Depuis
maintenant plus de deux siècles, La France et les Etats-Unis s’opposent à
toutes les occasions sur toutes les tribunes, même si cela demeure pacifique
entre deux nations autrement alliées de longue date, en se prétendant chacune,
la nation qui s’offrant comme modèle au monde, doit conduire celui-ci vers
l’universalité…
Si les
Américains ont tiré les premiers avec leur constitution de 1787 qui, loin de ce
qui avait alors cours dans les monarchies européennes, proclamait le droit à la
vie, à la liberté, et à la recherche du bonheur pour tous, celle-ci avait
tristement ignoré les esclaves noirs dans ce partage des droits, et l’Amérique
demeurera esclavagiste pour des décennies encore…
Ce ne fut
pas le cas en France où la “déclaration des droits de l’homme et du citoyen” de
1789, qui constitue désormais le préambule de la constitution française de 1958
sous laquelle nous demeurons, proclama que tous “les hommes naissent libres et
égaux en droits”. Elle fut donc logiquement suivie après que fut proclamée la
république en 1792 et qu’une constitution lui fut donnée en 1793, de la
première abolition de l’esclavage en 1794, qui permit aux Français de proposer
au monde leur “universalisme républicain”, même si c’est malheureusement à coup
de canon que le message sera porté à travers toute l’Europe, et à l’aide de
canonnières, qu’il sera porté dans le reste du monde.
Viendra
compléter cet idéal républicain dans la seconde partie du dix-neuvième siècle,
ce concept bien français de la laïcité, notion qu’ignorent encore à ce jour les
Américains dont le président prend ses fonctions en jurant par-dessus une
bible, permettant d’affirmer que l’universalisme français se situe bien quant à
lui, au-dessus des races et des religions...
Les
Américains sembleront reprendre l’avantage grâce à une posture
“anticolonialiste” qui allait considérablement fragiliser la position
française, et qui allait conduire au sortir de la première guerre mondiale, à
la création de la Société des Nations, sous l’impulsion de leur président
Wilson mais curieusement, à laquelle l’Amérique en tant que nation, n’adhérera
pas. Cependant, la fin du 19ème siècle et la première partie du 20ème
siècle allaient être marquées par la création par les Français, de la
quasi-totalité des grandes institutions internationales qui demeurent à ce
jour, qu’elles soient sportives, scientifiques, culturelles, ou humanitaires…
Les
Américains reprendront alors un avantage par la création au sortir de la
deuxième guerre mondiale, de l’Organisation des Nations Unies, en donnant ainsi
une saine impulsion au monde entier. Mais ils vont le perdre à cause de leur
opposition doctrinale obsédée contre le communisme qui allait conduire aux
guerres désastreuses de Corée et du Viet Nam, et surtout, face à la politique
d’ouverture vers l’est et de “coexistence pacifique” initiée par le général de
Gaulle. Car dans une parfaite intuition de l’avenir, celui-ci sera le premier
parmi les grands de l’ouest à reconnaitre la Chine de Mao dès 1964, il fera le
voyage de Moscou en 1966 juste peu de temps après avoir fait sortir la France
de la structure militaire de l’Otan, et son célèbre discours de Phnom Penh où il
aura procédé à un violent réquisitoire contre l’impérialisme américain, sera
particulièrement bien accueilli par tous ceux qui n’admettaient pas de voir le
monde coupé en deux…
C’est donc
logiquement à Paris, que sera signée la fin de la guerre du Viet Nam, et si la
rivalité semble s’apaiser durant quelques années, elle atteindra son point
culminant lors du célèbre discours du 14 février 2003, du ministre français des
affaires étrangères au conseil de sécurité des Nations Unies, où les Américains
seront purement et simplement défaits, sous les applaudissement des nations de
ce monde, ce qui est normalement interdit en cet endroit, pour le discours du
représentant de la France s’opposant à leur politique. La guerre désastreuse
qu’ils mèneront malgré cela, n’arrangera rien à leur image et leur vanité de se
faire prendre en modèle par les nations du monde…
C’est alors
que quelques années plus tard, les hasards du calendrier et de la rotation de
la représentation des régions par certaines nations, vont conduire à la tenue
de la conférence sur les changements climatiques dite Cop 21, à Paris. Y seront
accueilli, en plus du secrétaire général des Nations Unies, 150 chefs d’état,
et de nombreuses délégations de la société civile issues de toutes les nations
du monde, et leurs travaux déboucheront au bout de deux semaines, à un accord
signé par l’unanimité des parties…
Il s’agit
là d’un très grand succès diplomatique pour le pays organisateur, même si
certains considèrent que cet accord n’est pas encore suffisamment contraignant
pour être réellement efficace, mais il a fait la preuve d’une préoccupation
planétaire…
Dans ces
conditions, lorsqu’un nouveau président des Etats-Unis prend parmi ses toutes
premières décisions, celle de donner carrément un coup de canif dans un contrat
le liant à la communauté des nations, et ce, à la consternation d’un bon nombre
de ses concitoyens conscients de la réalité de ce monde, il est clair que la
prétention universaliste des Américains n’est dès lors plus qu’une occasion
définitivement manquée. S’ajoute alors à cela l’attitude clairement xénophobe
et pour le moins équivoque de ce président, face aux groupements racistes et
extrémistes qui paradent en son pays, et il est clair que dans ces conditions
ce n’est pas vers les Etats-Unis que les nations tourneront leur regard en vue
da la réalisation de l’universalité qui se fera donc bien à Paris, selon la
vocation même de cette ville.
Paris, le 17 août 2017
Richard
Pulvar
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