”

Il est clair que cette formule tendait à montrer du doigt des éléments exogènes, issus de sociétés différentes réputées moins évoluées, et dont la présence dommageable desquelles, entrainait une dévalorisation corrélative de notre société. Il ne s’agit donc telle que formulée, de rien d’autre que de la manifestation d’un pur et détestable “racisme”. Car, quant à la diversité des options sociétales retenues dans les différentes communautés humaines, et même si cette question ne pouvait manquer d’être l’occasion elle aussi, de rudes controverses, c’est très certainement d’une toute autre façon qu’aurait été accueillie une formule peu différente telle que :

“ Toutes les civilisations n’emportent pas les mêmes valeurs...”

Dès lors, il était simple et possible partant de là, d’exiger des nouveaux arrivants qu’ils se conforment aux us et coutumes de leur nouvelle villégiature, puisque leur inadéquation comportementale du départ, ne traduisait pas une incapacité biologique d’accéder à ceux-ci. Or, c’est bel et bien un caractère “inassimilable”, que la première formule tend à établir, en laissant entendre que des races supérieures ont établi des civilisation de haute valeur, que des races inférieures ont établi des civilisation de niveau inférieur, qu’il existe donc une inégalité entre les différentes civilisations qui dès lors, ne peut avoir de raison que par rapport à une inégalité des races, rendant inassimilables les coutumes des unes, par les autres, et justifiant le rejet de ceux dont l’intégration ne peut se faire, pour des raisons biologiques liées à leur race.

Ne soyons pas dupes, cette attaque contre les immigrés n’est pas le véritable but de la manœuvre, et tout le monde se dépêchera de les oublier, dès le lendemain de l’élection. Non, il s’agit bel et bien d’une attaque par un des siens, contre le peuple français lui-même, qu’il entend asservir, par une instrumentalisation des ses angoisses et de ses faiblesses, comme d’autres s’emploient à tendre la bouteille à un alcoolique, pour pouvoir le manipuler.

En réalité, cet homme qui, il faut le reconnaitre, se fait une idée de ce que devrait être la France, ne l’aime pas, telle qu’elle est devenue, c’est à dire dans sa faiblesse actuelle, et il en fait indirectement le reproche aux Français eux-mêmes. Ceci, d’une façon très habile, puisqu’il s’agit pour commencer, d’un reproche que ceux-ci, contraints par un sentiment contradictoire, ne pourrons réfuter, celui de s’être laissé envahir par des hordes allogènes.

Ainsi, la dénonciation de faiblesse coupable, qui est bien ce que cet homme reproche aux Français, passe-t-elle parce que pour l’instant, il leur en fourni un début d’excuse. Et ceci, en attendant qu’une fois que ces Français auront admis son autorité sur eux, il leur reprochera plus directement leur manque d’ardeur et de sacrifice face à la difficulté qu’affronte le pays, et là, les choses prendront un tout autre tournant...

Il y a des hommes pour lesquels une forme d’amour pour la nation, en fait le plus grand des dangers pour celle-ci. Ainsi, lorsque apprenant du fond de son lit d’hôpital, la capitulation des forces allemandes après tant d’années de sacrifices, pendant lesquelles il avait lui-même payé de sa personne, Adolf Hitler, fou de douleur et de rage, en a d’abord et avant tout voulu, aux Allemands, qu’il rendait responsables de ce désastre. Il n’admettait pas en effet, que ce peuple qui n’avait pas vu un seul mètre carré de son territoire envahi par l’ennemi, ait pu déposer les armes, et refuser le sacrifice, au niveau incroyable et inhumain, qui fut celui de ceux d’en face, pourtant bien moins nombreux et moins bien équipés, sacrifice qui leur a valu la victoire.

Hitler aimait l’Allemagne, comme on aime sa mère, mais pas les Allemands, auxquels il ne pardonnait pas d’avoir subi par lâcheté selon lui, une défaite dont l’humiliation fut décuplée par les clauses absolument dramatiques pour l’Allemagne, du traité de Versailles. Dès lors, il n’hésitera pas à leur infliger les pires épreuves afin de leur rachat, pour réparer cette offense faite à sa chère et vénérée patrie, par des fils indignes d’elle, et de les infliger par cela même, à toutes les autres nations.

Là également, la rage raciste avait pour objet de rassurer la nation quant à elle même, en la faisant nominalement supérieure aux autres par sa race, et de nier la réalité de la cause du désastre. Ainsi la grande Allemagne n’avait pas été battue à la régulière, par des hommes déterminé à chasser l’envahisseur, mais par la traitrise de certains d’autres races en son sein. La faiblesse étant ainsi un signe d’impureté, Hitler préférera voir ses compatriotes morts, plutôt que faibles, et on sait ce qu’il en advint, huit millions des siens périrent par son délire.

Pour l’instant, il est clair que les Français ne mesurent pas, à quel point la délectation raciste à laquelle s’adonnent sans plus de honte, nombre de leurs représentants, pourrait avoir pour eux des conséquences dévastatrices, puisque tout cela n’est dirigé que contre les autres. Ils manquent ainsi de remarquer que quelques mois seulement avant que la griffe nazie ne s’abatte sur l’Allemagne, l’immense majorité des Allemands les ayant plusieurs fois recalés à différentes élections, se trouvait en opposition avec Hitler et les siens. Les Allemands les ont donc laissé faire, faisant confiance à leur démocratie. Nous connaissons la suite...

Toute la force des dictateurs, et des intrigants comme ce ministre, c’est d’avoir compris les nécessités “affectives” du fait social et national. Les peuples ont en effet besoin avant tout de s’aimer, et quant ils se voient “laids” dans le miroir intraitable des événements, il faut absolument que quelqu’un vienne les rassurer et leur dire qu’ils sont “beaux”, aimables, ces compliments devenant convaincants, s’ils sont censés relever d’une nature supérieure.

La situation actuelle si délicate et si tendue de ce pays de France, est bien sûr classique d’un début d’aventure dramatique. Les données idéologiques de celle-ci furent ainsi posées, mais il y eut un loupé imprévu...

En effet, toute cette campagne de dénigrement raciste était censé viser les immigrés, ceux qu’on peut balancer par dessus bord à tout moment, et dont on peut s’en aller bombarder leurs pays d’origine, et les jeunes fragilisés issus de l’immigration, ceux qu’on peut à tout moment envoyer en prison, pour les tenir encore durablement à l’écart du jeu démocratique, puisque n’étant pas assimilable à la race supérieure, ils risquaient de troubler la fête.

Mais ce ne furent pas ceux-là qui ont réagi face à l’infamie, mais ceux qui par l’histoire et par leur sacrifice, rappelé avec tant d’éclat par leurs intellectuels, ont acquis un ascendant moral définitif, sur les descendants de ceux qui ont martyrisé leurs pères, dans une des pires tragédies de l’Histoire.

C’est donc un descendant d’esclave, qui se verra alors soutenu par beaucoup des siens, qui va se dresser pour former l’opposition, à la gangrène raciste. Et maintenant, le jeu va devenir délicat, pour que toute cette république mensongère, ne se retrouve pas totalement déshabillée, infligeant au regard de tous sa laideur jusqu’alors camouflée, par toutes ses proclamations quant à elle-même. Car il est peu probable qu’après une telle mise à nu de sa cruauté, ce peuple puisse encore espérer se voir beau dans le miroir des autres...

Les Antillais sont en effet dans la situation où, leur appréciation, ou leur dénonciation, fera de ce pays aux yeux des autres nations, soit une république apaisée et tolérante, ayant dépassé la question raciale, soit le pays du triomphe de l’intolérance raciste. Et si leur voix compte de par le monde, c’est parce qu’il s’agit d’un peuple “rédempteur”, et en ce sens inattaquable, parce qu’à ce jour, il n’a rendu que le bien, à la nation qui lui a fait tant de mal.

Nous verrons la tournure que prendront les événements, mais pour être complet, il est temps de démonter cette sottise grotesque de hiérarchisation des civilisations.

Ce que nous appelons une valeur, est une donnée “relationnelle” établie entre un objet, et ce qu’il concerne. Et si c’est le terme “relationnel ”, qui est retenu ici, plutôt que “relatif”, c’est pour signifier que cette “valeur” ne résulte pas d’un simple positionnement de cet objet par rapport à un autre, mais de “l’appréciation” de celui-ci, par cet autre.

Ainsi, un verre d’eau n’a-t-il pas la même valeur à Paris, et en plein milieu du Sahara, alors même qu’il s’agit bel et bien du même verre d’eau.

D’une façon fondamentale, il n’existe donc pour nul objet, de valeur “absolue”, qui serait donc une valeur strictement “objective”, détachée de “l’arbitraire” de celui qui l’apprécie, pour pouvoir établir ainsi une hiérarchie absolue des valeur attribuées aux choses. Et ceci, précisément parce qu’il ne peut y avoir de valeur des choses, “qu’attribuées”.

Il faut dès cet instant mesurer l’étendue de la sottise de ceux qui pensent possible d’établir une hiérarchie de la valeur des civilisations...

En fait, une civilisation ne peut avoir de valeur, que par rapport aux gens qu’elle concerne, et uniquement par rapport à ceux-là. Elle peut d’ailleurs avoir parmi la diversité de ces gens, des valeurs différentes ce qui rend encore plus fragile cette notion de valeur. Compte tenu que son objet premier c’est de permettre le “bien-être”, en poursuivant le “mieux-être”, elle vaudra plus ou moins, selon qu’elle apportera plus ou moins de satisfaction aux gens, selon leur attente, et selon leur projet.

Toute la sottise des racistes occidentaux, totalement enflés de la crânerie qui constitue un des principaux produits de consommation de cette société, c’est de prétendre que toute la diversité des peuples de notre humanité avait le même projet, c’est à dire de vivre comme eux, et que, dans le fait qu’ils y sont parvenus et pas les autres, se trouve ainsi la preuve de leur supériorité.
Mais, ce n’est pas vrai que tous les peuples ont caressé le rêve lointain de pousser son caddie le samedi après-midi dans un supermarché, pour s’installer ensuite le soir devant une télévision, pour écouter un “newseux“ à prompteur, déblatérer les salades sur commande faites par le pouvoir politique...Il y a bien des hommes qui ont rêvé d’autre chose...

Les Tahitiens vivaient heureux et sans histoire sur leur île autour de leur chef, dans une civilisation qui avait alors pour eux, beaucoup de valeur, et surtout beaucoup plus, que celle du “bordel colonial” qu’en ont fait actuellement les Français. Et il ne suffira pas de dire que, puisque les Tahitiens ont désormais la télévision, pour se défaire la cervelle, et de l’alcool pour se défaire les boyaux, qu’il s’agit en leur société actuelle, occidentalisée, d’une société supérieure à celle de leurs vaillants ancêtres...

Disons donc encore une fois, qu’une civilisation ne peut avoir de valeur que pour ceux qu’elle concerne, et bien sûr pas, pour ceux qu’elle ne concerne pas, de telle sorte qu’il n’existe aucun repère universel, permettant d’étalonner les différentes civilisations, et d’en établir ensuite un classement. Tout cela ne signifie rien du tout...

La prétention occidentale repose sur le constat que pendant quelques temps, et ce n’est déjà plus vrai, les occidentaux semblaient être ceux qui étaient parvenus à la plus grande maitrise, sur les choses matérielles. Cependant, si nous voulons selon ce rapport d’efficacité, établir malgré tout une comparaison entre civilisations, nous admettrons que dans sa concurrence à une autre, la civilisation supérieure à l’autre, sera celle qui lui survivra.

Ainsi, se donner les moyens de sa pérennité, constituerait-il l’acte le plus déterminant, permettant d’établir une éventuelle hiérarchie des civilisations. Or, le mode de vie occidental, n’ayant pas permis de maintenir le simple désir des gens d’avoir des enfants, nous savons déjà toutes ces sociétés occidentales, condamnées à disparaitre du fait de leur dénatalité...

Disparaitre sous le coup d’un ennemi imprévu, où suite à un désastre naturel, ne met pas forcément en cause la pertinence des éléments sociétaux d’une civilisation. Mais disparaitre tout stupidement d’un manque de faire des enfants, plus nul que cela, on ne peut pas faire...


Paris, le 10 février 2012
Richard Pulvar

vendredi 3 février 2012

SCIENCE ET CROYANCE




L’opposition séculaire dans laquelle s’est trouvée entretenue, dans cette civilisation qui est la nôtre, ces deux exercices de la pensée humaine que sont la science et la croyance, ce qui ne fut pas le cas partout ailleurs, est telle, qu’il ne serait pas inutile, puisque la première fut à l’origine d’une contestation de la seconde, qui pour cette raison, a un instant contesté la légitimité de l’exercice même de la première, de vérifier dans quelle mesure la science, puisque c’est en fait son rôle, peut rendre compte de la croyance, c’est à dire nous expliquer pourquoi son fait. Est-ce que vraiment, comme nous aurions aujourd’hui tendance à le croire, nous nous trouvons là, dans deux démarches définitivement inconciliables, qui ne permettent en aucune façon la participation de l’une, à l’autre ?

Nous sommes à une époque bien curieuse où, après que nous ayons cessé de croire aux dieux, en constatant que leur célébration millénaire n’avait en rien soulagé l’âpreté de nos existences, la persistance de notre besoin fondamental d’espérer un mieux “ à venir ”, nous a logiquement conduit à ne plus croire qu’en la science, comme moyen d’accéder à ce mieux. Ce changement d’itinéraire de notre quête d’autre, s’est fait d’autant plus facilement qu’à la différence d’enseignements qui ne situaient le bien être que dans un au-delà merveilleux, les bienfaits de la science pouvaient quant à eux, être escomptés dès maintenant, et ici-bas. D’autre part, les explications de cette science quant à la raison des choses, prolongeant la compréhension intuitive que nous en avions, nous ont finalement et curieusement parus bien plus digne de “foi”, que l’extraordinaire mythologique et impalpable, des énoncés religieux. Par cette différence d’attitude quant à la façon d’envisager notre monde, nous avons accédé à cette ère rassurante de rationalisme scientifique où, enfin libérés de ces outrances dogmatiques qui ne nous vouaient qu’à l’expiation d’une faute originelle sur cette Terre, nous y avons découvert un mieux-être possible. Ceci, grâce à la maîtrise des choses que nous permettait d’obtenir une investigation méthodique, et sans a priori, menée sur celles-ci.

Il est incontestable aujourd’hui, que des énoncés scientifiques vérifiés par l’expérience de pratiques mise en œuvre à partir d’eux, nous ont permis d’obtenir une formidable efficacité opérationnelle sur les choses qui nous entourent, et ont entraîné une transformation considérable de notre mode de vie, dont la positivité tient à ce qu’elle s’inscrit dans ce que nous considérons comme étant une logique des temps. C’est pourquoi nous inclinons à penser que, par delà quelques égarements occasionnels, toujours susceptibles d’intervenir dans son parcours, mais qui ne sauraient la dévoyer définitivement, la science demeure par nature même, apte à nous rendre compte avec exactitude, des différents aspects de l’univers. Ceci, d’autant que jusqu’à ce jour, nous demeurons convaincus pour la plupart d’entre nous, que tels que nous les constatons, ces aspects dits objectifs, ne doivent rien à notre imaginaire.

Cependant, il se pourrait fort bien que notre vigilance ait été prise en défaut, à cause de la grande confiance en elle, que nous inspirent les résultats obtenus grâce aux énoncés de la science, et que notre acquiescement de ceux-ci, ne soit finalement pas mieux fondé que celui qui en son temps fut le nôtre, des énoncés religieux. Ceci pour dire qu’il se pourrait fort bien qu’il ne s’agisse dans l’un et l’autre cas, que de “croyance”, quant à la représentation religieuse ou scientifique, que nous sommes amenés à nous faire, des aspects non directement évidents des réalités de l’existence.

Observons en effet que, dans notre entreprise, bien des résultats concrets ont été obtenus par la mise en œuvre de techniques élaborées sur la base de concepts scientifiques qui, par la suite, se sont révélés être inexacts. C’est ainsi que la conception, la mise au point, et l’exploitation pendant des décennies, de nombreux types de machines à vapeur, qui à l’origine étaient dites “machines à feu”, s’est-elle faite sur la base du concept incertain d’un “fluide calorique”, censé les traverser de part en part, à la façon dont un fluide hydraulique traverse un moulin à eau. Ce concept de fluide calorique, qui nous posait déjà une difficulté de représentation, et qui fut développé par le grand Carnot, fut abandonné plus tard pour faire intervenir dans la résolution thermodynamique de ces machines, celui encore plus spéculatif et ésotérique, “d’entropie”. Or, bien qu’il fut dès lors établi que le concept de fluide calorique, prétendait une chose qui n’existait finalement pas, les machines, toutes conçues autour de cette idée ont, quant à elles, continué de parfaitement fonctionner.

De la même façon, c’est en envisageant la nécessité mécanique de propagation d’une onde dans “l’éther”, et en établissant une analogie entre cette propagation et la transmission du mouvement par un train d’engrenage, que le grand Maxwell a formulé ses fameuses équations sur l’électromagnétisme. Aujourd’hui, le concept d’éther, qui a pourtant sous-tendu son raisonnement, a été abandonné parce qu’il était devenu encombrant. Mais, il n’empêche que des appareillages de toutes sortes, conçus pour des ondes censées se propager en lui, continuent eux aussi, de parfaitement fonctionner. Citons également la relativité du grand Einstein, que certaines observations quant à la vitesse de la lumière, tendent déjà à malmener, alors que sa fameuse formulation d’équivalence entre la masse et l’énergie, qui fait justement intervenir cette vitesse de la lumière, constitue la proposition à partir de laquelle se sont développées, les armes et les industries nucléaires qui constituent pourtant bien des réalités.

Tout ceci fait apparaître d’une façon très surprenante, mais pourtant clairement, que ce n’est pas parce qu’un raisonnement scientifique permet, par les démarches pratiques qu’il implique, d’obtenir à un moment donné de bons résultats, qu’il est pour autant incontestable. Nous pouvons d’ailleurs pour nous convaincre de cela, constater le cas des “tradi-praticiens” qui tout autour de la planète prodiguent leurs soins, sans autre justification scientifique qu’une évocation des esprits, et qui selon ces énoncés, obtiennent pourtant eux aussi, des résultats. Ainsi, une théorie scientifique peut elle se trouver formellement vérifiée par l’expérience, nous laissant ainsi croire en sa véracité incontestable, puis se trouver totalement infirmée une autre fois, par d’autres expériences. Où se situe donc la vérité scientifique ?

Admettons maintenant qu’à l’époque où les ingénieurs traitaient d’un fluide calorique, sans douter le moins du monde de sa réalité, il ne s’agissait en la conviction qui était la leur de l’existence réelle de celui-ci, que d’une “croyance”, c’est à dire de la conviction de la réalité d’un fait non directement constaté, mais dont la supposition se trouvaient étayée par le constat de manifestations lui étant attribuées. Ceci, étant bien entendu qu’aucune mise en évidence formelle de ce fluide n’aurait été possible, telle que par exemple, il aurait pu être contenu et observable dans un récipient. Observons alors que pareillement, bon nombre d’objets extraordinaires, révélés selon les résolutions mathématiques de notre science moderne, demeurent strictement hypothétiques, dans la mesure où ils ne sauraient en aucune circonstance faire l’objet d’une mise en évidence formelle. Ainsi en est-il par exemple, pour ne citer que certains des plus extravagants, des neutrinos ou des quarks. Mais soyons conscients qu’il en est déjà ainsi du simple “électron”, même si, compte tenu de l’étendue des nombreuses applications issues de ce concept, nous l’envisageons désormais comme si sa réalité concrète avait été formellement établie, autrement dit comme si quelqu’un en avait déjà vu un. Car, pour considérer ce cas emblématique parmi d’autres, il demeure que par delà les manifestations que nous supposons être celles de sa présence ou de son passage dans certains objets, ce en quoi consiste fondamentalement un électron, tel qu’il est supposé être une particule concrète de matière, ne pourra jamais faire l’objet d’une mise en évidence formelle. Ceci signifie qu’en aucune façon, il ne nous sera possible d’isoler, d’observer, et de décrire ce grain de matière, comme nous le ferions par exemple pour un grain de sable.

De tout cela, nous devons convenir que, face à de nombreuses propositions scientifiques qui résultent, non pas de l’observation directe des choses, mais de constructions intellectuelles qui se proposent de décrire une réalité imperceptible de celles-ci, laquelle ne peut être comme telle, qu’une réalité supposée, nous ne sommes là qu’en présence d’intimes convictions, même si celles-ci se trouvent sérieusement argumentées. Il s’agit donc bien, autrement dit, de “croyances” quant à une réalité incertaine des choses.

Pour bien saisir sur quoi se fonde cette proposition, observons que la science que nous envisageons spontanément comme si elle était une, se développe en réalité selon deux catégories bien distinctes d’investigations, dont les implications sont différentes.

Il y a tout d’abord le cas du simple recensement des choses et de la description de celles-ci telle qu’elles se “présentent” simplement à nous, qui constitue l’objet d’une science “descriptive”, dont il nous faut remarquer et retenir qu’il s’agit d’une science de “l’actuel”, en ce sens qu’elle n’a rien de spéculatif, autrement dit, rien de “prévisionnel”. Cette catégorie de la science, la descriptive, ne pose pas de problème.

L’autre cas d’investigation scientifique, est celui d’une mise en évidence de choses qui sont cette fois situées hors de notre champ de perception directe, par un raisonnement, et qui constitue quant à lui l’objet d’une science “démonstrative” qui elle, pose un vrai problème. Ceci, parce que par une accumulation de données qui nous sont intuitives, et que nous nous passons de justifier en considérant que la véracité de leur signification va simplement de soi, la base axiomatique à partir de laquelle se développe cette science démonstrative est devenue par trop considérable, pour que ses propositions ne s’en trouvent pas fragilisées.

Considérons en effet à ce sujet, le cas de la simple notion “d’unité”, dont nous sommes a priori tous convaincus de bien comprendre ce dont il s’agit, selon toutes ses implications. Partant de là, le fait pour nous d’envisager tout objet comme étant “un”, alors même que nous le savons parfaitement constitué d’une pluralité de parties, autrement dit que nous le savons en être “plusieurs”, ne suppose même pas qu’il y ait débat quant à cette ambivalence fondamentale, tout à la fois singulière et plurielle, du fait de toute unité.

Or, s’il se confirme selon cette ambivalence, que le simple ne serait en fin de compte, qu’un aspect occasionnel du multiple, ceci laisserait entrevoir que dans sa singularité, et aussi élémentaire que puisse nous sembler une entité quelconque, celle-ci ne peut manquer d’être déjà constituée, selon un autre de ses aspects. Ainsi, en ne se laissant pas abuser par une approche intuitive et réductrice du fait d’unité, et en considérant que celui-ci masque en fait, une complexité, il apparait simplement que la quête de la particule strictement élémentaire, c’est à dire de celle qui ne serait “constituée” en aucune façon, puisque toute constitution suppose une pluralité de parties, et qui obsède encore les physiciens jusqu’à aujourd’hui, est désespérément vaine. Et ceci, en comprenant qu’il ne peut rien exister, qui en soit constitué.

Nous constatons par cet exemple que dans notre investigation scientifique, il existe déjà une incertitude quant aux données de base elles-mêmes telles que le simple et le multiple, à partir desquelles se développent nos raisonnements, et qui demeurent généralement incontestées, parce que nous ne sommes en rien préoccupé à priori d’en établir l’ambivalence. Mais, comprenons bien que s’il n’avait existé depuis toujours, cette base axiomatique de données fondamentales nous permettant d’initialiser nos développements, et si nous avions été par trop préoccupés de rigueur scientifique dès les prémices de notre quête historique de la connaissance, hors des simples évidences objectives, nous n’aurions rien pu établir comme vérité par quelque démonstration que ce soit. Car nous aurions été engagés dans une procédure sans fin, de justification des données à partir desquelles se font les démonstrations, par des éléments devant à leur tour être justifiés, et ainsi de suite.

Ce n’est donc qu’à condition de se passer de justification quant aux notions intuitives qui sont les nôtres, que nous avons pu établir par démonstration, des vérités à partir d’elles. Cette facilité nous a permis de concevoir autour de nous, un univers rassurant d’objets certains, c’est à dire d’objets dont il ne faisait aucun doute pour nous, que les caractères fondamentaux que nous leur reconnaissions, étaient objectivement les leurs, et non pas des produits de notre “imaginaire”, dus à une “interprétation” de leurs différentes significations, autrement dit des “croyances”. Mais c’est précisément là où nous nous trompons...

Comprenons maintenant que, si cette convention que constitue la base axiomatique de nos raisonnements, ne nous pose pas trop de problèmes, quant à la justification des objets ou des phénomènes courants de notre environnement qui, nous étant naturellement perceptibles, participent en ce sens à l’ensemble de ce qui nous est “présent”, autrement dit à “l’actuel”, il en va tout à fait différemment quant à vouloir pénétrer l’intimité secrète de la matière ou, explorer les confins de l’univers. Car, il s’agit en fait en ces lieux situés hors de notre champ de perception, de ce qui constitue l’en deçà, et l’au-delà, problématiques l’un comme l’autre, de cet actuel.
A cet instant de notre développement, il nous importe de préciser la signification exacte que nous donnons ici au terme “actuel”, en disant qu’à la différence de son “activité” qui constitue l’ensemble des actes dont un être est le sujet, son “actualité”, c’est la contradiction d’actes que constitue le rapport de ceux dont il est l’objet, à ceux dont il est le sujet, et dont se réalise cet être lui-même en un fait alors temporel. Ceci, en comprenant bien qu’il ne se peut pas d’être, qui ne soit tout à la fois l’objet d’autre, et le sujet d’autre. Tout être est donc actuel par définition, et ce que nous désignons ici comme étant nominalement “l’actuel”, constitue le domaine où s’exerce l’être. Notons alors que hors de celui-ci, c’est à dire à l’en deçà et à l’au-delà de lui, se situe un domaine exempte d’actes, d’où ceux-ci se peuvent seulement, qui est autrement dit “ex-act(e)”, hors de toute actualité, et donc hors du temps, et qui constitue ainsi un lieu “d’exactitude”.

Par rapport à ces notions temporelles qu’habituellement nous manquons de considérer, nous pouvons encore formuler tout cela en disant que la science descriptive est une science de la simple “vision” des choses, autrement dit de tout ce qui peut être “montré”, c’est à dire signifié “dans l’instant” avec certitude, parce qu’il s’agit tout simplement de “ce qui est”. Ceci, alors que la science démonstrative est tout à la fois, une science de la “prévision”, et de la “révision” des choses. Il s’agit autrement dit, d’une science de tout ce qui ne pouvant être directement “montré”, selon l’objectivité physique des choses, nécessite d’être “démontré”, c’est à dire signifié “dans le temps”, et non pas dans l’instant, selon l’antériorité d’une cause, et la postérité d’un effet, pour pouvoir être établi, et qui ne peut l’être que de façon incertaine, puisqu’il s’agit alors non pas, de décrire ce qui est, mais d’imaginer “ce qui doit être”.

Insistons bien ici sur le fait qu’à la différence de ce qui se trouve simplement montré, le démontré ne peut en aucune façon être l’actuel. Car, la science démonstrative à pour objet d’établir par “révision”, l’en deçà de l’actuel, autrement dit l’ensemble des faits préalables tels qu’ils se trouvent justifiés en vue de ce qui “est”, et par “prévision”, l’au-delà de l’actuel, c’est à dire de l’ensemble des faits consécutifs tels qu’ils se trouvent justifiés quant à eux, à partir de ce qui est.

Nous accédons ainsi à un constat extrêmement problématique par rapport à notre vison commune des choses et nos habitudes conceptuelles, à savoir que les différents aspects non directement évidents des choses, selon notre perception de celles-ci, ne peuvent participer de leur réalité actuelle, car “l’en deçà” de ce qui est, autrement dit de “l’être”, lui est “passé”, et “l’au-delà” de l’être, lui est “futur”. Ceci à une implication fondamentale aux développements innombrables, à savoir que le passé d’un être lui est “sous-jacent”, alors que son avenir lui est “adjacent”...

Ceci étant, nous devons déjà comprendre par ce constat que, n’ayant pas même pour objet d’établir l’actuel perceptible, c’est à dire tout ce qui formellement “est”, déjà et encore, et qui constitue l’objet de la science descriptive, la science démonstrative ne peut en fait rendre compte dès le départ, d’aucune réalité, compte tenu que celles-ci évidemment “sont”, et ne peut rendre compte que de la “potentialité” de ce qui, selon elle, “doit être”.

Nous venons d’établir que la science démonstrative n’ayant pas pour objet ce qui est, elle ne peut nous signifier que ce qui, sauf erreur, doit être. Comprenons bien dès maintenant, que c’est précisément dans le fait qu’elle ne traite pas du champ de l’erreur, que se situe curieusement son insuffisance. Car, il se trouve en réalité que, par le fait d’une dynamique de tendances contradictoires exerçant sur les choses, laquelle constitue fondamentalement le phénomène selon lequel il se développe du temps, la “constance” des choses qui est la résultante même de leur exactitude, se trouve contrariée par une “circonstance” de celles-ci. Ceci, de telle sorte que d’une façon générale, il ne “se forme” dans notre univers, que selon une contradiction de ce qui normalement “doit être”, c’est à dire de “l’exactitude” des choses, et qu’en conséquence, aucune des réalités de cet univers, ne se peut selon cette exactitude.

Tout ceci revient à dire que s’il est un domaine hors du temps et hors de l’être, où se peut l’exactitude, le domaine temporel des êtres où cette exactitude se trouve contrariée, constitue fondamentalement par cela, celui de “l’erreur”.

Ce rapport fondamental de “l’erreur” au “temps” demeure habituellement méconnu. Mais, notons bien que c’est ici que science et croyance se rejoignent, car ce que nous évoquons ainsi, n’est rien d’autre que l’objet d’un des tout premiers enseignements de la grande Tradition, qui fait état d’un monde “spirituel” de “l’exactitude”, situé au-delà des formes actuelles de l’être, et que par habitude nous désignons tout simplement comme étant “l’Au-delà”. Et ceci, en opposition à un monde “temporel” de “l’erreur” qui est quant à lui, notre monde “d’ici bas”.
Si la science démonstrative ne peut que proposer ce qui doit être, en lieu de ce qui est, c’est parce que, même si ses démonstrations ne peuvent être établies que selon le schéma temporel de cause à effet, ses formulations courantes en font cependant une science “d’exactitude” qui, notons le bien, peut être rapprochée en cela des préceptes religieux qui, eux aussi, traitent de l’exactitude de ce qui doit être.

Observons en effet, qu’un des caractères particuliers de la science démonstrative, relève du fait que par ses formulations, elle implique “immédiatement” la postérité d’un effet, à partir de l’antériorité d’une cause, en ignorant par cela superbement le temps nécessaire au fait du second, à partir de la première. C’est ainsi qu’en proclamant l’égalité entre le résultat d’une opération, et l’opération elle-même, comme dans la formulation 2+2 = 4, elle établit une stricte identité entre l’opération telle qu’elle s’engage, 2+2, à l’antériorité de son fait, et l’opération telle qu’elle est accomplie, 4, à la postérité de son fait. Or, il doit être clair pour nous tous que dire “je peins le mur”, n’équivaut strictement pas à dire “le mur est peint”, même si nous savons qu’il le sera finalement. En admettant que tel qu’il se trouve constitué, autrement dit “formé” dans son unité, un tout contient quelque chose de plus que la disparité préalable de ses parties, nous comprendrons que ce que 4 contient de plus que 2+2, c’est une “valeur d’opération”, qui est concrètement une “valeur de forme”, homogène à une “durée”, que les formulations ignorent totalement. Ceci, alors qu’elle n’a pourtant rien d’insignifiant, puisque ce n’est rien d’autre que cette quantité de “temps” qui, selon un phénomène que nous disons “température”, se trouve mise en œuvre dans des manifestations énergétiques, telles que celles qui accompagnent la réduction d’un tout, en une pluralité de parties, et que nous disons à cause de cela, “exothermiques”.

Retenons de tout cela, qu’aucune réalité formelle ne peut se former immédiatement, pour pouvoir concrétiser les formulations d’exactitude de la science démonstrative, et qu’en ce sens, les propositions de cette science demeurent formellement invérifiables, ce qui fait que leur acquiescement relève bien ainsi d’une forme de croyance. Notons à cette occasion que, compte tenu du rapport contradictoire du “peut-être” face à “l’être”, et même s’il est supposé décrire l’être, dans la mesure où il participe du peut-être, le “probable” bien sûr n’est pas, mais surtout, qu’il ne sera jamais “tel que prévu”. Car, étant supposé en lieu d’un constat impossible de l’actuel, il ne peut être établi que selon des formulations d’exactitude, qui ne peuvent rendre compte d’aucune réalité temporelle. Le probable relevant ainsi dans ses formulations, de l’exactitude, et non pas du réel, nous pouvons dire de toutes ces théories probabilistes à la mode, que, dans leur complexité qui est telle que plus personne n’y comprend rien, elles décrivent ce qu’elles veulent, mais certainement pas la réalité.

Rappelons à ce sujet que, ce qui nous fait prendre bien des propositions scientifiques pour des faits avérés, alors qu’elles n’ont jamais cessé de n’être que des suppositions, c’est qu’elles nous semblent être formellement vérifiées par les opérations qui sont rendues possibles à partir de leurs concepts. Cependant, il est manifeste que, par les “progrès” de la science elle-même, nombre de ces suppositions se sont trouvées un jour fatalement infirmées, après qu’elles nous aient pourtant semblé largement confirmées par l’expérience.

Observons bien ici ce paradoxe qu’emporte en elle-même la notion de “progrès”, telle qu’elle se trouve appliquée à la science démonstrative. Car selon ce progrès, les propositions incertaines de ses démonstrations, mais qui nous semblent un moment être définitivement confirmées par l’usage, sont cependant condamnées à être infirmées tôt ou tard par d’autres démonstrations ou un autre usage. C’est d’ailleurs précisément par le fait que des concepts vérifiés d’hier, tels que le phlogistique, le calorique, ou l’éther, sont devenus des erreurs aujourd’hui, que nous sommes en mesure de constater qu’il y a du progrès dans cette science.

Ce constat nous rappelle non seulement, que la résolution de certaines réalités proposées comme telles par cette science demeure artificielle, mais il révèle surtout le caractère fondamentalement limité dans le temps, de la cohérence des propositions scientifiques qui concernent les aspects non directement évidents des choses.

Tout se passe en effet comme si nous étions condamnés à ne pouvoir que tenter de nous approcher de ces aspects cachés des choses, selon une succession de propositions qui s’infirment les unes après les autres, mais sans jamais devoir y accéder. Comprenons alors que c’est précisément en cette prétention qui leur est commune, de décrire l’aspect caché des choses, c’est à dire tout à la fois, l’en deçà “immanent” aux formes de l’actuel dont elles procèdent nécessairement toutes, et l’au-delà “transcendant” ces mêmes formes, auquel celles-ci aboutissent fatalement, que la science démonstrative s’identifie fondamentalement à la croyance religieuse, avec ceci que la croyance, elle, ne prétend pas démontrer ses propositions par de savantes formulations.

Ce qui est évoqué ici, c’est le fait que par des propositions quant à ce qui doit être, que, compte tenu de son inconsistance formelle, la science ne peut tenter de vérifier que par ses propres développements intellectuels, et qui ne recueillent alors notre acquiescement d’enfants ébahis, que grâce à l’autorité de leurs auteurs, cette science a dans ces aspects, rejoint le domaine de la croyance dont quelques instants, elle nous avait semblé s’être radicalement détachée.

La science démonstrative nous pose finalement deux problèmes particuliers, elle ne peut pas rendre compte de l’actuel procédant de l’erreur, par ses formulations d’exactitude, et d’autre part, elle ne peut pas davantage rendre compte du domaine de l’exactitude elle-même, parce que située hors du temps, et ignorant par cela toute relation temporelle de cause à effet, ce qu’est l’exactitude, demeure fondamentalement “indémontrable”. Celle-ci ne peut être que décrite, comme pour les préceptes religieux, et toute notre difficulté en ce sens, vient du fait que l’exactitude ne possède aucune “représentation concrète”. Nous découvrirons cependant, au cours d’une prochaine communication, qu’il nous est possible d’en avoir une “présentation discrète”, selon la disparité des choses de notre univers.

Considérons maintenant que dans la mesure où la science démonstrative, qui permet d’établir des révisions et des prévisions, à partir ou en vue des formes de l’être, et selon ses principes, ne saurait rendre compte de ces mêmes principes, qui relèvent de l’exactitude indémontrable, il faut bien que quelque chose d’autre intervienne, comme une perception “intuitive” de la logique des choses, dépassant nos cheminements intellectuels, pour que ces principes puissent être établis.

C’est bien à une telle perception intuitive de l’aspect “secret” des choses, dont il nous appartiendra une prochaine fois d’établir les dispositions de son fait, que nous devons d’être habités, même sans le concours de l’expérience, par ces convictions indémontrables qui constituent la base de notre croyance.

Nous apercevons finalement que science et croyance ne sont pas antinomiques, mais complémentaires, puisque les principes à l’aide desquels nous nous employons à rendre compte des choses de notre univers, n’ont pu être ni montrés, ni démontrés, et partant de là, leur “révélation” à notre conscience, n’a pu se faire que selon le mode de l’intime conviction, qui est celui de la croyance. Rappelons à ce sujet que ce en quoi consiste la croyance, se manifeste bien au-delà des seules préoccupations religieuses, et nous pouvons remarquer à cette occasion que, bien avant qu’aucun n’ait été en mesure d’en fournir une justification logique, nombre de découvertes et d’inventions ne doivent en réalité leur fait, qu’à l’intime conviction préalable de leurs inventeurs.

Ainsi en est-il par exemple du grand Marconi, intimement convaincu que les ondes radioélectriques, alors réputées ne pouvoir se propager qu’en ligne droite, pourraient malgré tout se transmettre par delà la rotondité de la Terre, et qui, se rendant en Angleterre, parvient avec son appareillage à transmettre un message jusqu’en France, à la faveur d’un phénomène qui ne sera identifié que bien plus tard. Ainsi en est-il également du grand Einstein, qui a “senti” l’affaire de la relativité, avant qu’à l’aide d’un ami mathématicien, il ne soit parvenu à la formuler.

En fait, c’est précisément cette capacité à faire parvenir “par-devers” soi, donc de façon “intuitive”, ce qui ne peut être acquis par un constat objectif des choses, et selon un cheminement en nous-mêmes, que certaines traditions désignent comme étant celui d’un “vent interne”, que décrit mine de rien le terme “inventer”. Il se confirme par l’expérience que, bien avant qu’elle ne soit l’objet d’un encadrement et d’un approfondissement scientifique, qui pourrait laisser croire qu’elle ne fait écho qu’à l’objectivité des choses, toute invention est le produit d’une intuition qui en constitue l’occasion, et quant à laquelle nous n’avons bien sûr aucune décision.

La difficulté qui est la nôtre maintenant, quant à la nécessité pour nous d’envisager avec sérénité cette question de la croyance, tient tout d’abord dans le fait que les doctrines religieuses emportent bien trop souvent, des tas de choses qui n’ont rien à y faire, telles que les dispositions par lesquelles certains exercent leur prétention sur les autres. D’autre part, contrairement à la façon dont ils ont été envisagés des siècles durant, qui malheureusement demeure encore celle de certains intégristes, les énoncés ne traitent normalement pas de la réalité des formes de l’être, mais des principes du peut-être qui sous-tendent ces formes, puisqu’ils concernent non pas ce qui est, mais ce qui doit être.

Il apparaît ainsi que c’est bien d’une acception littérale et maladroite de termes, qui n’étaient alors que des métaphores destinées à signifier des principes informels du peut-être, par des formes de l’être qui en relevaient, qui, dans une large mesure, nous ont valu les égarements des exégètes, de sorte que, pour nous réconcilier avec les énoncés religieux, il nous faudrait déjà les rétablir dans leur signification logique.

Que nous faut-il retenir de tout cela ? Eh bien c’est que la science démonstrative tout comme la croyance, et bien que ni l’une ni l’autre ne peuvent le justifier, s’établissent sur le “vrai”, c’est à dire sur l’ensemble des “principes éternels”, qui dans l’acception moraliste des religieux sont alors des “préceptes”, et qui sous-tendent les “vérités”, qui quant à elles, en sont les “formes temporelles”, autrement dit “occasionnelles”. Ceci signifie que si le vrai demeure bien sûr immuable, les vérités quant à elles, ne demeurent telles que pendant une durée déterminée, et c’est précisément cette détermination dans le temps, qui en fait des réalités.

Leur caractère temporel fait que les vérités sont des “déviations” du vrai, autrement dit des “erreurs”, mais qui constituent des approximations qui demeurent un moment suffisantes, d’un vrai qui nous est définitivement inaccessible, puis qui se révèlent ensuite insuffisantes, pour la poursuite de notre investigation, ce qui nous contraint à passer à une suivante. Elles s’enchainent alors selon une résolution cyclique qui est celle du temps, et de telle sorte que nous sommes à la veille de redécouvrir des vérités, qui furent celles d’époques très lointaines.

Ceci pour dire toute la vanité de ceux qui prétendent rendre compte de l’univers selon une vérité de quinze milliards d’années, et la stupidité de tous ces intégristes religieux, qui pensent que les préceptes doivent se traduire selon une forme définitive...


Paris, le 3 fevrier 2012
Richard Pulvar