mercredi 8 septembre 2010

AMON UN DIEU NOIR ?

Chers amis,je vous propose ici la réponse que j'ai adressée sur Facebook, à un groupe d'amis africains enthousiastes, mais qui ont utilisé une formulation bien trop problématique,quant à l'approche cosmologique des choses, pour que je puisse faire l'impasse dessus.

Nos amis ont bien raison de se réapproprier ici l’égyptologie, comme élément essentiel du patrimoine africain, même si bien sûr, elle participe désormais à celui de toute l’humanité. Mais, ils ont manifestement encore beaucoup de mal à se défaire de l’approche européenne de ces questions. Ainsi nous parle-t-on sur ce mur d’Amon, “le dieu noir”. Or, cette appellation emporte deux erreurs dramatiques.

Tout d’abord, comment l’Amon pourrait-il être connu ou reconnu, comme étant noir ? Car toute connaissance, et par-là toute reconnaissance, met en œuvre une dualité de parties, la connue, et celle qui connaît ou reconnaît. Or si l’Amon est dit “inconnaissable”, c’est parce qu’étant “l’unique”, autrement dit “le Tout”, il ne peut justement rien se trouver, ni à l’en deçà de lui, ni à l’au-delà de lui, pour former ainsi avec lui, la paire de parties nécessaire à toute connaissance. Ceci signifie tout simplement que le Tout ne peut pas être envisagé par quelque partie prenante de lui-même, et qu’il ne s’en trouve évidemment pas au-delà de lui, de sorte que rien ne se trouve “en position” de le connaître.

D’autre part, il n’est pas “dieu”, mais justement le contraire. Cette confusion tient au fait que les Européens confondent depuis toujours sous cette unique appellation, les deux aspects opposés du surnaturel, à savoir “l’immanent”, et le “transcendant”, parce que l’un et l’autre nous sont “inconnaissables”. Mais, le “divin” est logique précisément de la “diversité”, donc de la pluralité, et par-là de “l’existence”, autrement dit du fait de “tout”. Il s’exerce donc en contradiction de l’Amon par le fait duquel tout tend à se constituer en “le Tout” indiscerné. L’Amon lui, est logique de l’unité, de l’uniformité, et donc du non caractérisé et du non particularisé, puisque les “particularités” ne sont justement logiques que de ses “parties”. L’Amon n’a donc aucune particularité, aucune qualité, et il constitue ainsi une contradiction du fait d’existence selon les dieux, et “l’au-delà” auquel “tout” se trouve fatalement voué à se fondre en le “Tout.”

L’immanent est donc logique du divin, autrement dit le fait de tout, et le transcendant est logique de l’Amon, autrement dit, le fait du Tout, évidemment “unique”.

Retenons bien que l’Amon n’est donc, ni dieu, ni noir.

Paris le 8 septembre 2010

Richard Pulvar

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