mardi 29 janvier 2013

LES OBLIGATIONS “IMPERIALES”


Pour la France qui se trouve de plus en plus fréquemment supplantée par l’Allemagne, dans une Europe elle-même devenue marginale et insignifiante dans “l’événement mondial”, “l’Afrique” constitue son dernier, nécessaire, et salutaire, “espace de grandeur”.

Il y a ceux qui pensent qu’elle aurait eu intérêt à ne pas intervenir directement dans l’affaire malienne, et confier le règlement de celle-ci, à quelques partenaires africains, et il y a ceux encore plus nombreux qui pensent, au nom de la souveraineté des nations africaines, et de la mise à mort cent fois proclamée de la “Françafrique”, qu’elle aurait du absolument s’abstenir de toute intervention.

En réalité, elle ne pouvait manquer d’intervenir, et le président qui en a décidé, n’a fait preuve ni de naïveté, ni de témérité, ni de bravoure, mais pour une fois, de réalisme...

Cette préoccupation de “grandeur”, que fustigeait en son temps l’ancien président  Giscard d’Estaing, et qui l’a parfaitement illustré par la totale insipidité de son septennat, celui-là même à partir duquel il est possible de dater la régression que subit le pays depuis, n’est pas du tout comme certains le pensent aujourd’hui, un accessoire désuet, voire ridicule, dans la vie de cette nation, mais participe d’une détermination qui sous-tend nécessairement, l’âme même de celle-ci.

La France en Afrique ne défend pas seulement des approvisionnements qui lui sont  essentiels, et des intérêts économiques considérables dont une majorité de ses citoyens n’à d’ailleurs aucune conscience, mais elle défend surtout ce qui fait d’elle dans le monde, autre chose que l’Italie, que la Pologne, ou même que l’Allemagne pourtant bien plus puissante économiquement. Elle défend ce que des siècles de son histoire ont fait d’elle. Ceci, avec pour conséquence qu’on parle le français dans la moitié de l’Afrique, sur une étendue et avec un total de populations supérieurs à ceux des Etats Unis d’Amérique, que la quasi totalité des grandes institutions internationales, sont de son invention, et que, grâce au secours de son empire, suite à la défaite de 1940, elle pu s’assoir malgré tout à la table des vainqueurs, et obtenir par le fait ce statut qui lui est si envié et si contesté, de membre permanent du conseil de sécurité des nations unies.

En fait, selon sa nature séculaire profondément “impérialiste”, qui va la conduire à se constituer un immense empire colonial, un des plus vastes empires que la Terre aura connu et qui à son apogée, sera supérieur à une fois et demi l’étendue des Etats Unis d’Amérique, la France en Afrique défend tout simplement son “espace vital”, lequel est bien plus étendu que le confetti hexagonal auquel ceux qu’elle soumet, et bien sûr ses concurrents, et même bon nombre de ses citoyens d’aujourd’hui, se contenteraient de la voir réduite.

Bien sûr, on peut légitimement souhaiter qu’elle ne soit plus impérialiste, comme on pourrait souhaiter que le lion devienne herbivore, mais telle est justement sa nature profonde, et on ne voit pas comment ce qu’est historiquement la France, pourrait survivre, si celle-ci se trouvait réduite à la dimension d’une petite province européenne parmi les autres.

En réalité, l’impérialisme français, tel qu’il découle d’une inclination naturelle et par le fait, “systématique”, de la France, doit être ardemment combattu par les démocrates, et ceci, afin qu’il puisse tout simplement demeurer “contenu”, pour ne pas déboucher sur des abominations telles que le furent, les guerres de Côte d’Ivoire et de Libye. De ce point de vue, la constitution en France même, d’une importante communauté issue de l’empire, est de nature à modifier sensiblement dans les années à venir, la politique menée par ce pays.

Cependant, il nous faut comprendre que, “pour l’instant”, il ne peut pas être défait, parce que jusqu’à ce que révèle enfin “l’Empereur africain”, que certaines traditions nous promettent comme le messie, il se substitue, même si c’est de façon souvent détestable, à la nécessité d’une structure “impériale”, qui est celle des nations africaines qu’il concerne, dont aucune n’est viable indépendamment. Ces nations ont donc besoin d’être rassemblées dans des structures supranationales dont elles n’ont alors pas l’initiative, parce que “l’ethnicisme” archaïque qui sévit encore chez elles, et qui se trouve bien sûr exploité par les impérialistes, condamne tous leurs projets en ce sens.
 
Il est remarquable à ce sujet, qu’à l’origine de la plupart des interventions militaires de la France en Afrique, une cinquantaine en cinquante ans, ce qui est absolument ahurissant, ce sont des chefs d’états africains eux-mêmes qui en ont fait la demande, y compris dans le cas du malheureux Gbagbo, qui n’imaginait évidemment pas, et c’est bien là toute son erreur, la tournure que prendraient ensuite les événements à partir de là.

Dans cette affaire du Mali, et face à la volonté d’un véritable “Attila” de notre époque, ayant rassemblé au nom de Dieu, des hordes armées, afin de conquérir des territoires et établir son pouvoir sur ceux-ci, et dont il est facile de comprendre que selon la dynamique même de leur mouvement, ils ne s’arrêteront pas à Bamako, l’intervention des gardiens de l’empire, même si celui-ci devenu moribond, porte désormais le nom de Françafrique, s’imposait.


                        Paris, le 18 janvier 2013
                                Richard Pulvar           

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