dimanche 22 janvier 2012

AU CREPUSCULE DE CETTE DEMOCRATIE DE REGLEMENTS DE COMPTES




Constatant la perplexité de beaucoup d’entre nous, et face au péril redoutable d’une reconduction des mêmes, afin de pire encore, des amis alarmés n’ont de cesse de nous dire, selon ce qui semble alors relever du plus élémentaire bon sens :

“Il faut absolument voter pour le candidat de gauche (celui qui sera dit comme tel), quel qu’il soit, et aussi peu engageant soit-il, afin de faire d’abord et surtout échec à la droite”.

Voici où nous en sommes! Et, ce faisant, ces chers amis qui ne doutent pas un seul instant, que telle doit être la seule et unique position envisageable pour un homme de progrès, ne mesurent pas les lourdes implications de ce désinvolte “quel qu’il soit”, qui est pourtant ce par quoi notre démocratie se trouve aujourd’hui fossoyée.

Il est clair pour nous tous, que nous ne voyons par comment la nation pourrait survivre à un autre quinquennat de tous les désastres. Mais, qui ne comprend que cette démocratie, déjà si copieusement bafouée par le fait que tous les jours, et selon un usage pourtant régulier de ses procédures, une majorité des citoyens de ce pays se voit imposer des dispositions qu’elle réprouve, ne survivra pas davantage, si les élections se suivant, il n’est à chaque fois question de voter pour un candidat, que pour éviter absolument que ne passe l’autre ?

Comment pourrons-nous accéder enfin au choix du meilleur, lorsque la proposition qui nous est faite n’est à chaque fois, que d’éviter le pire ?

La démocratie, c’est par définition l’expression d’un choix, et hormis le référendum, où il constitue une des deux réponses possible à une question donnée, et dans la mesure où, concernant l’élection des personnes, il correspond en fait à un “non choix”, le “vote contre”, auquel nous sommes si souvent conviés, est en réalité “attentatoire”, à la démocratie.

En aucune circonstance, nous ne devrions nous trouver à devoir voter pour le candidat d’un parti, dont nous n’approuvons pas la ligne politique, à seule fin d’éviter que nous ayons à faire à quelqu’un que nous redoutons davantage encore. Le vainqueur ne doit ainsi l’être, que parce qu’il est “bon”, et reconnu tel, et certainement pas parce qu’il semble moins mauvais. Car, c’est bel et bien d’avoir accepté par facilité, cette façon de faire depuis bien longtemps, qui fait qu’aujourd’hui nous ne nous retrouvons qu’avec des mauvais, dont certains le sont davantage encore que les autres.

Notre vigilance aurait du être de ne jamais céder au chantage malhonnête de ces partis, qui nous imposent de voter pour des énergumènes sortis vainqueurs de leurs luttes intestines, parce que plus exercés que les autres dans les coups fourrés nécessaires pour cela, et qui dès le départ ne nous inspirent rien qu’à les voir, que des regrets. Car c’est bien trop facile, et pour tout dire totalement ignoble, pour tous ces partis à l’étiquette usurpée, de ne se passionner à longueur de temps que de leur nombril, de n’être en rien préoccupés de séduire l’électeur en se montrant capables de novation, d’ignorer totalement les expressions pourtant manifestes de son inévitable insatisfaction, telles que l’abstention, et de venir ensuite à l’heure de l’élection, s’offrir sans aucune gêne dans toute sa médiocrité, et toute son inconséquence, à son suffrage. Et ceci, avec l’assurance et le sourire narquois de celui qui se délecte d’avoir piégé le chaland, en se disant que de toutes les façons, celui-ci n’aura pas d’autre choix. Cela a assez duré...!

Cette exigence est d’autant plus impérative, vu ce qu’il s’est logiquement produit. Car, alors que nous avions à faire face à une droite rétrograde et archaïque, mauvaise par nature, mais qui, dans cette époque où la probité et la convenance, couvertes qu’elles sont d’humilité, ne constituent en rien l’avantage d’un candidat, semblait malgré tout en mesure de l’emporter. Nous nous sommes alors réjouis bien trop vite d’avoir pu lui opposer efficacement, quelques grandes gueules du clan, bien sûr narcissiques, autistes, et méprisantes à souhait, ce qui n’était qu’avantage, tant qu’elles furent dirigées contre les autres, mais qui, par delà leur indéniable capacité à remplir les urnes, se révélèrent les acteurs d’autant d’injures aux idéaux de gauche.

La réponse de ceux d’en face fut alors logiquement, selon le même souci d’efficacité, de nous opposer eux aussi avec succès, la pire des droites, celle qui sévit encore actuellement.

En fait, voici à quoi conduit l’usage du “vote contre”, à un affrontement médiocre pour la plus grand malheur de la nation, entre la pire des gauches, et la pire des droites.

La raison de cette fatalité, c’est que dès lors qu’il n’existe plus comme c’est le cas en ce moment, un véritable projet politique, qui est tout autre chose qu’une “carte” de faveurs, destinée à sa clientèle, projet dont la rédaction en incombe fondamentalement à la gauche, selon sa vocation progressiste, les candidats ne peuvent pas se faire valoir autour de celui-ci, au cours de quelque débat de fond, sérieusement argumenté. Dès lors, il ne leur reste plus pour se départager, que de sacrifier à ce triste concours de “beuglante”, auquel nous assistons.

Dans ces conditions, il apparait que les “dispositions” qui permettent à un candidat de conquérir le pouvoir, c’est à dire, la gouaille, la crânerie, l’exhibitionnisme, l’outrance, et la célébration de la brute prédatrice, dénommée pour l’occasion le “winner”, ce dernier délire séduisant la foule des humbles, qui rêvent chacun d’en devenir un, sont justement celles qui, une fois le pouvoir conquis, ne permettent absolument pas d’exercer celui-ci correctement. Car là, il convient de bien reposer les pieds sur la terre, car aucune grande gueule n’a jamais fait trembler un déficit.

Il apparait ainsi que les conditions mêmes dans lesquelles se déroule désormais cette élection, c’est à dire sans un véritable débat public quant à ce que devraient être les relations entre citoyens, nous condamnent dans tous les cas de figure, à ne pouvoir envoyer au Palais, qu’un clown grotesque champion de la baliverne, et c’est bel et bien ce que nous constatons.
Soyons sérieux une bonne fois, et ayons le courage de constater les choses !

Par l’ensemble des comportements qui demeurent les siens, et qui sont principalement sous-tendus par un égoïsme, individuel, ou clanique, la société française actuelle, au fait de ses divisions et en proie à des règlements de comptes incessants, n’offrira jamais comme telle, ni les moyens, ni les occasions, de réussir, à un dirigeant partisan, de quelque bord qu’il soit.

Cette idée selon laquelle, par ces temps de crise, et face à la redoutable concurrence internationale, conditions nécessitant que la nation s’emploie à cent dix pour cent au moins de ses moyens, un candidat “non choisi”, mais bénéficiant du “vote contre”, et donc cristallisant dès le soir de l’élection, plus de quarante pour cent de la population, vent debout contre lui, alors même qu’une large part de ceux qui ont voté pour lui, ne l’apprécient en rien, pourrait constituer l’occasion d’une amélioration de notre situation, n’est que de la pure déraison...!

Ce n’est pas vrai, tout simplement parce que cela ne peut pas être vrai...!

Il est temps d’en finir avec cette idée qu’une partie seulement de la nation, qui dans son délire, se prétend plus digne d’elle que l’autre, suffit au fonctionnement de cette nation, et qu’on peut donc s’offrir comme le fait “l’agité”, d’humilier et de démotiver l’autre. Car c’est justement en la démonstration du contraire, que consiste son bilan on ne peut plus accablant. Allons-nous recommencer, au prétexte de nous la faire cette fois, en rose...?

Soyons clair. Ce dont le pays à besoin en ce moment, c’est d’un “rassembleur”, qui viendra fédérer toutes les énergies, pour que nous puissions conserver une chance de nous en sortir. Ce ne sera donc pas l’homme d’un parti, et si nous voulons conserver une chance de demeurer en “démocratie”, et ne pas constituer par des désordres postélectoraux prévisibles, la faveur d’un aventurier vindicatif s’en allant haranguer les foules, nous devons absolument refuser cette “négation” totale de la démocratie, que constitue une élection de “non choix”, où quel que sera l’élu nommé pour nous éviter le pire, il sera justement celui qui nous y conduira.

Enfin, et cela n’est pas le moindre, cette gauche noyautée par un lobby malfaisant, se montre définitivement indécrottable concernant les délicates questions de politique étrangère. Ainsi, reprenant à son compte les arguments de propagande d’une droite qui la savait suffisamment inconséquente, pour ne pas s’employer par elle-même, à une recherche de la vérité, n’a-t-elle cessé de soutenir les actions bellicistes du pire racisme, et de la pire des traditions colonialistes, en Côte d’Ivoire et en Libye, au prétexte de la défense de la veuve et de l’orphelin, et de l’instauration de la démocratie à coup de bombes et de dizaines de milliers de victimes. Elle se moque aujourd’hui de constater, que la réalité quotidienne de ces pays dévastés, dans lesquels il n’y a davantage, ni liberté, ni démocratie, lui donne absolument tort.

Or, cette même gauche qu’il convient bien de dire totalement “défroquée”, quant aux idéaux humanistes et pacifistes qui devrait normalement être les siens, s’apprête, en collusion une fois de plus avec l’infâme gnome du Palais, à nous engager dans la plus inutile et désespérante des aventures guerrières, celle dont tous les spécialistes de par le monde disent clairement, qu’il s’agit de la guerre à ne surtout pas faire. Ceci, compte tenu déjà de la capacité des pays visés, à savoir la Syrie et l’Iran, pays qui à ce jour ne nous ont strictement rien fait, mais contre lesquels une gauche irresponsable s’applique à collecter des prétextes, qui lui permettront de nous engager dans le conflit, et compte tenu surtout de leurs puissants alliés, qui ne font nullement mystère de ne jamais permettre que ces pays se trouvent comme d’autres, impunément agressés.

Honte sur tous ceux qui le jour où le malheur viendra, nous frappant aveuglément tous, ne pourront manquer de constater que c’est bel et bien leur bulletin de vote qui en est la cause. Car, pas un homme de conscience ne prendrait un tel risque, pour la seule satisfaction totalement dérisoire de pouvoir se dire au soir d’une élection déjà désenchantée, “on a gagné”.

Cette attitude archaïque de brute épaisse, dans laquelle gauche et droite communient, en plus d’être totalement indigne d’un pays civilisé, constitue celle des pires dangers qui nous menacent, bien avant les questions sociales sur lesquelles elles s’opposent, et ceci doit suffire à faire comprendre, qu’il ne peut y avoir aucune issue positive, dans le fait de jouer l’une contre l’autre, puisque de toutes les façons, avec l’une ou avec l’autre, le pire se produira…!

Nous ne voterons donc, ni pour la gauche, ni pour la droite, car une guerre criminelle de gauche, n’a pas plus de légitimité qu’une guerre criminelle de droite. N’acceptons plus d’avoir à choisir le mauvais contre le pire, car c’est justement en cette situation que consiste le pire pour une démocratie, c’est à dire le manque de véritable choix. Et si nous ne parvenons pas à temps, à éviter cette mascarade d’élection en faisant campagne contre sa tenue insolite, laissons alors le champs du “possible” ouvert, par une incertitude, qui constituera l’occasion de la révélation de “l’illustre inconnu”, qui doit forcément exister quelque part là, dans cette nation de soixante cinq millions d’habitants, tout comme l’incertitude de 1940, fut l’occasion d’un général de Gaulle. Ceci, plutôt que de nous laisser enfermer dans la certitude d’une procédure qui conduira, qui peut en douter, à l’heure ou la défaite économique totale du pays, sous la conduite du “polichinelle”, se fait grand jour, à l’échec immanquable du nouveau “quinquennard” quel qu’il sera, et qui héritant de cette situation détestable et ingérable, ouvrira par la contestation dont il ne manquera pas d’être l’objet sitôt en place, le champ du grand règlement de compte...

Ceci, en prenant conscience une fois pour toutes, qu’il y a deux catégories de règlements, qui ne peuvent en aucune circonstance être superposés :

Le règlement de comptes, et le règlement des problèmes.

Il faut donc en toutes circonstances, préférer le second au premier, et pour cela, s’en offrir l’occasion en appelant au vaste débat national, que la situation impose, plutôt que de nous prétendre par cette élection, en situation de faire, pleins d’optimisme, un choix positif pour l’avenir de la nation et de nos enfants, puisque ce n’est tout simplement pas vrai…


Paris, le 14 janvier 2012
Richard Pulvar

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