vendredi 20 avril 2012

L’IMPASSE FRANÇAISE



Nous voici donc à l’heure de vérité, celle où vont être dénoncées brutalement par la simple logique implacable des choses, plus de trente années d’une politique pensée autour du mensonge préféré que les Français exigent encore de s’entendre dire par la classe politique, surtout à la veille de consultations électorales dont cette exigence constitue un des principaux enjeux. Ceci, pour qu’ils n’aient aucunement à charge, une mauvaise conscience quant à des ressentiments difficilement avouables, mais qui les tenaillent. Il s’agit en ce mensonge, d’une prétendue nécessité “objective”, de fermer les frontières, et de procéder dans le même temps, à l’évacuation d’un maximum possible d’immigrés, voire de leurs enfants nés en France.

Le caractère mensonger de cette affaire réside dans le fait que les raisons invoquées pour ce refus de l’autre, ne furent pas celles d’un courage de dire simplement qu’on ne désire pas côtoyer cet autre, parce que tel, c’est à dire parce qu’il est de fait trop étranger par son allure et par ses mœurs, et qu’alors, aucune “sympathie” ne s’établit spontanément avec lui. Et ceci, d’autant que l’état délabré de son pays d’origine semblant en témoigner pour certains, ceux-ci soupçonnent, mais en l’avouant rarement, que par delà ses mœurs inadaptées, de par sa nature même, c’est à dire clairement, du simple fait de sa “race”, cet autre ne sera jamais en capacité de “mériter” au niveau de l’exigence nécessaire, une communauté avec lui.

Pour irrationnelle, face à la fatalité historique des nations, qui les condamnent à s’altérer mutuellement, et peu élégante, surtout eu égard aux proclamations universalistes de cette république quant à elle-même, qu’aurait été cette attitude, elle n’en serait pas moins demeurée légitime. Car, quel qu’il soit, on ne saurait faire reproche aux citoyens, le choix démocratique d’une société à leur stricte convenance, si celui-ci n’emporte pas le projet de porter atteinte à quiconque d’autre, pas davantage qu’on ne peut leur reprocher la volonté, même si en réalité, elle est vaine, de ne pas voir ce choix altéré, par un phénomène migratoire.

Bien sûr, à cette légitimité sera opposée celle de ceux issus des contrées dont on a voulu s’en rendre maitre, pour en tirer profit, au point d’en avoir fut un temps, en quelque sorte “filialisé” leurs patries, à une “mère patrie” lointaine, qui fut dite précisément en ce sens, la “métropole”. Car, après avoir établi en celle-ci, le centre d’une “appartenance culturelle” à laquelle ces peuples soumis, furent contraints, en établissant ainsi fatalement, un “tropisme” déterminant leurs ressortissants à s’y rendre, et le lieu d’institutions qui les régissent jusqu’à aujourd’hui, voici qu’on ne cesse d’ingérer dans les affaires intérieures de ces nations. Ceci, pour y maintenir des liens de domination économique et d’intérêts géopolitiques, et des liens de rayonnement culturel, en leur vendant l’image d’une métropole magnifique, mais leur étant désormais interdite, et dont la quête affamée par ces “mendiants”, permet à ceux qui les rejettent avec mépris, de se bomber le torse en voyant leur fait, l’objet d’une telle convoitise.

Pour les citoyens de l’ancienne puissance coloniale, les liens ainsi maintenus avec les anciennes colonies, malgré des indépendances dont il est temps de constater maintenant, qu’elles ne furent en fait que d’apparence, ne peuvent être que de la nature de la laisse qui relie le maitre à son chien, ce qui n’autorise nullement ce dernier, à s’installer dans le fauteuil du maitre et prétendre ainsi, boire un peu de son whisky, et fumer un peu de son cigare. Ils sont donc bien éloignés de comprendre et d’admettre, eux qui ont pourtant tout le loisir de se rendre et de s’installer à leur guise, dans n’importe lequel de ces pays, qu’il puisse y avoir une forme de réciprocité dans cette situation, et ils ne comprennent pas davantage la légitimité de ceux qui désirent se rendre en un lieu où sont prises les décisions, et ou se trouvent les moyens, la puissance, l’entreprise, et l’argent, qui font la réalité de ce qu’ils vivent chez eux.

Le problème, c’est que cet ethnocentrisme, pour ne pas dire brutalement, ce “racisme”, dont il faudra bien se rendre compte enfin, à quel point il est rendu totalement anachronique, compte tenu des évolutions de notre époque, et qui à nécessité la fermeture des frontières, n’est pas sans conséquences, et celles-ci ne sont pas minces. Mais cette volonté de demeurer rien qu’entre soi, liée à celle aux relents nostalgiques, d’exercer malgré cela un “rôle” particulier dans les affaires du monde, selon un droit du plus fort qu’on s’octroyait sans état d’âme, mettait en évidence une contradiction si injurieuse à l’égard des autres, qu’il fallut le mensonge pour lui faire une raison présentable.

Il fallait en effet pouvoir expliquer que la présence d’expatriés et de militaires français sur des territoires étrangers, s’inscrivait plus dans l’ordre normal des choses, que la présence de travailleurs de ces pays étrangers, en France, exercice délicat qui ne pouvait aboutir qu’à l’incontestable “cas de force majeur”, pour que ne semble intervenir aucun arbitraire malsain, dans la justification de ce déséquilibre.

Ce fut donc officiellement, pour des raisons économiques, et particulièrement à cause d’un déficit du marché de l’emploi, suite à la dépression due au premier choc pétrolier de 1973, que les frontières furent fermées, et elles ne furent jamais rouvertes depuis.

Jusqu’à ce jour, et sous réserve qu’il nous en fasse un jour la confidence, dans quelque tome 3 de ses “mémoires”, il est difficile de faire la part des choses dans cette décision qui fut celle de monsieur Valéry Giscard d’Estaing, alors président de la république.

Se pourrait-il que cet homme qui fut si longuement vanté comme étant le meilleur économiste de France, avant que cette médaille d’or ne lui fut ravie par celui dont il allait faire son premier ministre, monsieur le professeur Raymond Barre, ait pu commettre, d’un point de vue strictement économique s’entend bien, une telle “bourde” ?

Ne faut-il pas voir plutôt là, une occasion trop belle pour lui, de mettre en œuvre une politique d’exclusion, afin de la préservation d’une identité nationale que comme beaucoup d’autres français, il concevait comme étant figée et définitive, quand on se souvient de cette obsession qui était déjà la sienne, alors qu’il n’était encore que ministre de l’économie et des finances du président Georges Pompidou, en constatant selon ses propres termes, qu’il naissait beaucoup trop d’enfants “étrangers”, en France, par rapport aux enfants français ?

Quoi qu’il en soit, cette décision dramatique, prise il est vrai dans des conditions difficiles, en ces heures ou même la meilleure bonne foi, peut dans l’urgence, être abusée par l’apparence de solutions faciles et radicales, ardemment espérées, et déboucher ainsi sur une de ces bonnes intentions dont on nous dit que l’enfer en est pavé, sera maintenue et même renforcée par tous les gouvernements successifs jusqu’à aujourd’hui. Or, c’est bel et bien elle, ce dont beaucoup de citoyens ne prennent pas conscience, c’est bien cette disposition au sujet de laquelle l’INSEE n’a cessé de donner des signaux d’alarmes depuis plus de vingt cinq ans, et auxquelles tous, dirigeants et citoyens sont demeurés sourds, qui va conduire ce pays dans l’impasse totale dans laquelle il se trouve actuellement.

Rappelons rapidement ici, quelle est cette situation.

Ce pays compte actuellement, près de trois millions de chômeurs, chiffre controversé pour son mode de calcul mais qui, malgré bien des astuces pour en diminuer la désespérance, s’est accru de près d’un million d’individus, sur la durée de la seule dernière mandature !

La dette publique s’élève au chiffre astronomique et irréel de 1700 milliards d’euros, chiffre qui là encore, traduisant l’accélération vertigineuse du phénomène, s’est accru de près de 600 milliards, sur la seule durée du quinquennat...!

Le déficit budgétaire, battant tous les records, aura culminé fin 2011, à 98 milliards d’euros, de sorte que le “service de la dette”, c’est à dire la somme des intérêts versés aux établissements prêteurs, s’élevant au niveau inconcevable de 45 milliards d’euros, engloutit la totalité de l’impôt sur le revenu.

L’ensemble des prélèvements, ne permettant pas, loin de là, à l’état de fonctionner, celui-ci est donc condamné à devoir emprunter encore, donc à s’endetter encore, donc à s’enfoncer encore, jusqu’à ce que ce système n’en puisse plus, ce qui se produira tôt ou tard.

Ces messieurs du parti actuellement en charge des affaires, pour lesquels cette situation désastreuse n’est pas le résultat d’une mauvaise gouvernance, mais du comportement de mauvais gouvernés, et s’étant lancés dans une chasse aux sorcières contre des prestations qu’ils disaient abusives, et des dépenses inconsidérées de leur propre administration, ont annoncé d’une façon triomphale, être parvenus à une économie de 200 millions d’euros, soit quelque 0,2 % du déficit...! Ceci a de quoi nous faire garder espoir, pour un règlement de cette affaire vers le quatrième millénaire...!

Quand à ces messieurs du principal parti d’opposition, ils ont pris l’engagement, dans un programme en vue de l’élection présidentielle, qui a le mérite d’exister, ce dont se passe le sortant, d’en finir avec le déficit à l’horizon de 2017, soit à la fin de la mandature du futur “quinquennard”, dont ils espèrent qu’il sera un des leurs. Ceci, sans bien sûr rien nous dire de la façon dont ils comptent s’y prendre, mais en prenant visiblement gage, pour que leur champion s’il est élu, ne soit pas inquiété avant cette date butoir, pour l’échec probable de cette tentative.

Cependant, la raison profonde de ce qui rend tous les gouvernements successifs depuis plus de trente ans, incapables de prélever des fonds au niveau des nécessités de l’état, et encore moins de réduire les dépenses de celui-ci, ce déficit sans cesse aggravé, de la ressource face à la nécessité, constitue elle, un sujet totalement tabou dans le débat public français. Ceci, probablement parce que tout le monde comprend confusément, que, par delà les explications faciles, les véritables raisons imposeraient aux Français de faire des choix redoutables.

Car la question se pose bien ainsi. Et si la raison de toutes les difficultés auxquelles doit faire face le pays, et pour lesquelles on se contente d’explications conjoncturelles, résidait fondamentalement, dans le fait que ce pays de France est tout simplement en train de mourir de sa belle mort, c’est à dire de mourir tout simplement de vieillesse, pour ne pas avoir fait à temps, des choix, même difficiles, lui permettant de garder sa jeunesse ?

Lorsqu’au soir du 31 décembre 1962, le général de Gaulle, président de la république, présente ses vœux à la nation, il ne manque pas de lui dire comment seront les bienvenus, les bébés qui naitront dans cette année 1963 à venir. Dans ces années des trente glorieuses, où la France était plus jeune, et par le fait, plus optimiste et dynamique que jamais, ses statisticiens avaient fait la prévision au général de Gaulle qui s’en félicitait, que la France de l’époque, peuplée de quarante cinq millions d’habitants, terminerait le siècle, forte d’une centaine de millions d’habitants. Et ceci, en tablant sur le nombre de naissances qu’il y avait à l’époque, c’est à dire 1,1 million de naissances par an, chiffre considérable par rapport à la population de l’époque, si on le rapporte aux quelques huit cent milles naissances d’aujourd’hui, pour une population de 65 millions d’habitants, qui s’est pourtant accrue de vingt millions d’âmes.

Il est manifeste aujourd’hui qu’ils se sont trompés, et ce, sur deux plans. Tout d’abord, il n’ont pas anticipé la modification de mœurs, qui allait entrainer une dénatalité vertigineuse, et il n’ont pas vu non plus que si malgré cela, la population continuerait à augmenter, ce serait non pas à cause des naissances, mais à cause du prolongement spectaculaire de l’espérance de vie, les deux phénomènes conjugués, conduisant à notre situation actuelle, celle d’un pays de vieillards, duquel une classe politique totalement défaillante, attend cependant qu’en son état, il accomplisse des exploits olympiques, pour pouvoir se sortir de son embarras. Déraison...!

C’est bel et bien là que se situe le mal français, qui est en fait celui de la vielle Europe, le déficit démographique, tant par le nombre, que par le vieillissement des citoyens, et ce qui est extraordinaire, c’est que tous ces gens qui nous gouvernent, ou qui prétendent le faire, s’en moquent éperdument, n’en font même pas état dans cette campagne électorale de caniveau, qui doit pourtant présenter le futur président. S’il leur arrive d’effleurer simplement ce sujet, c’est concernant la difficulté évidente qui sera celle d’assurer les retraites, pour lesquelles ils n’envisagent pas un seul instant, de rétablir déjà la sociologie de ce pays dans une cohérence, mais feignent d’être en mesure de trouver une astuce budgétaire, le coup d’un fort en math, permettant qu’un pays de plus en plus vieillissant, puisse malgré tout continuer à assumer sans limite, ses charges grandissantes ! Quelle illusion...!

Soyons sérieux ! Il doit être bien clair pour nous tous, que ces gens, gouvernants, ou opposants, peuvent bien nous promettre de faire pour la prochaine fois, puisque c’est toujours la prochaine fois que parviennent enfin les solutions, toutes les cabrioles qu’ils voudront, rien, absolument rien, ne sauvera un pays qui crève tout simplement de vieillesse...

C’est donc bien, en le déficit démographique et le vieillissement corrélatif du pays, en ce domaine où selon un aveuglement triste et borné, personne ne veut absolument la voir, que se situe la cause profonde et fondamentale de toutes nos difficultés, et tous ceux qui prétendent qu’ils parviendront à un règlement de celles-ci, tels que ceux qui se présentent à l’élection présidentielle, sans jamais aborder cette question, signalent simplement, qu’ils n’ont en fait aucune réelle compétence, pour pouvoir prétendre à cette haute fonction.

Prenons bien une bonne fois, la pleine mesure de la situation extrêmement défavorable qui est devenue la nôtre dans ce monde changeant, pour comprendre que la préoccupation première d’un homme ou d’une femme se proposant pour présider à la destinée de la nation, ne peut certainement pas se réduire à cette actuelle scolastique technocratique insipide, dans laquelle on évite de parler de l’essentiel, c’est à dire la nécessité fondamentale d’un peuple, qui est tout simplement et avant toute autre chose, d’assurer son “être” lui-même.

Nous pouvons pour illustrer cela, observer sur une quarantaine d’années, soit de 1970 à 2010, l’ampleur de l’écart qui s’est établi entre l’évolution démographique de notre pays, et celle des pays dits “émergents”, qui nous condamne à une débâcle définitive face à ceux-ci, s’il ne se trouve personne en situation dans ce pays, pour prendre enfin cette affaire, avec tout le sérieux qu’elle nécessite.

Le Brésil, pays du “Brics”, à vu sa population doubler, passant de 90 millions d’ha, en 1970, à 180 millions d’ha, en 2010. Il vient de ravir la place de sixième puissance économique mondiale, à la Grande Bretagne, et talonne désormais la France...

L’inde, pays du Brics, à vu sa population doubler, passant de 550 millions d’habitants, en 1970, à 1100 millions d’Ha, en 2010.

L’Afrique du Sud, pays du Brics, à vu sa population doubler, passant de 25 millions d’habitants, en 1970, à 51 millions d’habitants, en 2010.

La Chine, pays du Brics, à vu sa population presque doubler, passant de 800 millions d’habitants en 1970, à 1400 millions en 2010.

Ces chiffres de croissance démographique, tout comme ceux corrélatifs de croissance économique qui pour ces pays, sont souvent à deux chiffres, donnent le vertige...

Ainsi face à nous, la capacité concurrente pour ces seuls pays bouillonnants, s’est-elle accrue de 1300 millions d’hommes supplémentaires...! Et face à cela :

La France, pays de la vielle Europe fatiguée, a vu sa population passer de 55 millions d’habitant en 1970, à seulement 65 millions d’habitant en 2010, soit un déficit désastreux, un manque de près de 40 millions d’habitants, par rapport à ce qu’aurait du être sainement cette croissance, sur la base du niveau de population et de la natalité des années soixante. Or, dans cette situation déjà défavorable, le pire pour nous semble être encore à venir.

En effet, pas davantage qu’ils n’ont vu venir la Chine, l’Inde, la Corée du sud, le Brésil, l’Afrique du sud, et le renouveau de la Russie, compte tenu de ce que demeurent leur préjugés racistes, les peuples de l’occident sont bien éloignés d’imaginer une seule seconde, que le continent africain pourrait à son tour leur opposer un jour une rude concurrence. Mais ils se trompent. Car beaucoup de ces pays ont déjà des taux de croissance de l’ordre de 7 %, et il en est même un, l’Angola, pour se lancer à la conquête économique du Portugal, l’ancienne métropole coloniale. Et pour se convaincre de cette évolution, il faut se souvenir qu’en 1950, époque du “temps béni des colonies”, le continent tout entier n’était fort que de 220 millions d’habitants. L’Europe quant à elle, alors forte de plus du double d’habitants, pouvait facilement le dominer. Mais soixante années plus tard seulement, et très exactement au premier semestre de l’année 2009, c’est alors qu’il a franchi le cap du milliard d’habitants, qu’il doublera, dans seulement les quarante années à venir...!

De tout cela, il apparait clairement que c’est d’une seule et même “détermination”, que nous désignons justement comme étant “l’envie”, qui donne celle d’avoir des enfants, et celle d’entreprendre, et qu’il existe une corrélation directe, entre le dynamisme démographique, et le dynamisme économique. Ceci, de sorte qu’à contrario, un pays à la démographie chancelante, ne peut manquer de se retrouver tôt ou tard, dans de grandes difficultés économiques, et c’est bien ce que nous constatons.

Ceci signifie que ce n’est absolument pas vrai, que nous parviendrons au nécessaire rééquilibrage budgétaire, entre la ressource et la nécessité, afin du règlement des difficultés économiques et sociales, dans un pays de vieillards où le poids considérable et sans cesse grandissant de la population dite “à charge”, est devenu totalement “écrasant”, sur les épaules de la population dite “active”. Cela ne peut tout simplement, “physiquement” pas fonctionner.

Quand à prétendre en guise de règlement de ce problème, maintenir quelques années de plus ces vieillards en activité, alors qu’il n’y a justement déjà plus d’activité, et qu’il serait surprenant qu’il suffise de maintenir quelqu’un en poste, pour qu’il ait quelque chose à faire, et tout cela, pour espérer faire efficacement concurrence, à la jeunesse pleine de vie et d’envie, des pays émergents, relève de l’incohérence gouvernementale la plus grotesque.

En fait, nous savons très bien que le relèvement de l’âge de départ à la retraite ne maintiendra pas, dans le cas général, les gens en activité, puisque pour la plupart d’entre eux, ils ne parvenaient déjà pas à l’ancienne limite de 60 ans, étant licenciés ou mis en préretraite bien avant. Ils seront donc maintenus au chômage jusqu’à 62 ans, plutôt que jusqu’à 60 ans, et c’est d’ailleurs bien ce que nous constatons, avec l’augmentation considérable du nombre de ces chômeurs tous ces derniers mois.

Evidemment, ceci aura pour conséquence de soulager un peu les caisses de retraite, qui verront venir à elles les gens plus tardivement, permettant au gouvernement de donner l’illusion d’avoir un peu arrangé le problème, toute cette charge étant alors reportée sur l’assurance chômage, d’où il est possible de se débarrasser des chômeurs de longue durée, parvenus en fin de droit, en faisant ainsi disparaitre la misère des statistiques, afin de garantir la réélection. Voici où nous en sommes...!

Cependant, toutes ces magouilles de faussaires ne changeront rien à la réalité physique des choses, à savoir que ce pays n’en peut plus, qu’il est condamné à des plans d’austérité dévastateurs, pour ne pas crouler sous le poids de sa dette, et que face à ce que met en place la concurrence internationale, ce qui pour l’instant semble n’être qu’une reculade, risque de devenir assez rapidement une dégringolade vertigineuse.

Pour être clair une bonne fois quant à cette question, admettons qu’en aucune façon, ne pourrait fonctionner un pays qui ne serait peuplé que de bébés. Ceci signifie qu’il existe fatalement un âge moyen de la population d’un pays, “en deçà” duquel, quoi que l’on fera, cela ne marchera pas. Il peut y avoir discussion quant au niveau de ce seuil d’impossibilité, mais il ne peut pas y en avoir, quant à son existence, car il existe bel et bien une limite en deçà de laquelle, cela ne peut pas fonctionner.

Symétriquement, admettons qu’en aucune façon, ne pourrait fonctionner un pays qui ne serait peuplé que de vieillards fatigués, ce qui signifie pareillement, qu’il existe un âge moyen de la population, “au-delà” duquel quoi que l’on fera, cela ne marchera pas. Là également, il peut y avoir discussion quant au niveau de cet âge moyen limite, mais pas quant à sa réalité. Dès lors, le fait que depuis près de trente ans, tous les gouvernements successifs, toutes couleurs confondues, n’ont fait que constater leur totale vanité face à l’augmentation graduelle et irrépressible du déficit budgétaire, et de la dette publique corrélative, confirme, et sans que nous ayons à faire de savants calculs pour l’établir, que nous sommes bel et bien parvenus au-delà de la limite du vieillissement tolérable, dans une zone désormais, sans aucune solution budgétaire possible.

Cette fatalité correspond d’ailleurs au fait que, lorsque des gouvernements promettent aux entrepreneurs de diminuer les charges qui pèsent sur les entreprises, il ne s’agit là que d’une mystification, que du baratin de spécialistes de la “ventilation” des comptes. Car, la charge ne se décide pas, elle s’impose selon la réalité physique du pays, et il est clair qu’un pays vieillissant, ne peut voir que sa charge augmenter, soit pour le paiement des retraites, ou pour le paiement des soins.

Partant de là, même si elle se trouve partiellement financée par l’emprunt, et même si les artistes de Bercy s’y prennent de façon à ce qu’il n’en paraisse rien, cette charge ne peut manquer d’être plus ou moins directement celle qui pèse sur les entreprises, puisque ce sont elles qui font la richesse du pays, et donc fatalement les seules qui peuvent, et doivent payer, et il est clair que sauf à euthanasier massivement les plus vieux, il faut bien qu’elles payent, et elles seront condamnées à le faire de plus en plus.

Il s’en suit, face à la concurrence étrangère, une perte de compétitivité que les entrepreneurs essaient de compenser par une politique de bas salaires aux conséquences dévastatrices, quant à la dramatique diminution que cela provoque de la demande intérieure, et quant à l’injustice, totalement démotivante, qui est ainsi faite à leurs employés.

Il faut donc bien prendre conscience que le vieillissement de la population, possède une double conséquence dommageable, d’une part, une augmentation de la charge, et d’autre part, une diminution de la ressource, à cause d’une perte de compétitivité des entreprises, que des gouvernements mal inspirés tentent de compenser par des allègements de charges, qui ne font que fossoyer définitivement tout espoir de voir les finances publiques se rétablir vers une normalité.

Il faut tout simplement en convenir, un pays de vieillards, cela ne marche pas...!

Les mœurs des Français ayant changé, et comme on ne saurait leur intimer l’ordre de faire des enfants, il s’en est suivi une dénatalité désastreuse et, plutôt que constater l’évidence, à savoir qu’ils étaient entrés dans cette ère d’individualisme, d’égoïsme, et de sectarisme, laquelle sévit jusqu’à aujourd’hui, et tâcher d’en comprendre les causes, afin d’en trouver les remèdes, ces Français l’ont justifié par la grande difficulté qu’ils avaient, compte tenu de la rigueur des temps, à donner une éducation de qualité à plusieurs enfants. Il s’agit là bien sûr, d’un argument totalement stupide puisqu’il s’avère que leurs parents quant à eux, ont disposé de moyens bien moindres pour cela, et pourtant, ces Français sont là, et ne prétendent pas pour autant avoir été ratés...!

Le problème, c’est que c’est le même phénomène de ces gens qui “n’aiment plus”, et surtout pas les autres, qui va les conduire à la fois, à refuser de s’encombrer d’une collection de mômes, au détriment de leur carrière et de leurs priorités narcissiques, et surtout à refuser comme la peste, la seule façon qu’il leur restait alors dans ces conditions, pour compenser la dénatalité et sortir de cette impasse, c’est à dire le recours logique à l’immigration, celle-là même qui avait assuré à ce pays ses “trente glorieuses”.

Toutes les années qui suivirent cette faste période, sous les vociférations d’un tribun devant lequel tous s’agenouillaient, tout en le proclamant infréquentable devant les caméras, le racisme décomplexé est devenu à la mode, et malheureusement, cette mode n’est toujours pas passée, malgré l’évidence des mensualités redoutables dont ce pays doit s’acquitter actuellement, pour le coût ahurissant qui aura été, et qui demeure celui, de cette délectation du rejet de l’autre et du dénigrement stupide.

En réalité, il n’y avait bien qu’un appel massif à l’immigration, qui aurait permis de rétablir la sociologie de ce pays dans une cohérence la rendant viable, c’est à dire de faire en sorte que le rapport de la population à charge sur la population active, ne conduise pas à l’écrasement pur et simple de cette dernière, tel que c’est le cas actuellement, en rendant ainsi possible la création de nouveaux emplois.

Ce qui est le plus surprenant dans cette affaire, c’est que c’est précisément au prétexte de réserver par priorité l’emploi au nationaux, et éviter d’entretenir des immigrés au chômage, que la décision de fermer les frontières fut prise. Et ceci, selon un principe absolument ahurissant, qui serait une surprenante loi de la variation d’un taux, en fonction du nombre auquel ce taux s’applique. Au terme de cette loi, 10 % de 1000 ferait bien 10 %, mais 10 % de 10 000, ferait plus que 10 %, ce qui justifierait de renvoyer les immigrés chez eux.

En fait, il n’y a que selon un argument aussi totalement tordu, qu’il est possible de justifier sur le plan économique, une fermeture des frontières et le renvoi des immigrés, en vue de la protection du marché de l’emploi. Car le chômage s’établissant selon un taux, qui traduit la chance d’un individu de trouver un emploi, on peut renvoyer du pays autant de monde que l’on veut, ce taux ne variant pas, les chances pour un individu de trouver un emploi ne seront absolument en rien améliorées.

Tout ceci s’est construit autour de l’idée intuitive, largement promue par un parti extrémiste, et selon laquelle il suffisait de renvoyer chez eux, autant d’immigrés qu’il y avait de chômeurs dans le pays, pour pouvoir revenir ipso facto au plein emploi, et symétriquement, qu’en fermant les frontières, cela évitait que les nouveaux arrivant ne fasse que grossir la horde des sans emploi. Notre malheur c’est que cette sottise monumentale, constitue depuis près de quarante ans, une sottise gouvernementale...!

Il doit être bien entendu ici, que les individus d’un pays travaillent pour eux, c’est à dire pour satisfaire leurs besoins et ceux des personnes à leur charge, et que ces individus ne travaillent pas pour rien. Ceci signifie très clairement qu’il ne peut exister aucune occasion de travail dans un pays, détachée de la nécessité des gens qui y vivent, et c’est bien parce que ceux-ci nécessitent de se loger, de se nourrir, de se vêtir, de s’éduquer, de se soigner, et de satisfaire à de nombreux autres besoins, que nous avons des occasions de travailler, pour satisfaire mutuellement les besoins les uns des autres.

Ainsi, même si le schéma de la satisfaction de nos besoins, passe par le circuit complexe de l’exportation et de l’importation, il n’existe aucune occasion de travail dans un pays, qui ne soit liée à la nécessité des gens qui y vivent, parce que ces gens ne travaillent, redisons le, que pour la satisfaction de cette nécessité.

Toute la stupidité, il faut le dire, tristement grotesque de la fermeture des frontières, et du renvoi des immigrés, consiste à croire qu’il serait possible de renvoyer des gens dans leurs pays d’origine, et qu’il resterait toujours autant de travail à faire dans le pays qui les renvoie, probablement parce que celui-ci to

Et dire qu’il s’est trouvé des gouvernements, pour organiser à grand frais, une telle sottise...!

L’individu qui quitte un pays, emporte avec lui l’occasion de travail qui était liée à la nécessité d’y satisfaire ses besoins, occasion perdue donc pour le pays, et pour ceux qui y restent et qui n’auront pas davantage d’occasion de travail après ce départ. Car, même si le poste qu’occupait cet individu se trouve maintenu, il n’empêche que tous ceux auprès desquels il s’approvisionnait, son logeur, son épicier, son boulanger, son médecin et autres, eux, auront du travail en moins.

Ainsi, tout départ d’un individu d’un pays, entraine la suppression de tout le travail qui était nécessaire pour qu’il y vive, et ce, même s’il se trouvait au chômage. Ceci, de sorte qu’en aucune façon, un renvoi des immigrés chez eux, n’est de nature à améliorer le marché de l’emploi, bien au contraire.

Symétriquement, empêcher les immigrés de venir, c’est se priver de tout le travail qui serait nécessaire pour qu’ils puissent vivre ici. Et là où cette politique raciste est désespérante, c’est que si nous accueillions un million de travailleurs immigrés supplémentaires, avec un taux de chômage actuel aux environ de 10%, ces immigrés produiraient bien sûr dans un premier temps, 100 000 chômeurs de plus, mais ils produiraient parallèlement, un million “d’actifs” de plus, parmi lesquels 900 000 posséderaient un emploi.

Ceci produirait un gain très appréciable d’activité, mais surtout, améliorerait d’une façon très sensible, le rapport de la population “à charge”, sur la population “active”, ce qui permettrait par cet “allègement de charge”, de redonner du tonus aux entreprises.

L’avantage d’une telle opération serait donc double, parce que par leurs cotisations, ces immigrés contribueraient grandement à la satisfaction de la nécessité, et par le gain de productivité correspondant à une diminution corrélative de la charge des entreprises, ils provoqueraient une augmentation de la ressource, tout ceci allant dans le sens d’un retour à la normale budgétaire.

Enfin, l’autre avantage de ces immigrés et qui n’est pas le moindre, c’est qu’il est encore dans leur mœurs d’avoir des enfants, et qu’ils permettraient par cela à terme au pays, de se rétablir dans une cohérence démographique...

C’est donc bel et bien, parce que les frontières furent fermées, abandonnant ce pays au vieillissement, que le chômage s’y est installé durablement, parce qu’il est par le fait devenu structurel, jusqu’à faire les ravages d’aujourd’hui, qu’aucun des candidats au fauteuil, ne sera jamais en mesure de régler.

Les Français avaient donc le choix, de faire des enfants, mais n’ont pas pris cette option. Dès lors l’alternative était, soit d’avoir recours à l’immigration, pour que la population du pays demeure dans une cohérence viable, soit de faire les sacrifices et de payer le prix de ce refus.

C’est parce qu’ils n’ont choisi ni l’un ni l’autre, et que pour ne pas payer directement le prix de leur refus, ils se sont endettés, et que jusqu’à aujourd’hui, ils ne veulent ni l’un, ni l’autre, qu’ils se trouvent dans l’impasse, car en sortir, nécessitera une bonne fois, de choisir...


Paris, le 9 avril 2012
Richard pulvar

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