mercredi 23 août 2017

POURQUOI LES AFRICAINS PENSENT-ILS QUE LEURS CHEFS LES TRAHISSENT…?






Parce qu’ils ne veulent pas constater dans sa dure réalité, l’état de totale dépendance, non pas seulement géopolitique telle qu’elle fait l’objet d’âpres discussions, mais également économique, commerciale, financière, logistique et technologique, dans laquelle leurs nations se trouvent vis-à-vis des puissances du nord, et dans laquelle elles se mettent progressivement vis-à-vis des puissances de l’est. Ceci, dans une situation qui n’offre aucune possibilité, serait-ce au plus vaillant des chefs, de les en sortir, ni facilement, ni rapidement, et surtout pas sans composer avec les forces adverses, comme certains en quête d’une revanche historique spectaculaire,  rêvent de le faire…
D’autre part à cause d’une fierté mal placée et une surestimation publique et affichée d’eux-mêmes, qui tente en réalité de masquer des doutes profonds, ils refusent de considérer le plus simplement du monde que les aspirations matérialistes qui sont les leurs, ne peuvent être satisfaites dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui, que selon le type de développement occidental que toutes les autres nations de ce monde ont adopté et auquel elles ne renonceront pas pour leur faire plaisir, et qu’il leur faudra fatalement sacrifier à ce type de développement, serait-il celui de l’occident honni…
Ceci, étant entendu que combien même il leur serait loisible malgré cette situation mondiale, de faire le choix d’un tout autre type de développement plus proche de leur sensibilité, qu’en toute logique il ne leur faudrait pas dès lors en espérer les mêmes produits, autrement dit que renoncer à ce système, c’est renoncer à l’aisance matérielle qui à justifié son développement selon une détermination productiviste, et donc, renoncer à certaines aspirations et exigences…
En confondant une “potentialité” de richesse telle que les ressources qui se trouvent sous leur pieds, et la “réalité” d’une richesse, lorsque celles-ci se trouvent exploitées par ceux qui ont le savoir faire et l’initiative pour cela, ils se sont convaincus qu’ils devraient normalement être riches même s’ils ne sont pas en mesure d’exploiter ces ressources par eux-mêmes, et que s’ils ne le sont pas, c’est parce qu’ils se font piller avec la complicité de chefs vendus à l’ennemi…
Il est temps d’en finir avec ces incohérences en considérant ici deux points…
Le premier, c’est qu’il est temps de prendre conscience du fait qu’en réalité,  il n’y a jamais réellement eu strictement “indépendance” des nations africaines issues de l’empire colonial français. Il n’y a eu en fait, “par anticipation”, compte tenu de la revendication d’égalité des droits dont le refus par la métropole va conduire à la terrifiante guerre d’indépendance de l’Algérie, qu’une délégation de pouvoir dans des nations “factices” dont il était parfaitement clair qu’à l’heure où on leur concéda ces indépendances, elles n’étaient tout simplement pas prêtes, et qu’elles ne le seront donc jamais, prises qu’elles seront dans des épreuves innombrables, ce qui va les condamner à une dépendance de fait et sans recours.
Ce simulacre d’indépendance avait en réalité pour objet inavouable, tout d’abord d’éloigner après l’alerte algérienne, les masses africaines qui par le jeu de la démocratie et selon le principe de l’égalité des droits, auraient bien fini par investir les lieux du véritable pouvoir qui sont demeuré depuis cette époque, le palais de l’Elysée et le Quai d’Orsay.
D’autre part, cette situation dégageait la métropole d’avoir a assurer sa charge pour le développement et la mise en valeur des territoires, tout en lui réservant un accès privilégié pour l’exploitation des ressources de la part de gouvernements désireux de voir celles-ci promptement exploitées, afin de pouvoir assurer leurs obligations…
Les Africains qui en veulent tant à leur chefs d’état, manquent de comprendre que la première marche d’un lointain parcours gouvernemental a été manquée dès le départ, et que ces gens ayant hérité de cette situation, font ce qu’ils peuvent, c’est-à-dire pas beaucoup…
Le deuxième point important qu’il importe encore davantage aux Africains de bien en prendre conscience, c’est que l’indépendance, telle qu’ils ont cru l’avoir où telle qu’ils rêvent encore aujourd’hui de l’avoir, ils ne l’auront jamais, parce que dans notre monde globalisé, cela n’existe plus et n’a même plus aucun sens…
Qu’il soit bien entendu une bonne fois, qu’il n’existe absolument plus aucune nation indépendante sur la surface de notre Terre, pas même le Vanuatu ou les Iles Salomon, perdus dans le Pacifique, faisant face aux conséquences d’un réchauffement climatique provoqué par d’autres, et dont le règlement ne peut procéder que d’une concertation planétaire.
Il n’existe plus sur cette Terre, que des nations totalement interdépendantes qui ont absolument besoin les unes des autres, parce que les économies modernes ne sauraient se satisfaire des ressources physiques ou intellectuelles propres à chacune, ni des débouchés de leur seul marché intérieur, et toute la difficulté pour chacune est de tenter d’obtenir le plus d’avantage possible de ses relations forcées avec les autres…
Cette notion de l’interdépendance totale des nations de ce monde ouvert et globalisé, est celle qui est le plus fréquemment absente de la réflexion politique de nombreux Africains qui, dans leur haine des occidentaux, rêvent de ne plus rien avoir à faire avec eux et même de les envoyer carrément promener, sans parler de tous les cinglés qui pensent pouvoir même les affronter, et qui partant de là, s’insurgent de voir que leurs dirigeants ne le font pas. Ceci, parce que leur manque total de contact avec la réalité des choses ne leur permet pas de comprendre que c’est tout simplement impossible, et que cela n’a même plus de sens…
En effet, si les nations de l’occident, principalement la France, la Grande Bretagne et les Etats-Unis d’Amérique, ont à ce point outrageusement dominé le monde grâce à leurs puissantes armées, ils y a déjà quelques temps qu’elles se sont dotées d’un instrument de domination encore plus redoutable, l’arme financière qui se joue des frontières qu’elle franchi  à la vitesse de la lumière, ce qui ne permet à aucun pays de se mettre à l’abri derrière celles-ci.
Envoyer paitre les occidentaux, alors qu’ils ont déjà investi, outre la place financière, tous les espaces économiques et commerciaux de leur nation, en plus des espaces techniques et parfois même politiques, tel est le rêve fou de certains Africains qui ne comprennent pas que tenter de se dégager de la relation obligée, c’est se condamner à la subir…
En effet, s’étant substitué à la livre sterling qui a assuré cette fonction jusqu’à la deuxième guerre mondiale, le dollar américain est devenu corrélativement aux accords de Brettons Woods qui l’établissait comme étalon équivalent à de l’or (Gold exchange standard), de très loin la première monnaie de réserve du monde, pour n’en céder un peu que depuis l’apparition de l’Euro…
A ce jour le dollar représente encore 60% des réserves de change du monde entier, et l’Euro environ 30% de celles-ci, de sorte que ces deux monnaies occidentales représentent à elle seules près de 90% des réserves de change mondiales, ce qui est totalement ahurissant, pour n’abandonner que quelques 6% pour le Yen, et 2,8% pour la livre sterling...!
Cette situation traduit la domination financière elle aussi outrancière des occidentaux sur le reste du monde, puisqu’ils sont les principaux investisseurs partout dans ce monde, en Europe et aux Amériques bien sûr, mais également en Afrique et en Asie et particulièrement il faut le noter, dans les cinq nations du Brics y compris la Chine…
C’est ainsi que si on peut se réjouir de constater que se trouvent en Afrique, dix des vingt nations qui possèdent les taux de croissance les plus élevés au monde, il ne faut pas manquer de remarquer que dans le même temps, au bout de dix années d’une croissance exceptionnelle de ce continent, il ne participe pour autant qu’a hauteur de 4,5% seulement de la production mondiale brute, qu’à 2% du commerce mondial, et surtout, qu’à hauteur de 1% seulement des produits manufacturés…
Il faut alors bien comprendre que si ces chiffres flatteurs ont peu d’influence sur le développement effectif du continent, puisqu’ils n’impliquent pas le développement de tout un tissus industriel assurant en celui-ci la production de produits manufacturés, c’est parce qu’ils traduisent en réalité l’activité des entreprises occidentales qui exploitent les ressources brutes du continent, ou d’entreprises africaines financées par des banques occidentales, et l’activité des entreprises chinoises, 2500, implantées sur le continent pour réaliser les équipements que financent les Chinois.
Ceci signifie clairement que la forte croissance actuelle en Afrique est due à l’activité d’entreprises occidentales ou chinoises, ou aux investissements occidentaux dans l’économie africaine, et que par le fait ce sont les Occidentaux et les Chinois qui en sont les premiers bénéficiaires, d’autant que la classe moyenne africaine qui se développe malgré tout à cette occasion, est condamnée à se procurer auprès d’eux les produits manufacturés qui ne sont toujours pas produits en Afrique, et qui risquent de ne pas l’être avant longtemps.
En effet, en ne confondant pas les aides au développement que les Chinois accordent d’autant plus généreusement aux nations africaines que ces aides sont “liées” et que ce sont leurs entreprises qui réalisent les projets que ces aides financent, avec ce qui serait de réels investissements dans des entreprises, il est remarquable que les Chinois investissent peu en Afrique, et qu’ils sont de ce point de vue à la quatrième place, derrière les Français qui sont les premiers investisseurs, et comme par hasard, les Américains, et les Britanniques.
Il s’est ainsi conclu tacitement un nouveau “Berlin” entre Occidentaux et Chinois pour un partage économique cette fois, de l’Afrique, et selon lequel les investissements avec l’exploitation des ressources africaines qui leur sont liés, sont occidentaux, et les prêts publics d’état à état sont chinois, avec toute la charge des travaux que cela implique. Ceci de telle sorte que, du fait de la puissance financière des Occidentaux qui leur permet tout à la fois de créer des entreprises, ou de prendre possession de celles qui existent même s’ils ne les ont pas créées, les Africains n’auront jamais l’occasion de développer eux-mêmes les entreprises leur permettant d’exploiter par eux-mêmes leur ressources, et combien même y parviendraient-ils, que les prédateurs financiers qui disposent d’énormes moyens, ne manqueraient pas de se les approprier. D’autre part, du fait que les aides au développement que leur apportent les Chinois, sont liées, ils n’auront pas davantage l’occasion de développer les entreprises de réalisation de leurs propres équipements…
Il est manifeste ainsi que pour autant que l’Afrique devient de plus en plus productive, les Africains n’en sont guère pour autant plus riches, d’où le sentiment qu’ils se font “piller” de leurs ressources, terme excessif et inadapté dès lors qu’il s’agit d’entreprises qui exploitent ces ressources selon des concessions qui leur sont accordées par les gouvernements.
Dans ces conditions, celui qui semble avoir compris la marche à suivre pour faire face au verrouillage que constitue le système financier, c’est ce monsieur Idriss Deby Into. Car, au contraire de tous ceux qui clament qu’il faudrait sortir du système CFA en claquant la porte, parce qu’ils pensent naïvement qu’il peut se trouver hors de cette zone, un espace financier sur cette Terre, protégé par on ne sait quoi, qui ne tomberait pas tôt ou tard et d’une façon ou d’une autre, sous le contrôle des occidentaux, propose aux Africains de demeurer dans cette zone, mais de la faire leur. Ceci, au moyen d’une banque africaine pour héberger les comptes d’opérations et par une négociation avec la puissance tutélaire qui s’annonce serrée, mais qui peut aboutir en faisant apparaitre un avantage pour celle-ci, et étant entendu que l’épreuve de force dont rêvent certains serait suicidaire…
Ce qui est amusant à ce sujet, c’est de voir que les partisans de la méthode radicale qui profitent confortablement des réseaux sociaux pour faire toute leur propagande, manquent semble-t-il d’être informés du fait que le système complexe qu’ils utilisent, qu’il s’agisse des deux câbles sous-marins, l’ACE ou le WACS, du système satellitaire africain Rascom, ou de Eutelsat qui assure 50% du marché africain, ou encore du réseau téléphonique, est entièrement placé sous le contrôle d’un consortium d’entreprises sur lesquelles les états n’exercent aucune autorité. Or, au sein de ce consortium, les puissants groupes industriels et financiers de la puissance tutélaire qu’ils se voient affronter s’ils parvenaient au pouvoir, tels que les sociétés Orange, Alcatel, ou encore Thalès, s’y trouvent en position dominante. Ceci pour dire toute la fragilité d’un pouvoir qu’ils pensent solidement posséder à l’aide de leur clavier… 
Il y a ainsi beaucoup d’Africains qui, n’ayant jamais constaté que nous étions dans un monde globalisé, n’ont pas la moindre conscience de toutes les mesures de rétorsion terribles, techniques, économiques, commerciales, financières, et même alimentaires, dont disposent contre eux, ceux qu’ils envisagent imprudemment d’affronter et qui pourraient par exemple priver des nations entières de tout accès au web, et qui n’ont désormais plus besoin comme par le passé de procéder à quelque intervention directe chez eux. Mais les chefs d’état africains eux, sont placés pour le savoir, et comme leur objet n’est pas de séduire les foules par des discours enflammés du haut de tribunes pour recevoir des applaudissements, ils ne tentent pas de rouler des mécaniques, ils savent que quant on n’est pas le plus fort, il faut être le plus talentueux sur le tapis vert des négociations…       
       

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