samedi 28 avril 2012

LA REDOUTABLE QUESTION DE "L’AFFIRMATION"




Le succès impressionnant que vient de recueillir un parti d’extrême-droite, au premier tour d’une élection présidentielle, n’est pas tant une surprise, car la désaffection des électeurs pour les partis politiques gouvernementaux, de droite comme de gauche, incapables qu’ils se montrent depuis tant d’années, à apporter enfin une véritable réponse aux difficultés qui étreignent les citoyens de ce pays, était connue, ce qui rendait ce résultat prévisible.

Cependant, pour quelque peu annoncé qu’il fut, et même si ce n’était pas à ce niveau, il n’en est pas moins troublant et inquiétant, parce qu’il décrit clairement un “état d’esprit” grandissant dans le pays, qui conduit un nombre de plus en plus grand de ses citoyens, à s’affranchir de toutes les contingences morales qui, établies sur le souvenir d’un passé extrêmement douloureux, les dissuadaient jusqu’alors de se laisser séduire et convaincre, par les sirènes de la droite extrême.

Celles-ci il est vrai, les chantent bien agréablement, au contraire d’autres raisonnables. Ces dernières les privent en effet d’envisager, quant à leur dure condition qu’ils jugent injuste, et indigne d’eux, quelque autre explication que l’implication logique d’une mise en œuvre dans leur exercice, de leurs capacités personnelles qu’il leur faudrait alors comprendre comme étant insuffisantes, ou le fait de conditions objectives contre lesquelles ils ne peuvent rien.

Bien loin de cela, ces sirènes leur révèlent tout au contraire, que par leur nature même, c’est à dire sans que cela ait nécessité de satisfaire aux patientes épreuves d’un “acquis”, dont ils auraient pu alors bien malgré eux, manquer d’en avoir eu les occasions, mais dans ce qui relève de leurs gènes mêmes, existe une secrète capacité “d’excellence”. Celle-ci constituant l’élément fondamental de leur ressemblance, et par là, de leur appartenance, sa mise en œuvre exige alors d’eux, leur “rassemblement” exclusif, c’est à dire réservé à ceux de leur race.

Ces sirènes flatteuses de la droite extrême, enjoignent alors ces citoyens à se réaliser d’une façon exceptionnelle, par la mise en œuvre de leur capacité jusqu’ici inexploitée, aux heures où leur nation se trouve sous la contrainte. Et ceci, en “s’affirmant” afin d’efficacité, tel qu’en eux-mêmes, c’est à dire dans leur pureté, et contre tous ceux qui, par leur différence, les “altèrent” en leur imposant par le partage du quotidien, une “partie d’autre” dommageable en eux, qui ne leur permet pas de parvenir à leur “plénitude”, condition de leur excellence.

Toute la dangerosité de ce raisonnement, réside dans le fait qu’il n’est ni totalement faux, parce qu’il existe bien des dispositions particulières qui doivent être prises, afin que les nations parviennent à leur excellence, et parmi elles bien sûr, la plus grande cohésion sociale possible. D’où la tentation d’une pureté de la race, au fait de laquelle on attribue alors une part importante du patrimoine culturel de notre humanité, bien sur, en se moquant totalement de la réalité historique des faits, puisqu’il ne s’agit là que d’un prétexte, pour la justification d’un sectarisme.
Et c’est en ce sens que ce raisonnement n’est pas non plus totalement vrai, parce que les conditions de l’excellence des nations, n’impliquent absolument pas nécessairement, et bien au contraire, l’exclusivité raciale. Cependant, pour ceux qui ne sont pas versés en ces questions, un projet construit selon de telles propositions, semble constituer un tout cohérent, ce qui lui vaut, même si ceux-ci ne l’avouent pas volontiers, d’avoir bon nombre de partisans.

Partant de là, l’alternative semble être pour nous tous, soit en son application intégrale, laquelle ne peut conduire qu’à un désastre tel que le nazisme, soit en sa répression intégrale, laquelle ne peut que réduire à l’impuissance, telle que celle qui nous frappe actuellement.

Au cœur de cette question, le fait que sectarisme, racisme, nationalisme, fascisme, et nazisme, correspondent à des “dispositions” des individus et de leurs groupes, qui répondent au départ à une même nécessité, leur “affirmation”, qui est corrélative à leur “détermination”. Tout notre embarras réside alors, dans un rôle semble-t-il nécessaire, que joue le sectarisme, dans la force de détermination d’une nation.

Pour bien saisir ce dont il en retourne, et entrevoir peut-être une voie de l’efficacité, qui n’implique pas la cruauté, considérons tout d’abord que notre humanité est constituée selon une “contradiction fondamentale”, puisqu’il s’agit bien d’une “collectivité d’individus”. Or, il y a fatalement contradiction, entre la nécessité que soit absolument préservée, par delà l’autonomie des individus, la solidarité du groupe, et celle que soit maintenue, en deçà de l’uniformité du groupe, la singularité des individus, autrement dit, la spécificité et l’autonomie de chacun d’eux, au sein de ce groupe.

Ainsi, ceux de nos concitoyens qui selon leur sensibilité, se montrent principalement préoccupés de la solidarité du groupe, se disent “socialistes”, et ceux qui selon leur sensibilité, se montrent plutôt préoccupés par la préservation en ce groupe, de l’autonomie des individus, se disent “libéraux”.

Observons alors que de ce point de vue théorique, c’est-à-dire hors des circonstances de la vie politique, il existe au départ une égale pertinence à se dire socialiste, ou libéral, puisqu’il ne peut se constituer un groupe, que d’individus, ce qui suppose que ceux-ci le demeurent, et qu’il ne peut se réaliser d’individu, qu’à partir d’un groupe, c’est à dire précisément qu’en tant que “partie” de celui-ci, ce qui suppose que la cohésion de ce groupe soit maintenue, même si cette dernière assertion est moins évidente que la première.

Beaucoup se laissent en effet à supposer intuitivement aux origines de notre humanité, une émergence d’individus qui se seraient ensuite socialisés par nécessité. Mais il n’en est rien du tout, car l’humain n’a pu émerger dès le départ, qu’au sein de ce qui constituait déjà forcément, une communauté d’autres êtres, et ceci, selon sa double dimension fondamentale, impliquant la singularité de ses individus, et la collectivité de son groupe.

Ces deux aspects de l’humain, son individualité et sa collectivité, font que l’individu lui-même, et tous ses différents regroupements occasionnels, couple, famille, village, ethnie, nation, jusqu’à notre humanité entière qui est en fait la seule à pouvoir l’être strictement, sont constitués selon une “incomplétude” fondamentale, un manque initial, sorte de péché originel, qui les déterminent selon une nécessité de leur “être”, celle de se constituer comme “un”, autrement dit comme des entiers, à s’acquérir absolument “d’autre”, afin de leur “plénitude”.

C’est précisément selon cette nécessité de tout individu, autrement dit de tout “être”, de s’acquérir “d’autre”, afin de sa plénitude, que se trouvé “obligée” sa dimension collective. Ceci, étant bien entendu que si les individus et leurs groupes se trouvaient déjà “satisfaits”, selon eux mêmes, ils n’auraient pas lieu de s’acquérir de quoi que ce soit d’au-delà d’eux, autrement dit de quoi que ce soit “d’autre”, et rien ne les déterminerait à leur rassemblement.

C’est donc bien à cause d’un manque initial que, selon une détermination précisément “universelle”, c’est à dire la tendance de “tout”, à se constituer comme “un”, afin de se fondre dans le “Tout”, selon le sens fondamental de “uni-versus”, décrivant la “tendance à faire un”, que les humains se trouvent déterminés à se rendre les uns envers les autres, selon bien sûr des démarches occasionnelles diverses. Celles-ci ne sont alors que les modalités historiques, d’une nécessité logique de l’espèce humaine elle-même, qui détermine ses individus à se rassembler, selon ce que nous concevons confusément comme étant un “instinct grégaire”.

Ceci fait que sous-tendue selon cette “détermination universelle”, il existe une volonté confuse et inconsciente des humains de se joindre à d’autres, qui n’est en rien choisie, d’où la perplexité de ceux qui depuis des décennies, tentent stupidement et sans le moindre succès, de s’opposer aux phénomènes migratoires. Et c’est justement ce manque de décision qui fait que, selon la parenté sémantique qui existe entre les termes, “confluence”, et “conflit”, le premier constituant une modalité de rassemblement, tous les niveaux de la collectivité des humains possèdent hélas, un caractère “conflictuel”. Car, il s’agit en fait dans tous les cas, pour les uns, qui sont alors dits les “gagnants” de cette confluence, de s’assurer par une domination de ceux-ci, la participation d’autres à leur succès, autrement dit, à leur plénitude.

Sans qu’elles ne soient réductibles, et fort heureusement, qu’à cette seule dimension, les collectivités d’humains possèdent bien une dimension conflictuelle irréductible et, en dehors d’une pleine et franche “com-préhension” établie entre les membres de celles-ci, c’est à dire une disposition de “partage” impliquant par réciprocité, la “détention commune” de ce qui de l’un, est nécessaire à la plénitude de l’autre, ce qui constitue le cas d’une société idéale, celle-ci ne se trouve alors maitrisée, que par l’exercice sur ces collectivités, d’une “autorité”.

Il s’agit alors en celle-ci, et dans un sens inhabituel qui est donné à ce terme ici, d’une “force de détermination”, qui se trouve exercée sur chaque membre d’une collectivité, par un “objet” qui a pour effet de les solidariser, en les déterminant à lui. Et cet objet qui est issu de leur concertation, est celui qui se trouve “projeté” par ces membres eux-mêmes.

Ceci signifie que hors d’un tel projet, qui peut-être par exemple, celui d’un enfant pour un couple, et qui pour une nation est l’ensemble des espérances de mieux être, dont la marche vers elles constitue ce que nous nommons le “progrès”, il faut donc s’attendre à ce que, comme cela s’est déjà produit par le passé, la perte totale d’autorité des états, et par là de leur capacité à maintenir leur cohésion, conséquence d’un indigne renoncement au progrès, sous des prétextes de raison, soit l’occasion de troubles de la plus grande gravité...

De tout cela, il apparait que l’individu isolé, tout comme le groupe isolé, qui ne peut donc s’acquérir d’autre afin de son être, est au départ, et le demeure, “infirme”, du fait de son incomplétude initiale, en ce sens qu’il se trouve ainsi privé de cette plénitude de sa “forme”, que constitue son “affirmation”, qui est la disposition de sa capacité maximale.

Car, cette affirmation de soi, selon le meilleur de sa forme, constitue la condition d’une pleine capacité de l’individu ou de son groupe, à “exercer”, autrement dit, de leur bonne “détermination”. Et ceci, selon les deux acceptions du terme, celle spatiale de “délimitation”, établie selon des critères physiques, et celle temporelle de “destination”, établie selon des critères métaphysiques. Il se trouve alors que, hors d’une exceptionnelle compréhension établie avec les autres, cette détermination de l’individu ou de son groupe, s’opère selon ce qui les “partage” d’avec ce qui leur est autre, autrement dit selon un “sectarisme” qui les sépare, et qui les spécifie des autres, de sorte que leur affirmation se réalise en fait, contre eux.

C’est ce qui explique que pour sortir des situations de crise, et c’est malheureusement dans une telle situation que nous nous trouvons aujourd’hui, la quête d’efficacité d’un groupe, qui suppose qu’il soit parfaitement “déterminé”, à la fois dans l’espace, comme ensemble cohérent et donc sans aucune altérité, de semblables, et dans le temps, selon une “destination” suprême, métaphysique, qui lui est signifiée par un guide, s’opère par une affirmation de ce groupe, contre les autres, mais notons le bien, pas sans les autres.

En effet, la notion de “partage” évoquée ici, possède les implications logiques de cette représentation emblématique de celui-ci que constitue une “frontière”, à savoir que celle-ci constitue paradoxalement, à la fois l’élément selon lequel deux nations se trouvent séparées, et par le fait délimitées et déterminées l’une “contre” l’autre, et selon lequel elles se trouvent malgré cela unies, cette frontière leur étant fatalement et définitivement commune. Ceci fait que la détermination d’une nation s’opère forcément, solidairement, face à d’autres, et donc fatalement, contre d’autres.

Tout ceci signifie clairement qu’il n’existe aucune possibilité pour une nation dans la difficulté, de mettre toutes ses forces et ses ressources en œuvre, afin d’en sortir, d’une façon sereine et indépendante des autres, puisque son affirmation ne peut se faire qu’en regard de ces autres. Sa capacité à exercer selon cette affirmation, c’est à dire sa détermination, suppose alors un “partage de différenciation”, impliquant un antagonisme, face à d’autres nations.

Il est clair à ce sujet que si, face à la nécessité pour se remettre du désastre de 1918, de mobiliser toutes ses forces et ses ressources, selon une forte détermination, l’Allemagne de l’entre deux guerres n’avait bénéficié d’une solide inimitié accumulée dans les deux guerres précédentes contre les Français, elle n’aurait pas trouvé les voies de son affirmation et de son regain de puissance. On peut donc bien blâmer Hitler, mais si ce n’avait été lui, cela aurait été un autre, par nécessité. C’est en fait principalement la situation qui fut celle de l’Allemagne, qui explique fondamentalement ce drame…

Ceci signifie que tel que cela s’est effectivement produit, le redressement spectaculaire de l’Allemagne, n’a pu s’obtenir que par la préparation puis la mise en œuvre “déterminée”, d’une affirmation de sa race, satisfaisant sa délimitation physique, et d’une agression des autres nations, satisfaisant une destination métaphysique, lui étant signifiée par son guide.

Il est également remarquable à ce sujet, que la France en très grande difficulté de la fin du règne de Louis XVI, n’a rien fait d’autre pour se redresser, ce qui a parfaitement réussi, que d’agresser elle aussi les autres nations, ceci, selon son affirmation républicaine, étant bien entendu que la constitution contre elle de coalitions, était parfaitement prévisible et attendue par les révolutionnaires, dès lors qu’ils en attentaient à la vie d’un souverain de droit divin.

Notons au passage, que contrairement à ce dont demeurent persuadés les racistes, l’élément de “ressemblance” entre individus, permettant leur rassemblement exclusif, afin de l’affirmation de la nation, n’est pas nécessairement racial, car il peut être culturel. Bien des affirmations se sont faites en effet, par des peuples se disant ainsi, porteur de la vraie foi, de la civilisation, des idées républicaines, de la liberté, du socialisme, de la démocratie, ou encore se disant, la nation nécessaire, ou le peuple élu de Dieu, et bien d’autres bobards dont certains continuent de faire des ravages.

Il apparait de tout cela, que les nations en très grande difficulté, telles que certaines nations européennes, et les Etats Unis d’Amérique, et qui ne parviennent définitivement pas à en sortir, sont sournoisement tenaillées, que leurs dirigeants en soient conscients ou non, et qu’ils en soient complices ou non, par la nécessité absolue de se trouver des ennemis, afin de disposer d’un antagonisme permettant à nouveau de s’affirmer, pour retrouver de la capacité...

Les Américains s’en sont trouvés en Irak, en Afghanistan, et contre Al Kaïda, mais dans des conflits d’une telle “asymétrie”, qu’ils ne possédaient aucune occasion, auraient-ils vaincu, ce qui ne fut justement, même pas le cas, de pouvoir partant de là se bomber le torse, afin de leur affirmation.

Les Français quant à eux s’en sont trouvés en Côte d’Ivoire et en Libye, mais personne n’a chanté la gloire de la nation, suite à ces massacres indignes ordonnés par un sinistre agité, du fond du Palais.

Les uns et les autres aimeraient alors bien se payer la Syrie et l’Iran, objectifs beaucoup plus ambitieux, mais qui malgré la propagande, ne suffisent pas à détourner le regard des citoyens de leurs ennemis intérieurs, c’est à dire de tous ces profiteurs du système qui, malgré ces temps difficiles, ne cessent d’abuser et de leur rendre la vie impossible.

Ce qui nous sauve pour l’instant, c’est qu’il n’y a pas encore de jonction possible, entre le besoin d’affirmation des individus, qui se fait forcément contre d’autres, qui conduit certains à la détestation de leur concitoyens d’une autre race, et qui constitue le terrain de chasse de la droite extrême, et le désir d’affirmation de la nation tout entière, contre d’autres, qui demeure quant à lui l’instrument malhonnête de diversion, des partis gouvernementaux totalement défaillants, de gauche, et de droite, quant au règlement des problèmes de la cité.

C’est donc parce que les différents partis de la classe politique française se sont en quelque sorte spécialisés, selon les nécessités électorales de leurs clientèles spécifiques, sur ce marché de la haine et de la détestation d’autres hommes, ou d’autres nations, que nous évitons pour l’instant, mais pour l’instant seulement, de voir tout le pays gagné par un délire fasciste et guerrier, dont les conséquences seraient abominables. Cependant, nous devons demeurer extrêmement vigilants, car les raisons d’un tel régime, c’est à dire l’effroyable médiocrité de l’action publique, sous la conduite d’une classe politique de carriéristes, qui face à leur vanité, n’hésitent pas à aller à la pêche aux voix, par l’exploitation de la haine contre des ennemis intérieurs pour les uns, et des ennemis extérieurs pour les autres, se trouvent bel et bien là.

Pour prendre conscience que tel est bien le risque en notre actuelle situation, soyons attentifs au rapport sémantique qui existe entre les mots, “faisceau, fascination, et fascisme”, lesquels sont construits à partir du mot latin “fas”, désignant le “droit divin”.

Cette parenté explique en effet pourquoi il existe une telle “séduction d’appartenance”, une telle “fascination”, exercée par l’objet “projeté”, d’efficacité, d’excellence et finalement, de “pouvoir”, dès lors qu’il devient celui d’une collectivité d’hommes mis en “convergence” selon lui, et formant ainsi le “faisceau”.

Du fait qu’elle se trouve concentrée selon le faisceau, sur un objet commun projeté, d’acquisition de “pouvoir”, la force attractive, autrement dit “l’attrait”, que cette autorité exerce sur chacun des individus “conjurés”, en les déterminant à cet objet, est extrêmement forte. Et, cette séduction se renforce de leur “satisfaction”, parce que le partage de cet objet commun, non seulement les fait “un”, selon leur groupe, mais en leur permettant également de s’acquérir de leurs comparses par “compréhension”, il les fait “un” selon leur individualité, autrement dit, il leur permet d’atteindre leur plénitude.

Il existe ainsi un délicieux sentiment de “bien-être”, pour les tenants d’un mouvement fascisant, qui est de la même nature que celui qui s’empare des supporters dans un stade, et qui conduit à un “enthousiasme” qu’il devient dès lors extrêmement difficile à combattre.

Observons en effet, que “l’objet” commun projeté, relève comme tel de “l’avenir”, autrement dit d’un “au-delà” métaphysique de l’actualité physique de ses “sujets”. Soyons alors bien attentifs au fait qu’il correspond ainsi, à la disposition selon laquelle s’établit en nous, le sens de la “normalité”. Car, il s’agit bien en celle-ci, de la référence selon laquelle se trouvent qualifies nos actes, quant à leurs implications “à venir”, et qui ne peut procéder que d’une “concertation” logique d’un rassemblement, étant bien entendu que ce sens de la normalité ne peut être réductible aux individus.

Ceci signifie qu’un système fascisant produit selon lui-même chez ses adeptes, un sens de la normalité qui lui est spécifique, et qui laisse à ceux-ci le sentiment serein, d’agir selon le juste “droit”, en appliquant ses préceptes, et on ne pourra pas expliquer autrement, le fait que tant de braves et honnêtes gens, aient pu accomplir tant de cruautés en son nom.

Il s’agit donc d’une puissante “métaphysique” de normalité, même si celle-ci, réduite par le sectarisme de détermination du groupe, à celui-ci, se passe alors de s’inscrire totalement dans l’universalité, et c’est selon ce rapport à la normalité que “fas” désigne un “droit divin”, et que ses adeptes sont bien des “conjurés”. Elle ne peut donc manquer de fortement captiver, tous ceux qui, face à l’impéritie et aux outrances des classes dirigeantes, au désordre social, et aux autres anomalies d’une société dissolue, se trouvent en quête de “droiture”, et en tant que métaphysique, elle s’empare d’eux, par “enthousiasme”, mot construit à partir du mot grec “entheos”, signifiant, “être possédé par un dieu”.

Dans l’état de dysfonctionnement, de déstructuration, et de perte de bien des repères traditionnels de normalité qui étaient les siens, dans lequel se trouve notre société actuelle, celle-ci constitue fatalement, en quelque sorte un “appel”, vers l’instauration en elle d’un régime fascisant, mais pas seulement cela.

Hors de demeurer telle qu’elle est, ce dont il est clair que personne ne veut plus, trois réalisations lui sont alors possibles :

Tout d’abord la “guerre”, comme manœuvre de diversion utilisée par des dirigeants, face à leur totale vanité, pour tenter aussi de redonner grâce à son affirmation face à d’autres, de la capacité à la nation, et surtout, pour éviter la seconde réalisation possible et même de plus en plus probable :

La “révolution”. Celle-ci permettrait d’éviter une guerre qui s’annonce difficile, et à l’issue hautement incertaine. Mais elle présente l’inconvénient, compte tenu des antagonismes sociaux et raciaux exacerbés de notre société, de tourner en une guerre civile dévastatrice.

Le “fascisme”, parce que les bases de son instauration sont là...

Les humanistes, les démocrates, et les pacifistes, ont du pain sur la planche...


Paris, le 28 avril 2012
Richard Pulvar

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