mercredi 14 avril 2010




INDIVIDUALITE ET SOCIETE


Notre humanité se révèle telle, parce qu’elle est constituée selon une “contradiction”. Cette proposition ne devrait pas surprendre, car il s’agit là du cas normal de tout fait constitué. Une constitution est en effet une disposition qui confère à ce qui demeure bien une “pluralité” de parties, le caractère d’une “singularité”. Cette constitution qui confond donc en elle-même, les caractères contradictoires du simple et du multiple, et qui rassemble en une “généralité”, un ensemble de “particularités”, ne peut manquer de posséder une dualité d’aspects contraires, la singularité de sa totalité, et la pluralité de ses particularités, témoignant d’un antagonisme fondamental qui la sous-tend.
Nous venons d’évoquer ainsi, le fait d’une “contradiction fondamentale universelle”, qui règle notre univers en tous ses aspects, puisque celui-ci est visiblement constitué, et qu’il l’est de parties qui le sont forcément elles aussi. Comprenons bien que si les parties de notre univers ne relevaient pas de la même contradiction que lui, ne pouvant ni être “constituées”, ni être réciproquement “restituées”, autrement dit, ne pouvant ni “apparaître”, ni “disparaître”, elles seraient éternelles et immuables et de plus, impropres à toute combinaison entre elles, parce qu’elles ne seraient pas détectables les unes pour les autres. Elles ne posséderaient en effet, aucune particularité puisqu’il s’agit en celle-ci, telle que clairement signifiée, d’une qualité de ce qui se trouve constitué de parties, et qui le détermine à se constituer à son tour, comme la partie d’un ensemble supérieur.
Ce n’est pas l’instant pour l’établir, mais notons au passage que cette contradiction fondamentale, n’est rien d’autre que ce que la grande Tradition désigne autrement par “ El ”. Comprenons maintenant qu’il ne s’agit pas là d’une contradiction “statique”, telle qu’étant à l’équilibre, il ne pourrait et n’aurait lieu de rien “ se passer” selon elle. Car, ses réalisations seraient de ce fait, immuables, donc éternelles, autrement dit “hors du temps”, selon le sens d’origine de ce terme. En fait, l’inscription “dans le temps”, de la pluralité des objets de notre univers, témoigne du caractère dynamique de la contradiction qui les sous-tend, et telle qu’elle se manifeste dans le mouvement d’un pendule qui traduit ce temps. Ce mouvement se réalise en effet, selon la contradiction “dynamique”, ou si l’on préfère “bi-nominale”, d’une force de gravitation, le poids du à la masse du pendule, et d’une force d’inertie, celle que cette masse acquiert par sa vitesse. La manifestation de chacune de ces forces se produit alors par “alternance”, par le fait qu’à la “réalité” maximale de l’une, donc à sa “potentialité” nulle, correspond la potentialité maximale de l’autre qui, de la sorte, peut contredire la première et se réaliser à son tour.
Il est facile d’admettre qu’il y a contradiction, entre la force par laquelle (le Mon), depuis le couple jusqu’à la nation, et peut-être demain “l’internation”, notre humanité tend à ne plus faire “qu’un”, et celle par laquelle (le Nom), selon la quête d’autonomie logique de “l’existence” même de ses individus (ex-sistere, se tenir hors), elle tend à se maintenir en “plusieurs”. Dès lors, puisque comme objet de l’univers, elle se trouve inscrite dans le temps, la contradiction dynamique qui la sous-tend implique que par alternance, notre humanité tend vers la réalisation maximale de la solidarité de ses parties en un tout, ou vers la réalisation maximale de l’individualité de ces mêmes parties, en une disparité.
Participent à ces forces antagonistes, les humains eux-mêmes par leur comportement. Disons pour faire simple ici, que ceux dont la sensibilité les conduisant à une préoccupation quant à la nécessaire solidarité de la société, exercent en ce sens, se disent “socialistes”, et ceux dont la sensibilité les conduisant à une préoccupation quant à la nécessaire autonomie des individus, exercent en ce sens, se disent “libéraux”.
Soyons clair, il existe au départ, une égale positivité à se déclarer socialiste ou libéral, étant entendu que solidarisés comme étant les deux aspects opposés d’une seule et même chose, c’est à dire de la contradiction même qu’ils forment, comme la gauche et la droite d’un même objet, il ne saurait en aucune façon se produire le fait de l’un sans le fait de l’autre. Ceci, pas davantage qu’il ne saurait se produire que la gauche ou que la droite d’un objet. Tout l’échec marxiste aura été du à des gens convaincus que l’humanité aurait pu n’être que socialiste, et toute la dévastation actuelle est la conséquence de gens encore convaincus, que notre monde peut ne se nourrir que de libéralisme.
En fait, être socialiste ou libéral ne constitue ni une qualité ni un défaut en soi. Seule la cohérence ou l’incohérence occasionnelle de l’une ou l’autre attitude, lui donne une valeur positive ou négative. Etre libéral sous un régime stalinien constituait une attitude d’autant plus positive, qu’elle était extrêmement périlleuse. Mais, dans notre monde d’aujourd’hui tel que nous le constatons, où toutes les institutions de solidarité, couple, famille, quartier, école, église, entreprise, syndicats, partis politiques, nations, et organisations internationales, se trouvent en permanence si sévèrement chahutées, il faut manquer totalement de pertinence, ou être de la pire mauvaise foi, pour soutenir encore comme le font les tenants du pouvoir actuel, que ce dont notre société à besoin c’est de libéralisme !
Aujourd’hui, pour tous ceux dont la raison ne se trouve pas soumise à une prise de position partisane, il apparaît très clairement que ce dont notre société à besoin, c’est bel et bien d’une très ardente “re socialisation”.


Avril 2010

Richard Pulvar

2 commentaires:

  1. C'est quoi la "COSMOLOGIE" et en plus pourquoi l'appliquer à la société?!

    C.TAVERNIER

    RépondreSupprimer
  2. Cosmos,dans le sens fondamental de ce terme signifie "ordre".Les astrophysiciens appellent ainsi l'ordre des objets célestes, qui constitue l'évidence la plus spectaculaire de celui-ci.Mais il est employé ici dans son acception d'origine.
    La cosmologie est donc l'étude de "l'ordre des choses" d'une façon générale.
    Notre univers dans tous ses aspects est régi par un ordre qui est tout simplement selon lequel les choses se succèdent, en procédant les unes des autres, et qui est en ce sens logique du "temps". C'est ce qui explique que son étude a été traditionnellement menée par l'observation des objets célestes qui nous signifie ce temps. Mais il ne s'agit pas ici d'astronomie. Ce rapport de l'ordre au temps tient tout simplement au fait que tout peut être, mais que tout ne peut pas être en même temps. Il tombe sous le sens que le fait précédant un "actuel" qui se réalise de lui,autrement dit, "l'antériorité" de l'actuel, et le fait succédant un actuel dont il se réalise,la "postérité" de l'actuel, ne sauraient être superposés au fait actuel. L'ordre selon le temps c'est donc l'ordre de l'implication logique des choses, qui les rend possibles ou impossibles à un instant donné, selon la disposition de ce qui est déjà, c'est à dire de l'actuel.
    Bien des difficultés de l'organisation de nos sociétés, sont dues à l'ignorance des "axes logiques du cosmos" qui prévoient l'efficacité ou la fatalité des dispositions prises ou proposées.

    RépondreSupprimer